Viva la libertà

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Viva la liberta afficheViva la libertà

Italie : 2013
Titre original : –
Réalisateur : Roberto Ando
Scénario : Roberto Ando, Angelo Pasquini
Acteurs : Toni Servillo, Valerio Mastandrea, Valeria Bruni Tedeschi
Distribution : Bellissima Films
Durée : 1h34
Genre : Comédié
Date de sortie : 05 février 2014

Note : 3/5

Roberto Ando, né à Palerme le 11 janvier 1959, écrivain, scénariste, cinéaste, metteur en scène de théâtre et d’opéra : en résumé, un véritable homme protée. Avec Viva La Libertà, son 5ème long métrage, c’est son propre roman « Il Trono vuoto » (Le trône vide) qu’il porte à l’écran. Un film qui lui a permis de récolter deux prix aux David Di Donatello, l’équivalent des Oscars et des Césars en Italie, ainsi que de nombreuses autres récompenses.

Synopsis : Enrico Oliveri, secrétaire général du parti de l’opposition est inquiet : les sondages le donnent perdant. Un soir, il disparaît brusquement laissant une note laconique. C’est la panique au sein du parti, tout le monde s’interroge pour essayer de comprendre les raisons de sa fuite pendant que son conseiller Andrea Bottini et sa femme Anna se creusent la tête pour trouver une solution. C’est Anna qui évoque en premier le nom du frère jumeau du secrétaire général, Giovanni Ernani, un philosophe de génie, atteint de dépression bipolaire. Andrea décide de le rencontrer et élabore un plan dangereux…

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Le politicien et son jumeau

Enrico Oliveri est le secrétaire général du principal parti de l’opposition, un parti qui se situe au centre-gauche dans l’échiquier politique. Les sondages ne sont pas bons, il est de plus en plus contesté dans son propre parti, tout cela affecte son moral, au point, qu’un jour, il décide de disparaître en ne laissant comme seule trace qu’un billet laconique. Direction Paris, chez Danielle, une ancienne compagne qu’il avait rencontrée jadis au Festival de Cannes, et son mari, Mung, un cinéaste français qu’il admire beaucoup. Pour lui, tout va beaucoup mieux. Il accompagne Danielle sur le tournage d’un film dans lequel elle est scripte et il arrive à se faire embaucher comme assistant-machiniste. Oubliées les responsabilités écrasantes, une protagoniste du film qui tombe sous son charme, la belle vie ! Par contre, en Italie, dans son parti, flotte un vent de panique. Où est-il ? Pourquoi est-il parti ? Que faire ? Une idée germe chez Anna, la femme d’Enrico, et Andrea Bottini, son bras droit : remplacer Enrico Oliveri par Giovani Ernani, son frère jumeau. Certes, ce dernier, écrivain et philosophe réputé, souffre de dépression bipolaire et sort tout juste d’un asile psychiatrique, mais il est à même de faire illusion. Et nous voici partis avec un Secrétaire général devenu comme par miracle un orateur spontané et captivant qui renverse la situation en parlant sans langue de bois !

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Ambiguë ?

Il est probablement nécessaire d’évacuer le plus vite possible un gros problème que pose le film. Dans ses interviews, Roberto Ando insiste sur le côté réaliste de son film, tout en reconnaissant qu’il est à l’extrême limite entre film réaliste et fable. Enrico Oliveri est le secrétaire général du principal parti de l’opposition. Il a un frère jumeau, lui-même personnalité très connue et qui, en plus, est atteint de troubles psychologiques graves. On ne peut s’empêcher de penser que, grâce à l’équivalent italien de Closer, toute l’Italie est forcément au courant de cette situation. Dans ce contexte, il est impossible de croire une seconde que l’échange de jumeau puisse se faire aussi facilement. Voilà, c’est dit, on passe à autre chose. Par exemple, le fait qu’on retrouve avec un certain plaisir les charmes de la comédie italienne baignant dans la satire politique. Il faut dire que, de l’autre côté des Alpes, la matière ne manque pas, la vie politique y étant, depuis des années, encore plus rock’n’roll que la notre, avec BerlusconiBeppe Grillo et une situation perpétuellement instable. Prise au premier degré, la métamorphose soudaine du Chef de parti, passant d’un discours au ton convenu à une parole libérée est forcément réjouissante. Mais qu’en est-il au 2ème degré ? Le monde politique est déjà tellement décrié, parfois pour de bonnes raisons, qu’on se demande s’il n’est pas dangereux d’en rajouter et de laisser planer une véritable ambiguïté comme quoi les hommes politiques, coupés du réel ou carrément incompétents, sont devenus incapables de motiver les foules alors qu’il suffit à Giovani Ernani, le frère jumeau, d’aligner des discours brillants pour remonter fissa dans les sondages. Laisser croire que de tels discours et des promesses qui n’engagent que ceux qui les croient ont plus d’importance que de véritables actes politiques ne revient-il pas à entrouvrir la porte à des formes de populisme pas forcément sympathiques ? Tout en restant dubitatif, on accordera le bénéfice du doute au réalisateur en donnant une autre explication au discours du film : la mise en parallèle de la situation du cinéma italien avec la vie politique du pays, et un espoir dans ce qu’apporterait le changement, un changement que le peuple lui-même prendrait en main.

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Un acteur au sommet de son art

Quoique l’on puisse penser deViva La Libertà, une certitude s’impose : le film doit énormément à la double prestation de Toni Servillo, tout aussi magistral en politicien usé redécouvrant la vraie vie qu’en bateleur sympathique, à mi chemin entre folie et génie de l’art oratoire. Auprès de ce comédien qui a pris une importance énorme dans le cinéma italien contemporain, on retrouve Valerio Mastandrea qui joue le rôle d’Andrea Bottini et Valeria Bruni Tedeschi dans celui de Danielle, son ancienne compagne. Une autre certitude : la qualité de la photo, le responsable étant Maurizio Calvesi. Quant à la musique, il est fait appel à l’ouverture de « La Force du Destin » de Verdi ainsi qu’à « Bocca Di Rosa », chanson de Fabrizio De Andrè interprétée ici par Valeria Bruni Tedeschi et Toni Servillo.

 

Résumé

Viva La Libertà fait partie de ces films dont le sujet est particulièrement intéressant mais qui laissent le spectateur quelque peu sur sa faim. Sa faiblesse principale vient de ce que le réalisateur a laissé trop de place à un réalisme qui ne supporte pas la pirouette scénaristique qui, certes, donne tout son sel à ce film mais s’avère inconciliable avec le monde réel. Orienter davantage le film vers un côté fable, voire farce, aurait permis en plus d’éliminer l’ambiguïté qu’on ne peut s’empêcher de regretter dans le propos du film. Cela étant, le film mérite d’être vu, ne serait ce que grâce à la prestation incomparable de Toni Servillo.

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