Critique : Tout schuss

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Tout schuss

France, 2015
Titre original : –
Réalisateur : François Prévôt-Leygonie et Stéphane Archinard
Scénario : Serge Lamadie
Acteurs : José Garcia, Manon Valentin, Melha Bedia
Distribution : SND
Durée : 1h36
Genre : Comédie
Date de sortie : 13 janvier 2016

Note : 2/5

Et si on allait prendre des nouvelles de José Garcia ? L’acteur, très populaire auprès du public français il y a une dizaine d’années, s’est récemment fait plus rare, au point de n’apparaître dans aucun film depuis plus de deux ans. Son retour dans cette comédie de vacances poussive est tout sauf glorieux, puisque Garcia s’y adonne au type de cabotinage qui constitue la partie la moins séduisante de sa filmographie. Son interprétation n’est certes pas non plus aidée par un scénario hautement inconsistant, ni par la mise en scène à peine serviable, mais il échoue néanmoins misérablement à conférer à Tout schuss un soupçon de brio comique. Le deuxième film du duo de réalisateurs, trois ans après Amitiés sincères, se contente d’être un enchaînement décousu de blagues navrantes, dépourvu de la moindre énergie constructive pour créer ne serait-ce qu’un univers au ton doucement moqueur.

Synopsis : Dans deux semaines, la vie parisienne de Rosa se terminera. Elle devra suivre sa mère et son beau-père pour s’installer en province. Le seul espoir de cette adolescente ordinaire est son père, le célèbre écrivain Max Salinger, qui est sur le point d’achever son nouveau roman et qui n’a donc nullement le temps, ni l’envie de s’occuper de sa fille. Pour se venger de cet abandon paternel, Rosa amène l’enregistrement du manuscrit à la campagne, où elle passera une semaine en classe de ski avant le déménagement forcé. Furieux, Max la suit, sans pour autant pouvoir mettre la main sur son livre. Il décide alors de rester sur place dans l’attente de le récupérer, en assumant tant bien que mal le rôle de parent accompagnateur pour Rosa et ses amis.

Le blaireau, le rat et les crevettes

L’écran de fumée constitué par le point de vue d’une fille adolescente sans attrait particulier par lequel commence la narration est vite fait dissipé dans cette comédie laborieuse. Le scénario délaisse en effet sans tarder cet axe de l’humour boutonneux pour se focaliser presque exclusivement sur une caricature de la vanité bling-bling, contrainte de faire face à ses responsabilités de père. Le problème récurrent tout au long du film est que le regard porté sur cette transformation forcée n’est point plus percutant que la prémisse, qui accumule les clichés sans en revigorer aucun. Depuis son statut de salaud égoïste et obnubilé par sa célébrité, Max Salinger est censé entamer un cheminement salutaire vers la normalité humaniste, susceptible de le réconcilier avec sa progéniture, voire avec lui-même. Ce projet dramatique et horriblement prévisible prend rapidement du plomb dans l’aile, à la fois en raison de l’écriture très approximative et sans suite du scénariste Serge Lamadie et du goût pour le cabotinage éhonté de José Garcia, visiblement abandonné ici à ses excès de comique peu fin.

Risque d’avalanche d’excréments

Aucun élément du film n’est malheureusement en mesure de contrecarrer cette faiblesse préjudiciable au cœur de l’intrigue. Car aucun des personnages secondaires n’évolue au-delà du rôle peu enviable de cible de vannes débiles. L’empressement probable des réalisateurs François Prévôt-Leygonie et Stéphane Archinard de situer leur film le plus loin possible du politiquement correct s’est ainsi soldé par un grand n’importe-quoi, truffé d’une méchanceté balourde dépourvue de la moindre qualité rédemptrice. Tout le monde y passe, certes, de l’ado mal dans sa peau parce qu’obèse à l’homosexualité supposée et donc ridiculisée, sans oublier un registre impressionnant de références scatologiques. Les citations sont d’ailleurs aussi bancales que le ton global du film, à l’image des élèves qui montent sur la table en signe de protestation comme dans Le Cercle des poètes disparus de Peter Weir. Mais toute cette agitation névrosée de puceaux et autres gamins délaissés ne produit que de l’agacement au fil d’un récit exempt de trouvailles mémorables.

Conclusion

Peut-être cultivons-nous un penchant masochiste à force de vouloir donner une énième chance à la variation la plus stupide de la comédie française. Toujours est-il que nous en avons eu pour notre optimisme béat avec cette soi-disant comédie, qui confirme tout le mal que l’on peut dire du cinéma populaire. Il s’agit en tout cas d’un retour plus que calamiteux pour José Garcia, qui avait su explorer dans le passé des voies moins bêtement faciles que cette aventure de vacances sans le moindre soupçon d’intelligence.

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