The Wrestler
USA : 2008
Réalisation : Darren Aronofsky
Scénario : Robert D. Siegel
Acteurs : Mickey Rourke, Marisa Tomei, Evan Rachel Wood
Distribution : Mars Distribution
Durée : 01h45
Genre : Drame
Sortie : 18 Février 2009
Récompenses : Lion d’or au festival de Venise, respectivement un Golden Globe et un BAFTA pour Mickey Rourke et Marisa Tomei
Réalisation : [rating:4.0]
Scénario : [rating:4.0]
Acteurs : [rating:5.0]
Musique : [rating:4.0]
Globale : [rating:4.0]
[five-star-rating]
Mickey Rourke is back. Après une traversée du désert et un retour à Hollywood via Sin City, Mickey Rourke s’associe au réalisateur de Black Swan et Requiem for a dream pour un biopic de Randy » the ram » Robinson. Plongée dans le monde du catch mais surtout dans la vie d’un homme qui essaie de recoller les morceaux après un grave accident, avec à la clé une interprétation magistrale de Mickey Rourke.
Synopsis : Randy est un catcheur sur le déclin qui continue à vivre sa passion malgré le manque de revenus que cela lui apporte. A la suite d’un combat particulièrement sanglant, il a une crise cardiaque. On lui dit alors à l’hôpital que des efforts physiques trop importants pourraient signifier la mort pour lui. Donc plus de catch. Il en profite alors pour approfondir ses relations avec Cassidy, stripteaseuse de sa connaissance. Il essaie aussi de renouer le contact avec sa fille Stephanie, qu’il a délaissée longtemps avant. On lui propose alors le rematch d’un combat célèbre contre » l’ayatollah » vingts ans plus tôt. Va t’il accepter ?
Star sur le retour
Darren Aronofsky nous propose ici un cinéma plus épuré, dont la force réelle réside dans l’interprétation des acteurs. Ce qui n’empêche pas la réalisation d’avoir son impact, notamment lorsqu’elle nous montre un Randy terriblement seul, dans les vestiaires d’une salle de gymnase ou dans son mobile home. Star déchue, il dort dans sa voiture et est obligé de quémander des heures à son patron pour pouvoir joindre les deux bouts car les cachets de ses spectacles ne sont pas suffisants. Il survit mentalement avec la reconnaissance de ses fans et de ses pairs. Son discours final sur le ring sera un parfait résumé de cette vie. Entre cette reconnaissance et la difficulté d’affronter la vie hors du ring, il y a de quoi déstabiliser Randy.
Star sur le ring (les scènes de combat sont fidèles à l’univers du catch fait de faux-semblants mais aussi d’un entraînement particulier) mais paria pour sa fille. Les produits dangereux, les entailles volontaires pour prouver la dangerosité des combats, tout nous est montré. Tout comme les arrangements pré-combat. Quant à la relation avec sa fille, la scène au bord de mer est très émouvante. Essayant de rattraper le temps perdu (symbolisé par une remémoration de souvenirs avec Stéphanie petite), Randy nous livre une confession d’une intensité rarement vue. Il explique à sa fille que sa solitude est méritée mais il ne veut pas qu’elle le haïsse. Cette même scène nous montre un très beau moment où Randy et Stépanie dansent dans une salle de bal fantôme. Présage d’une relation morte impossible à faire revivre ?
Un homme partagé entre deux femmes
Le scénario est taillé pour l’interprétation de Mickey Rourke. Loin de se contenter d’empiler les scènes de combat, il montre ce qu’il en coûte d’avoir effectué un tel choix de vie. Randy se montre cependant tout à fait lucide sur sa vie personnelle. Comme il le dit lui-même, sa vraie famille c’est ses fans. Il essaie même de négocier avec son patron pour que son nom de scène et pas son vrai nom apparaisse sur son badge. Cependant, quand un client du rayon où il travaille le reconnait il ne supporte pas d’être vu en tant que Randy » the ram » Robinson dans ce cadre et quitte son job, furieux.
Sa vraie place est sur le ring, quitte à y risquer sa vie. Ce scénario est construit en trois temps : Randy avec ses camarades catcheurs et sur » scène « , Randy et Cassidy, Randy et Stephanie. Il est aimé et respecté par les premiers, rejeté dans un premier temps par la deuxième (qui argumente qu’elle ne veut pas fricoter avec un client et lui mettre son fils sur les épaules), rejeté aussi dans un premier temps par sa fille. La première relation ne bougera pas d’un poil. Cassidy quant à elle regrettera son altercation avec Randy mais quand elle revient vers lui il est déjà prêt à livrer son ultime combat (en tout cas c’est l’hypothèse que laissent transparaître les derniers plans). Sa fille lui donnera une seconde chance après avoir refusé de lui pardonner ses absences, mais Randy se fera hara-kiri en oubliant leur dîner. Leur nouvelle relation restera donc lettre morte.
Non, Mickey Rourke n’est pas mort
The Wrestler c’est avant tout le show Mickey Rourke (pas de connotation péjorative dans cette description). Le parcours du monsieur mérite qu’on s’y attarde un peu. Après une première partie de carrière durant laquelle son talent éclate (L’année du dragon, Angel heart, Barfly), il décide de reprendre en 1991 sa carrière de boxeur qu’il avait commencée lorsqu’il était adolescent, mécontent de l’acteur qu’il devenait. Cela durera jusqu’en 1995, mais beaucoup plus longtemps en terme de répercussions sur sa carrière. Les différentes blessures qu’il a subit et les opérations pour tenter d’y remédier vont transformer son visage de beau gosse en beignet. Mais le talent n’a pas disparu. The Wrestler est une vraie résurrection pour lui. Avec d’étonnantes similitudes avec son histoire personnelle. Sean Penn lui rendra d’ailleurs hommage alors qu’il reçoit son Oscar avec Mickey Rourke en compétition dans la même catégorie.
Entre-temps, beaucoup de seconds rôles, notamment dans Sin city et Domino en 2005. Pour la petite histoire il a refusé le rôle de Butch (Bruce Willis) dans Pulp Fiction et a été coupé au montage de La ligne rouge de Terence Malick. Multi-nominé et multi-primé pour The Wrestler, les propositions s’enchaînent alors pour lui. On le verra plus tard dans The Expendables et Iron Man 2.
En ce qui concerne le reste du casting, mention spéciale pour Evan Rachel Wood, la fille de Randy. Insensible aux désirs de réconciliation de son père, elle essaie quand même de lui pardonner mais finira par le regretter, ne gardant de lui que le vide cruel laissé par l’absence de ce dernier et l’impossibilité de lui faire confiance. Toute en émotions à fleur de peau. Pour le reste, rien à redire sauf peut-être pour les rôles secondaires de catcheurs, mais difficile d’exister face à la performance de Mickey Rourke.
Résumé :