Venise 2021 : le jury et Pedro Almodovar en ouverture

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Madres paralelas © 2021 El Deseo Tous droits réservés

Même en plein été, aucun répit pour l’actualité des festivals ! Alors que la 74ème édition de celui de Cannes s’est terminé samedi dernier, la Biennale italienne se met d’ores et déjà en ordre de marche cinématographique. Passé en quelque sorte entre les gouttes de la pandémie du coronavirus en 2020, le Festival de Venise devrait en effet se tenir à la fin de l’été, du mercredi 1er au samedi 11 septembre. Alors que l’on devrait découvrir dès lundi prochain la sélection officielle, d’autres détails sur la 78ème édition du plus ancien des grands festivals européens ont été annoncés à un rythme quotidien depuis le début de la semaine.

Ainsi, on connaît depuis avant-hier le nom du film d’ouverture. Il s’agit du 22ème long-métrage de Pedro Almodovar, Madres paralelas, qui succédera donc à Lacci de Daniele Luchetti. Ce drame sur deux femmes enceintes interprétées par Penelope Cruz et Milena Smit, qui vont se rencontrer à l’hôpital la nuit de leur accouchement, sera présenté en compétition.

Plutôt un habitué de la Croisette ces dernières années, le réalisateur espagnol entretient de même un lien fort avec le Lido vénitien. Pas plus tard que l’année dernière, il y avait présenté son court-métrage La Voix humaine avec Tilda Swinton hors compétition. Et en 2019, il avait obtenu un Lion d’or honorifique pour l’ensemble de son œuvre. Sa carrière internationale y avait pris son envol plus de trente ans plus tôt, grâce au prix du Meilleur scénario remporté par Femmes au bord de la crise de nerfs en 1988, son seul film sélectionné en compétition à Venise jusque-là.

Hier, c’était au tour de l’affiche officielle d’être dévoilée. Pour la quatrième année de suite, le motif a été créé par l’illustrateur italien Lorenzo Mattotti, qui signe également responsable du pré-générique du festival. Après une longue et illustre carrière en tant que dessinateur, Mattotti avait fait la transition vers le long-métrage d’animation en 2019 par le biais de La Fameuse invasion des ours en Sicile, sélectionné à Un certain regard au Festival de Cannes.

Bong Joon-ho au Festival de Cannes avec Jodie Foster et Pedro Almodovar © 2021 Valery Hache / AFP / Festival de Cannes
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Enfin, on connaît depuis ce jour la composition du jury, qui décidera sous la présidence du réalisateur sud-coréen Bong Joon-ho (* 1969) du successeur au Lion d’or de l’année dernière, Nomadland de Chloé Zhao. Au cours des six mois depuis l’annonce en janvier dernier de sa nomination au poste prestigieux de président du jury, le réalisateur de Parasite n’a point chômé. Fin avril, il avait remis depuis Séoul l’Oscar de la Meilleure réalisatrice à Chloé Zhao. En mai, il a été annoncé que son prochain film sera un long-métrage d’animation. Et au début du mois, il a été de passage à Cannes, sur scène lors de la cérémonie d’ouverture aux côtés de Pedro Almodovar, puis pour une masterclass.

Son jury sera composé de quatre femmes et de deux hommes, à l’image de celui majoritairement féminin de Cannes dans lequel avaient siégé cinq femmes et trois hommes.


Le jury du 78ème Festival de Venise

Hungry Hearts © 2014 Christie Mullen / Wildside / Rai Cinema / Bac Films Tous droits réservés

Saverio Costanzo (* 1975)

Tout comme à Cannes il faut des membres français du jury et à Berlin des artistes allemands, la Biennale met un point d’honneur à défendre les couleurs nationales du cinéma italien. Cette tâche revient cette année au réalisateur Saverio Costanzo. A voir combien de prix il saura arracher à ses consœurs et confrères internationaux. Peut-être même le premier Lion d’or italien depuis Sacro GRA de Gianfranco Rosi en 2013 !

Après des débuts prometteurs en quatre films entre 2004 et 2014, Costanzo s’est détourné du cinéma et travaille désormais essentiellement pour la télévision, à travers des séries à succès comme l’adaptation italienne de « In Treatment » avec Sergio Castellitto et « L’Amie prodigieuse ». Auparavant, ses films ont été sélectionnés aux Festivals de Locarno (Private – Léopard d’or en 2004), de Berlin (In memoria di me – en compétition en 2007) et bien sûr de Venise (La Solitude des nombres premiers – en compétition en 2010 / Hungry Hearts – double prix d’interprétation à Alba Rohrwacher et Adam Driver en 2014).


Benedetta © 2021 Guy Ferrandis / SBS Productions / France 2 Cinéma / Pathé Films Tous droits réservés

Virginie Efira (* 1977)

Bong Joon-ho et Pedro Almodovar ne sont pas les seuls à enchaîner les festivals majeurs en l’espace de deux mois. L’actrice belge Virginie Efira y est au moins aussi omniprésente qu’eux. Car même si son film Benedetta de Paul Verhoeven n’a pas su charmer le jury cannois sous la présidence de Spike Lee, Efira n’a jamais cessé de mettre en émois la Croisette depuis sa première montée des marches pour Elle du même réalisateur en 2016. La même année, elle avait fait forte impression du côté de la Semaine de la Critique grâce à Victoria de Justine Triet. Entre-temps, son abonnement cannois a été renouvelé à l’occasion de Le Grand bain de Gilles Lellouche, hors compétition en 2018, et de Sibyl de Justine Triet toujours, en compétition en 2019.

Après des débuts au cinéma dans des comédies plus ou moins consistantes, comme par exemple 20 ans d’écart de David Moreau et Caprice de Emmanuel Mouret, Virginie Efira s’est montrée plus exigeante ces dernières années dans le choix de ses rôles. Ses interprétations chez Catherine Corsini (Un amour impossible), Joachim Lafosse (Continuer), Anne Fontaine (Police) et Albert Dupontel (Adieu les cons) lui ont alors assuré une place de choix parmi les actrices francophones de premier ordre. D’ici la fin de l’année, elle sera encore à l’affiche dans Lui de Guillaume Canet et dans Madeleine Collins de Antoine Barraud. Jusqu’à présent, elle a été nommée à quatre reprises aux César, comme Meilleure actrice dans Victoria, Un amour impossible et Adieu les cons et comme Meilleure actrice dans un second rôle dans Le Grand bain.


Chaos Walking © 2021 Murray Close / 3 Arts Entertainment / Allison Shearmur Productions / Bron Studios /
Lionsgate Productions / Metropolitan Filmexport Tous droits réservés

Cynthia Erivo (* 1987)

Ce que Mylène Farmer était récemment dans le jury de Cannes, la chanteuse et actrice anglaise Cynthia Erivo le sera dans celui de Venise, à savoir une ambassadrice du monde artistique de la musique. Pourtant, elle dispose d’une filmographie légèrement plus abondante que sa consœur canadienne. Surtout présente sur scène, comme le prouve son Tony pour l’adaptation théâtrale de La Couleur pourpre en 2016, Erivo n’a pour l’instant participé qu’à quatre films et à peine plus de séries.

Alors qu’elle tient principalement des seconds rôles dans Sale temps à l’hôtel El Royale de Drew Goddard et Les Veuves de Steve McQueen, ainsi que dans l’aventure de science-fiction Chaos Walking de Doug Liman, à découvrir d’ici quelques jours en achat digital et à la rentrée en vidéo, Cynthia Erivo livre une première interprétation marquante sur grand écran dans l’épopée historique Harriet de Kasi Lemmons. La biographie filmique de l’activiste Harriet Tubman lui a valu une double nomination aux Oscars en 2020 comme Meilleure actrice et pour la Meilleure chanson originale.


True Detective © 2019 Anonymous Content / HBO Entertainment / OCS Tous droits réservés

Sarah Gadon (* 1987)

En plus de vingt ans de carrière à la télévision et également au cinéma, cette actrice canadienne s’est plutôt discrètement imposée sur la scène du divertissement international. Ne serait-ce que ces dernières années, son éclectisme s’étend de productions canadiennes confidentielles comme La Reine garçon de Mika Kaurismäki et Le Déserteur de Maxime Giroux jusqu’à la sortie Netflix Des vampires dans le Bronx de Oz Rodriguez, en passant par la troisième saison de la série à succès « True Detective » aux côtés de Mahershala Ali. Il y a une dizaine d’années, elle avait collaboré à trois reprises avec son compatriote David Cronenberg dans A Dangerous Method, en compétition à Venise en 2011, Cosmopolis et Maps to the Stars.

Parmi ses autres collaborateurs prestigieux, on peut citer Jim Sheridan (Dream House), Denis Villeneuve (Enemy), Marc Webb (The Amazing Spider-man Le Destin d’un héros), James Schamus (Indignation), Alexandre Aja (La 9ème vie de Louis Drax) et Xavier Dolan (Ma vie avec John F. Donovan).


L’Affaire Collective © 2020 Alexander Nanau Productions / Sama Film / HBO Europe / Dulac Distribution Tous droits réservés

Alexander Nanau (* 1979)

Être appelé à participer au jury d’un des trois principaux festivals en Europe, cela peut aussi être un signe de reconnaissance de la pertinence du travail récent fourni par un cinéaste. On se trouve dans ce cas de figure avec le réalisateur roumain Alexander Nanau dont le documentaire L’Affaire Collective avait enthousiasmé les critiques et le public depuis sa présentation hors compétition à Venise il y a deux ans. Et pour celles et ceux qui avaient peur que ce brûlot percutant ne sorte plus sur les écrans français : soyez rassurés, sa sortie est finalement prévue pour le 15 septembre prochain. Ce sera alors le deuxième documentaire de Alexander Nanau à sortir chez nous, cinq ans après Toto et ses sœurs sur une fratrie qui se débrouille tant bien que mal pendant que la mère est en prison.

Quant à L’Affaire Collective, il a été nommé deux fois aux Oscars, comme Meilleur Film international et Meilleur documentaire. Il a en outre gagné le European Film Award du Meilleur documentaire et le prix du Meilleur Film étranger de la National Society of Film Critics. En tant que chef opérateur, Alexander Nanau a également travaillé sur le documentaire Nothingwood de Sonia Kronlund, sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes en 2017.


Chloé Zhao et Frances McDormand sur le tournage de Nomadland © 2020 Cor Cordium Productions / Hear Say Productions /
Highwayman Films / Searchlight Pictures / The Walt Disney Company France Tous droits réservés

Chloé Zhao (* 1982)

Ni Bong Joon-ho, ni Chloé Zhao ne nous paraissent être des personnes animées par une rivalité mesquine. Il n’empêche qu’en termes de prestige, la réalisatrice chinoise est au moins à niveau égal avec son confrère sud-coréen. Car là où Parasite avait gagné la Palme d’or et une poignée d’Oscars, Nomadland s’était donc imposé au dernier Festival de Venise, avant de décrocher trois des récompenses suprêmes du cinéma hollywoodien. En somme, cela nous surprend quand même un peu de voir Zhao invitée au simple poste de jurée parmi d’autres, alors qu’elle dispose du cachet nécessaire pour diriger elle-même un jour l’un des jurys à Cannes, Berlin ou Venise !

La trajectoire de sa carrière est en effet plutôt fulgurante. Jugez-en par vous-mêmes : après un succès d’estime avec son premier film Les Chansons que mes frères m’ont apprises, projeté à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes en 2015, Zhao s’était imposée dès son deuxième film The Rider, toujours à la Quinzaine deux ans plus tard et couronné par la suite du Grand Prix du Festival de Deauville, ainsi que du prix du Meilleur Film de la National Society of Film Critics. Tandis que Nomadland lui a procuré définitivement la consécration artistique, son prochain film Les Éternels devrait lui assurer le sacre commercial qui va jusqu’à présent de pair avec chaque nouvelle sortie de l’univers Marvel. Verdict sur les écrans français dès le 3 novembre prochain …

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