True Romance
Usa : 1993
Titre original : True Romance
Réalisateur: Tony Scott
Scénario : Quentin Tarantino, Roger Avary
Acteurs : Christian Slater, Patricia Arquette, Dennis Hopper
Distribution : Metropolitan FilmExport
Durée : 2h01
Genre : Thriller, Romance
Date de sortie : 20 juillet 2011
Globale : [rating:5.0]
[five-star-rating]
Il y a une bonne vingtaine d’années , Quentin Tarantino, aujourd’hui connu comme le maître ultime du film violent cultissime où le mot «F***» est répété plus de fois qu’un Amen à la messe de minuit, a lu un scénario du jeune Roger Avary. Impressionné, Il lui a demandé s’il pouvait le retravailler. Il a écrit True Romance. Une histoire d’amour version Tarantino, tout est dit.
Le scénario final, co-écrit avec Roger Avary, fut ensuite racheté quelques milliers de dollars, une bagatelle pour un scénario à l’époque, pour être remis entre les mains de Tony Scott qui réalise le film en 1993. A l’origine, le scénario était bien plus long et fut coupé en deux, la seconde partie donnant naissance à Tueurs nés d’Oliver Stone.
Synopsis : Le soir de son anniversaire, Clarence Worley s’enferme seul dans un cinéma de quartier pour regarder non pas un mais trois films de kung-fu. Quel était le pourcentage de chance pour qu’une belle blonde renverse son pop corn sur lui? Quasi nul. Et pourtant Alabama est bien réelle. Après une nuit torride et une déclaration d’amour non-conventionnelle, elle lui annonce qu’elle est une call girl employée par son patron pour lui tenir compagnie à l’occasion de son anniversaire. Le lendemain, Clarence épouse la belle, file chez son mac, tue tout le monde et embarque dans la panique ce qu’il croyait être la valise de vêtements d’Alabama. Il se retrouve en possession d’une cargaison de cocaïne à poudrer le nez de tout Los Angeles…
Une équipe cultissime
Le casting de True Romance, c’est un peu la réunion de famille du tout Hollywood : Christian Slater, Patricia Arquette, Brad Pitt, Christopher Walken, Dennis Hopper, Val Kilmer, Gary Oldman… N’en jetez plus. Mais qu’y a t-il a redire quand tous ces acteurs offrent des interprétations plus jouissives les unes que les autres ? Il n’y a rien à dire, juste à apprécier.
Tous ces seconds rôles, interprétés avec génie, apportent une vraie crédibilité au film et tous ces personnages plus déjantés les uns que les autres font de ce film un petit bijou qui prend aux tripes. Certains sont comiques (Brad Pitt, en coloc’ léthargique complètement drogué), d’autres sont dérangeants (Christopher Walken, en mafieu sicilien), d’autres encore sont hauts en couleurs (Gary Oldman, en mac balafré).
Les costumes sont à l’image du film, totalement loufoques et légèrement kitchs . Qui à part Alabama pourrait mettre une mini jupe au motif «vache» avec un mini t-shirt turquoise, ou encore un pantalon «panthère» rose ? Et Clarence ne serait pas Clarence sans sa coiffure à la Elvis Presley et sa chemise Hawaïenne. Les personnages sont travaillés dans les moindre détails et participent à rendre ce film culte, mettant en scène des protagonistes extraordinaires face à la violente réalité de ce monde.
Mais l’équipe de choc ne s’arrête pas aux acteurs, loin de là. Si Tarantino a écrit le scénario, c’est Tony Scott qui a eu la lourde tâche de faire prendre vie à Clarence et Alabama. Tony Scott n’est peut-être pas le réalisateur le plus connu du cinéma américain, mais son univers sauvage sert à merveille le scénario de Tarantino. Scott aura tout de même remanié deux trois «détails» du scénario, modifiant la fin trop sombre de Tarantino.
Dernier membre de notre équipée sauvage : Hans Zimmer, docteur des musique de films cultes (Gladiator, Inception…). Car un bon film n’est parfait que s’il est sublimé par une bande originale à la hauteur de son génie. M. Zimmer signe ici une musique douce et entêtante, qui transcende le prologue et l’épilogue du film, deux monologues d’Alabama qui sont à classer dans les moments forts, à la fois délicats et troublants, aux antipodes de la violence qui entoure l’histoire.
Des moments cultissimes
Dans chaque film écrit par Tarantino, il y a 1) des répliques cultes et 2) LA scène du film, la scène mythique qui nous revient en tête à chaque fois que l’on parle du film : dans Pulp Fiction, il y a le twist d’Uma Thurman et de John Travolta, dans Reservoir dogs c’est la scène avec le flic sur «stuck in the middle with you», dans Kill Bill, on se souvient d’ Uma Thurman et sa combinaison jaune qui décime une armée de chinois enragés à coup de sabre etc etc. True Romance ne déroge pas à la règle et possède sa scène culte, un face à face savoureux entre deux acteurs d’anthologie : Christopher Walken et Dennis Hopper. Les yeux dans les yeux, le père de Clarence explique au redoutable mafieu sicilien qui le torture pour lui soutirer des informations que les siciliens descendent des Maures et sont donc métis. Affront ultime. Toute l’ironie du texte se savoure avec délice, et le Lakmé de Léo Delibe fait s’envoler la scène vers le sublime. La recette du délicieux mélange «musique classique-violence» a été transmise de génération en génération et fonctionne toujours à merveille. Cette tirade magistrale est un grand moment de cinéma grâce à une belle performance d’acteur et un texte très bien écrit.
La plume de Tarantino offre des scènes sublimes, comme la surprenante déclaration d’amour d’Alabama face à un panneau publicitaire (classée parmi les plus belles déclarations d’amour par certains cinéphiles- et l’on peut m’inclure dedans) ou encore les dialogues de Clarence avec son idole, Elvis Presley, dans la salle de bain.
Nos Roméo et Juliette en pays Tarantinesque sont sympathiques et leur histoire d’amour est pure. On est bien loin des jeunes filles aseptisées et des grands bruns charmeurs qui peuplent les comédies romantiques américaines, bien loin des doutes et des complications qui forment dans ces films un «scénario». Dans True Romance, on se rencontre, on s’aime, on ne se pose pas de questions. Se marier après une nuit est une évidence, se faire tatouer quelques heures après est une preuve logique de leur amour. C’est rock n’ roll, c’est puissant, c’est intense. Voilà comment on écrit une histoire d’amour quand on s’appelle Quentin Tarantino: on part dans l’extrême et c’est bon.
Résumé :
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Bravo Claudine, superbe critique, je suis entièrement d’accord avec toi;)