Le rire est le meilleur remède, contre tout, même les choses qui ne se prêtent à première vue pas à l’humour. Alors qu’on attend avec impatience un peu plus de dérision dans ces temps de confinement à rallonge – de la vraie dérision, pas ces encouragements d’endurance et autres témoignages de solidarité en pleine crise – , on n’aurait pas vraiment misé sur le sujet délicat et même douloureux de la maladie d’Alzheimer pour nous remonter le moral.
Contre toute attente, La Finale y est parvenu ! Le premier film de Robin Sykes, encore disponible pendant peu de temps sur le replay d’OCS, n’est certes qu’une petite comédie populaire française, sans autre ambition que de divertir. Mais derrière l’histoire rocambolesque d’un jeune, abandonné à lui-même pour s’occuper de son grand-père sénile tout en poursuivant son rêve de devenir un basketteur professionnel, se cache un récit mené sous le signe d’une sensiblerie désarmante.
La maladie d’Alzheimer n’est hélas plus un secret pour personne, bien que ce type de pathologie au long cours cruel ne mobilise pas les foules et les fonds de recherche comme le font des épidémies à l’impact plus ponctuel. Grâce à quelques ambassadeurs involontaires de cette perte de mémoire irréversible comme l’ancien président Jacques Chirac, que l’on ne voit sans doute pas par hasard avec insistance lors de la transmission d’un match de foot mémorable, on sait à peu près quel lourd tribut elle demande aux malades, ainsi qu’à leur entourage, désemparé face à la lente disparition mentale de l’être aimé.
Soyons clairs, il n’y a strictement rien d’amusant dans cette épreuve qui nous touchera tous un jour, de loin ou de près. Et pourtant, La Finale réussit à en tenir compte avec une bienveillance incommensurable, puisque l’intrigue se met au rythme des errements décousus du grand-père. Grâce à cette absence de commisération larmoyante, on serait presque prêt à lui pardonner par la même occasion une complaisance un peu plus discutable à l’égard des préjugés racistes de ce vieux chef de famille, qui remontent à la surface dès qu’il se trouve en face d’un personnage issu d’une minorité.
Or, la finalité principale du film est quand même de divertir. Et il y parvient avec une aisance plus que respectable. Les dispositifs narratifs ne se distinguent alors pas par leur originalité. La mise en scène vigoureuse de Robin Sykes permet cependant d’éviter les pires écueils inhérents à des dispositifs fort conventionnels comme la course contre la montre, en faisant le tour de la France en train, en car, en panier à salade et en voiture, ou bien de petites pauses plus introspectives, lorsque de bons et de mauvais souvenirs se rappellent à la mémoire chancelante de Roland, anciennement un patron de bistrot des plus sociables.
De même, un maniement peu sérieux du code de la route, avec de surcroît une piste de suspense jamais explorée jusqu’au bout – le feu rouge grillé dans Paris – , tout comme une publicité à peine larvée pour la malbouffe font partie des aspects moins glorieux du film. Celui-ci ne ferme par contre pas non plus les yeux sur quelques effets pervers du handicap, qui ne font en l’occurrence pas du tout la promotion de l’honnêteté des commerçants marseillais …
Enfin, ce sont les interprétations qui ont tendance à porter sur la durée un film pas si gentiment inoffensif que La Finale. Le cœur sentimental du film bat naturellement du côté de Thierry Lhermitte dans un beau rôle de vieillesse, laissant savamment planer le doute sur les véritables dégâts neurologiques dans la tête de ce pépé fédérateur malgré lui. Quant à Rayane Bensetti, il est de toute évidence trop âgé pour interpréter de façon crédible un adolescent encore contraint de prendre le volant en conduite supervisée. Néanmoins, son charme indéniable permet tant soit peu d’amortir ce décalage préjudiciable d’au moins cinq ans.