La 81ème édition du Festival de Venise s’est terminée avant-hier soir avec l’annonce de son palmarès. Sous la présidence de l’actrice française Isabelle Huppert, le jury a procédé au sacre d’une icône du cinéma mondial, le réalisateur espagnol Pedro Almodóvar, qui décroche sa première récompense suprême dans l’un des trois grands festivals européens grâce à son premier long-métrage anglophone. Le jury était composé des cinéastes américain James Gray (Armageddon Time), anglais Andrew Haigh (Sans jamais nous connaître), polonaise Agnieszka Holland (Green Border), brésilien Kleber Mendonça Filho (Portraits fantômes), mauritanien Abderrahmane Sissako (Black Tea), italien Giuseppe Tornatore (Ennio) et allemande Julia von Heinz (Et demain le monde entier), ainsi que de l’actrice chinoise Zhang Ziyi (Godzilla II Roi des monstres).
De mauvaises langues diraient qu’il en avait marre d’attendre que le Festival de Cannes lui accorde enfin sa Palme d’or. Toujours est-il qu’après six sélections en compétition du côté de la Croisette, de Tout sur ma mère en 1999 à Douleur et gloire vingt ans plus tard, quoique sans jamais y rencontrer le plus haut degré de consécration, Pedro Almodóvar semble avoir pris ses quartiers au Lido vénitien. Sa deuxième participation à la compétition, trois ans après Madres paralelas et cinq ans après un Lion d’or honorifique, aura donc été la bonne. The Room Next Door est la première production espagnole honorée de la sorte, même s’il s’agit d’un film en anglais. Ainsi, le vénézuélien Les Amants de Caracas de Lorenzo Vigas en 2015 et le mexicain Roma de Alfonso Cuaron en 2018 demeurent les deux seuls Lions d’or hispanophones.
Pedro Almodóvar rejoint le cercle aussi exclusif que prestigieux des lauréats du Lion d’or au Festival de Venise, qui avaient déjà un Oscar à leur actif au moment de leur plébiscite italien. Il était composé jusque là de Neil Jordan (Oscar du Meilleur scénario original en 1993 pour The Crying Game et Lion d’or trois ans plus tard pour Michael Collins), Ang Lee (Oscar du Meilleur réalisateur en 2006 pour Le Secret de Brokeback Mountain – Lion d’or quelques mois plus tôt – et deuxième Lion d’or pour Lust Caution deux ans plus tard), Sofia Coppola (Oscar du Meilleur scénario original en 2004 pour Lost in Translation, suivi du Lion d’or en 2010 pour Somewhere), Alfonso Cuaron (Oscars du Meilleur réalisateur et du Meilleur montage en 2014 pour Gravity, Lion d’or quatre ans plus tard pour Roma) et Laura Poitras (Oscar du Meilleur documentaire en 2015 pour Citizenfour et Lion d’or en 2022 pour Toute la beauté et le sang versé). Pour rappel, Pedro Almodóvar avait gagné son Oscar personnel en 2003 pour le scénario original de Parle avec elle.
Elle aussi appartient depuis longtemps aux artistes vénérés par Hollywood, comme le prouve son Oscar de la Meilleure actrice en 2003 pour The Hours. Empêchée par ailleurs d’assister à la cérémonie de remise de prix par le décès de sa mère, Nicole Kidman rejoint la liste exclusive des lauréates de la Coupe Volpi précédée d’un Oscar sur laquelle figurent depuis le début du siècle Cate Blanchett (Oscar pour Aviator avant la Coupe pour I’m Not There / Oscar pour Blue Jasmine avant la Coupe pour Tár) et Penélope Cruz (Oscar pour Vicky Cristina Barcelona avant la Coupe pour Madres paralelas).
Enfin, du côté masculin, Vincent Lindon n’a certes pas la renommée internationale de sa consœur. Petit à petit, il engrange pourtant les prix d’interprétation des plus importants festivals européens. Après son trophée à Cannes en 2015 pour La Loi du marché qui lui avait également valu son premier César l’année suivante, le voici récompensé à Venise. Depuis le début du siècle, il n’est que le deuxième comédien français honoré de la sorte après Fabrice Luchini en 2015 pour L’Hermine. De plus de quarante ans plus jeune que Lindon, Paul Kircher commence néanmoins à se faire déjà un nom sur la scène nationale, grâce à ses deux nominations au César du Meilleur espoir masculin pour Le Lycéen et Le Règne animal, et dès à présent sur l’internationale par voie de son prix Marcello Mastroianni pour Leurs enfants après eux.
Lion d’or : The Room Next Door (Espagne) de Pedro Almodóvar, sans date de sortie en France
Grand Prix : Vermiglio ou La Mariée des montagnes (Italie) de Maura Delpero, sortie française prévue le 19 mars 2025
Lion d’argent du Meilleur réalisateur : Brady Corbet pour The Brutalist (États-Unis), sans date de sortie en France
Coupe Volpi de la Meilleure actrice : Nicole Kidman dans Babygirl, sans date de sortie en France
Coupe Volpi du Meilleur acteur : Vincent Lindon dans Jouer avec le feu, sortie française prévue le 22 janvier 2025
Prix du Meilleur scénario : I’m Still Here (Brésil) par Murilo Hauser et Heitor Lorega, sortie française prévue le 15 janvier 2025
Prix spécial du jury : April (Géorgie) de Dea Kulumbegashvili, sortie française prévue le 16 avril 2025
Prix Marcello Mastroianni du Meilleur jeune acteur : Paul Kircher dans Leurs enfants après eux, sortie française le 4 décembre
Lion du futur Prix Luigi De Laurentiis du Meilleur premier film : Familiar Touch (États-Unis) de Sarah Friedland, sans date de sortie en France
Prix Orizzonti du Meilleur Film : The New Year That Never Came (Roumanie) de Bogdan Muresanu, sortie française prévue en mars 2025
Prix Orizzonti de la Meilleure réalisatrice : Sarah Friedland pour Familiar Touch (États-Unis), sans date de sortie en France
Prix Spécial du jury Orizzonti : One of Those Days When Hemme Dies (Turquie) de Murat Firatoglu, sans date de sortie en France
Prix Orizzonti de la Meilleure actrice : Kathleen Chalfant dans Familiar Touch, sans date de sortie en France
Prix Orizzonti du Meilleur acteur : Francesco Gheghi dans Familia, sans date de sortie en France
Prix Orizzonti du Meilleur scénario : Happy Holidays (Palestine) par Scandar Copti, sans date de sortie en France
Prix Orizzonti du Meilleur court-métrage : Who Loves the Sun (Canada) de Arshia Shakiba