Venise 2017 : le jury

0
966

En attendant d’ici jeudi matin les titres retenus dans la sélection officielle, la 74ème édition du Festival de Venise a davantage pris forme avant-hier à travers l’annonce des membres du jury de la compétition. Ces derniers voteront sous la présidence de l’actrice américaine Annette Bening (*1958) pour les successeurs des lauréats de l’édition 2016, parmi lesquels avaient figuré La Femme qui est partie de Lav Diaz, La Région sauvage de Amat Escalante, actuellement à l’affiche en France, La la land de Damien Chazelle et Jackie de Pablo Larrain. La Biennale du cinéma se déroule cette année du 30 août au 9 septembre à Venise.

La renaissance la plus incroyable de l’année 2017 est jusqu’à présent celle de la réalisatrice hongroise Ildiko Enyedi (*1955). Récompensée d’une Caméra d’or au Festival de Cannes en 1989 pour son premier film Mon 20ème siècle, elle avait tourné quelques longs-métrages au cours des années ’90, comme Freischütz présenté en compétition au Festival de Venise en 1994, avant de disparaître complètement de la scène internationale du cinéma. Coup de théâtre près de vingt ans plus tard, grâce au magistral Corps et âme, qui sortira en France le 25 octobre prochain et qui lui avait valu surtout la récompense suprême du Festival de Berlin, où elle a décroché l’Ours d’or en février dernier. Depuis, elle a été invitée à rejoindre l’Académie du cinéma américain.

L’actrice anglaise Rebecca Hall (*1982) a fait l’essentiel de sa carrière aux Etats-Unis. Elle y a collaboré avec des réalisateurs aussi prestigieux que Christopher Nolan (Le Prestige), Woody Allen (Vicky Cristina Barcelona), Ron Howard (Frost / Nixon L’Heure de vérité), Nicole Holofcener (La Beauté du geste), Ben Affleck (The Town), Stephen Frears (Lady Vegas), Shane Black (Iron man 3), Antonio Campos (Christine) et Steven Spielberg (Le BGG Le Bon gros géant), ne retournant que sporadiquement sur le vieux continent entre autres pour Closed circuit de John Crowley et Une promesse de Patrice Leconte. Elle a été nommée au Golden Globe de la Meilleure actrice dans une comédie en 2009 pour Vicky Cristina Barcelona et au Screen Actors Guild Award du Meilleur ensemble la même année pour Frost / Nixon L’Heure de vérité.

L’actrice française Anna Mouglalis (*1978) a la fâcheuse tendance à se faire rare sur les écrans de son pays, alors qu’elle y a interprété depuis le début du siècle des rôles de femmes fortes et complexes dans une vingtaine de films. Après des débuts remarqués dans Terminale de Francis Girod, La Captive de Chantal Akerman, Merci pour le chocolat de Claude Chabrol, La Vie nouvelle de Philippe Grandrieux, Novo de Jean-Pierre Limosin, Léo en jouant Dans la compagnie des hommes de Arnaud Desplechin, En attendant le déluge de Damien Odoul et J’ai toujours rêvé d’être un gangster de Samuel Benchetrit, elle décroche son rôle le plus important dans Coco Chanel & Igor Stravinsky de Jan Kounen en 2009. Depuis, on a pu la voir dans Gainsbourg [Vie héroïque] de Joann Sfar, Mammuth de Benoît Delépine et Gustave Kervern, Chez Gino et Un voyage de Samuel Benchetrit, Photo de Carlos Saboga et La Jalousie de Philippe Garrel, présenté en compétition au Festival de Venise en 2013. Auprès du public italien, elle s’est fait connaître grâce à Romanzo criminale de Michele Placido et Leopardi Il giovane favoloso de Mario Martone.

L’actrice italienne Jasmine Trinca (*1981) peut se réjouir d’une filmographie tout aussi exigeante que celle de sa consœur française, sur une durée quasiment identique. Elle a principalement tourné en Italie, dans La Chambre du fils – Palme d’or au Festival de Cannes en 2001 – et Le Caïman de Nanni Moretti, Nos meilleures années de Marco Tullio Giordana, Romanzo criminale et Le Rêve italien de Michele Placido, Miele de Valeria Golino et Contes italiens des frères Taviani, bien qu’elle ait également participé à des productions françaises, comme Ultimatum de Alain Tasma, L’Apollonide Souvenirs de la maison close et Saint-Laurent de Bertrand Bonello et Une autre vie de Emmanuel Mouret, ainsi qu’au film américain Gunman de Pierre Morel. Au Festival de Venise, elle a gagné en 2009 le prix Marcello Mastroianni pour Le Rêve italien et à celui de Cannes cette année-ci le prix de la Meilleure actrice de Un certain regard pour Fortunata de Sergio Castellitto.

Le réalisateur et producteur mexicain Michel Franco (*1979) est surtout un habitué de la Croisette cannoise, où il a présenté quatre de ses cinq longs-métrages : à la Quinzaine des réalisateurs Daniel y Ana en 2009, à Un certain regard Despues de Lucia en 2012 et Les Filles d’avril en 2017, ainsi qu’en compétition Chronic en 2015. Il y a décroché plusieurs prix, dont celui du Meilleur scénario pour Chronic. Son lien avec le Festival de Venise est un peu plus indirect, puisque sa production vénézuélienne Les Amants de Caracas de Lorenzo Vigas y avait gagné le Lion d’or il y a deux ans.

Le critique anglais David Stratton (*1939) n’est pas seulement le vieux sage du jury de ce Festival de Venise. Il est également le seul à y siéger déjà pour la deuxième fois, après ses bons et loyaux services en 1994 sous la présidence du réalisateur américain David Lynch, dont le jury avait décerné le Lion d’or ex aequo à Before the Rain de Milcho Manchevski et Vive l’amour de Tsai Ming Liang. Et il était également membre du jury présidé par l’actrice américaine Joan Fontaine au Festival de Berlin en 1982, dont les délibérations s’étaient soldées par la victoire du Secret de Veronika Voss de Rainer Werner Fassbinder. Stratton s’était assez tôt exilé en Australie, où il avait dirigé le Festival de Sydney de 1966 à ’83. Il est l’un des plus fervents défenseurs internationaux du cinéma australien et par ailleurs un spécialiste du cinéma français, ce qui lui avait valu la Croix de Commandeur de l’Ordre des Arts et des Lettres en 2001.

Pour le réalisateur anglais Edgar Wright (*1974) son passage à Venise coïncide presque avec la tournée promotionnelle pour son dernier film Baby driver, qui sortira en Italie début septembre et qui est à l’affiche en France depuis la semaine dernière. Venu de la télévision, Wright s’était imposé au cinéma à partir de 2004, grâce à ses parodies hilarantes Shaun of the Dead, Hot fuzz et Le Dernier pub avant la fin du monde avec Simon Pegg et Nick Frost. Son premier film américain était Scott Pilgrim avec Michael Cera en 2009.

Largement méconnu en Europe, le réalisateur chinois Yonfan (*1947) a néanmoins présenté deux de ses films au Festival de Venise : le documentaire Breaking the willow sur l’opéra traditionnel chinois en séance spéciale en 2003 et Lei wangzi en compétition en 2009. Il avait également participé il y a quatre ans avec un court-métrage au film collectif Venice 70 Future reloaded, le cadeau d’anniversaire cinématographique du festival.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici