Lauréat du Lion d’or l’an dernier lors de la 74ème édition du Festival de Venise pour La Forme de l’eau (en salles ce mercredi 21 février), Guillermo del Toro choisira lui-même son successeur ! Il a été désigné président du jury de la 75ème Mostra qui se déroulera du 29 août au 8 septembre prochain. Il succède notamment à Alexandre Desplat, le compositeur de son dernier film et à son compatriote et ami Alfonso Cuaron qui avaient occupé cette fonction en 2014 et 2015. La Forme de l’eau, favori des prochains Oscars où il est cité treize fois, a été primé par un jury présidé par la comédienne américaine Annette Benning.
Alberto Barbera, le directeur de la Mostra a ainsi salué le réalisateur mexicain : «Il incarne la générosité, la cinéphilie qui ne regarde pas seulement vers le passé, et une passion pour le cinéma qui suscite des émotions, touche les gens, et en même temps les fait réfléchir. Grâce à son imagination débordante, à sa sensibilité hors du commun et sa confiance dans le pouvoir des images, il a donné vie à un univers fantastique, dans lequel l’amour et la peur peuvent coexister, et chérir la diversité est une valeur fondamentale». Sans être un familier de Venise, Del Toro est également passé sur le Lido était membre du jury du prix Luigi de Laurentiis (meilleur premier film) en 2006. «Être président de la Mostra est un immense honneur et une responsabilité que j’accepte avec respect et gratitude. Venise est une fenêtre sur le cinéma mondial, et une opportunité pour célébrer sa force et son importance culturelle», a-t-il simplement déclaré.
Guillermo Del Toro n’est pas le seul ancien Lion d’or à passer de l’autre côté si vite. Le polonais Krzysztof Zanussi, Lion d’or en 1984, a primé Agnès Varda en 1985 pour Sans toit ni loi. Ang Lee a presque fait aussi bien. Double Lion d’or en 2005 pour Le Secret de Brokeback Mountain puis en 2007 pour Lust, Caution, il a présidé le jury deux ans après cette deuxième victoire et donc quatre après la première. Ce n’est «que» trois ans après The Wrestler (2008) que Darren Aronofsky a élu Faust d’Alexandre Sokourov. Le Lion d’or du plus grand écart entre la réception d’un Lion d’or et l’accession à la présidence du jury est attribué à Mario Monicelli, arrivé à ce poste en 2003, 44 ans après La Grande Guerre ! Peu d’autres personnalités ont réussi ce doublé étrangement. Les trois autres sont Michelangelo Antonioni, Lion en 1964 pour Le Désert rouge, président vingt ans plus tard) ; Wim Wenders (Lion en 1982 pour L’État des choses, président en 2008) et Zhang Yimou (Lions en 1992 pour Qiu Ju, une femme chinoise et en 1999 pour Pas un de moins ; président en 2007). Ce qui s’explique certainement par le fait que certains n’ont jamais trouvé le temps (ou n’ont eu l’envie) d’occuper cette fonction mais aussi par la période allant de 1969 à 1979 qui fut non compétitive.
