Tomboy
France : 2011
Titre original : Tomboy
Réalisateur : Céline Sciamma
Scénario : Céline Sciamma
Acteurs : Zoé Héran, Malonn Lévana, Jeanne Disson
Production : Pyramide Distribution
Durée : 1h22
Genre : Drame
Date de sortie : 20 avril 2011
3,5/5
Après le magnifique Naissance des pieuvres présenté dans la catégorie Un Certain Regard du Festival de Cannes en 2007, Céline Sciamma revient au cinéma avec Tomboy (qui signifie garçon manqué en anglais). La réalisatrice y creuse le sujet du trouble identitaire de l’enfance. Le long-métrage a été diffusé à la dernière Berlinale (décidément cette réalisatrice est une bête de festivals). Il a été tourné en seulement 20 jours avec une petite équipe et une caméra Canon 5D.
Synopsis : Laure a 10 ans. Laure est un garçon manqué. Arrivée dans un nouveau quartier, elle fait croire à Lisa et sa bande qu’elle est un garçon. Action ou vérité ? Action. L’été devient un grand terrain de jeu et Laure devient Michael, un garçon comme les autres… suffisamment différent pour attirer l’attention de Lisa qui en tombe amoureuse. Laure profite de sa nouvelle identité comme si la fin de l’été n’allait jamais révéler son troublant secret.
Une quête d’identité sous forme de jeu d’enfant
Tomboy est un vrai film sur l’enfance, mais une enfance proche de l’adolescence avec ses nombreuses questions, la quête d’identité et ses troubles qui précèdent le difficile âge ingrat. Le récit est construit à la manière d’un thriller, Laure/Michaël ment sur son sexe en ayant conscience que cela ne pourra durer éternellement et que dès la fin de l’été et son retour à l’école elle sera démasquée. Derrière son calme apparent, on sent bien qu’elle redoute avec anxiété mais réalisme le moment où son imposture sera dévoilée au grand jour.
Céline Sciamma a construit autour de cet enfant des personnages tendres (la famille, la petite sœur, les copains). Un père attentionné, une mère à l’écoute, une petite sœur mignonne et des nouveaux copains de quartier classiques, jamais plus méchants que des enfants ordinaires. Pourquoi donc choisit-elle de mentir ? Il semble bien que la réponse ne se trouve pas dans l’entourage, mais qu’elle vient d’un malêtre plus profond. Des éléments sont amenés par la réalisatrice : l’histoire d’amour entre Laure et sa voisine, les rapports avec sa petite sœur bien plus féminine, l’arrivée d’un nouvel enfant dans sa famille qui va éloigner ses parents d’elle…
L’enfance fidèlement mise en scène
La réalisatrice Céline Sciamma réussit avec brio à retranscrire l’univers de l’enfance. Aussi bien dans les jeux qu’au niveau des dialogues ou encore dans les rapports entre Laure, sa famille et ses amis on ressent forcément une part de notre enfance. C’est criant de réalisme et plus que ça, les longs silences, les instants de réflexion nous ramènent tous à une période où l’on se construit à travers le regard des autres. Certes la mise en scène ne crève pas l’écran et ressemble à un reportage plus qu’à un bon film de cinéma, mais Tomboy tient la route et le casting et la force du scénario comblent les faiblesses causées par un faible budget.
Le casting est le point fort de Tomboy. Tout d’abord il faut tirer son chapeau à Zoé Héran l’actrice principale qui joue Laure/Michaël, qui gère parfaitement l’ambiguïté de son personnage. Elle ne cesse de dégager une morosité et une tristesse déclenchées par ses interrogations sur sa sexualité. À ses cotés, Malonn Lévana qui interprète sa petite sœur Jeanne est irrésistible en enfant attachant et au fort caractère. Malgré son jeune âge, elle est la seule qui arrive à comprendre ce qu’il se passe avant les adultes. Enfin, Jeanne Disson est Lisa, une copine de quartier qui tombe amoureuse de Michaël. On imagine la dureté du choc lorsqu’elle apprend que son amour n’est autre qu’une fille.
