The Sessions
États-Unis : 2012
Titre original : –
Réalisateur : Ben Lewin
Scénario : Ben Lewin
Acteurs : John Hawkes, Helen Hunt, William H. Macy
Distribution : Twentieth Century Fox France
Durée : 1h35
Genre : Comédie dramatique
Date de sortie : 06 mars 2013
Globale : [rating:3.5][five-star-rating]
En 1990, l’écrivain Mark O’ Brien, paralysé par la polio, raconte dans le Sun Magazine son incroyable expérience avec une assistante sexuelle. Inspiré de cet essai, intitulé On seeing a sex surrogate, The sessions de Ben Lewin lève le voile sur un sujet souvent passé sous silence. Acclamé par le public du festival de Sundance, cette comédie dramatique offre des rôles forts à des acteurs aussi talentueux qu’Helen Hunt et John Hawkes.
Synopsis : Mark fait paraître une petite annonce : « Homme, 38 ans, cherche femme pour relation amoureuse, et plus si affinités. En revanche paralysé… Amatrices de promenade sur la plage s’abstenir… ». L’histoire vraie et bouleversante d’un homme que la vie a privé de tout, et de sa rencontre avec une thérapeute qui va lui permettre d’aimer, « comme tout le monde ».
Un souffle de vie
Difficile de traiter du thème de la sexualité de personnes handicapées sans tomber dans le mélo. Même si la traditionnelle dose de bons sentiments est bien présente, Ben Lewin fait un pied de nez à ce sujet casse-gueule en le traitant avec sobriété et humour.
L’une des grandes réussites de ce film est certainement de parvenir à dépeindre des personnages humains et extrêmement attachants. Paralysé par la polio qui le gêne également pour respirer, Mark O’Brien n’a pas perdu de sa bonne humeur et se consacre à sa passion pour l’écriture. A l’écran, c’est un John Hawkes méconnaissable qui apparaît, enfermé dans cette machine diabolique, ce poumon d’acier qui lui permet de respirer. L’acteur s’était déjà illustré dans des rôles marquants tels que le déroutant gourou Patrick dans Martha Marcy May Marlene ou le non moins inquiétant Teardrop dans Winter’s Bone. Dans The sessions, toute la subtilité de l’acteur se révèle à nouveau et il interprète à la perfection cet homme emprisonné dans son corps. Impossible de tricher face à un tel rôle et John Hawkes l’a bien compris, se livrant à une préparation drastique pour s’imprégner de la personnalité de l’écrivain et pour représenter physiquement sa paralysie.
Entre deux respirations saccadées, la personne qu’était Mark O’Brien se dessine: un homme charmant, plein d’humour et de joie de vivre qui ne s’apitoie jamais sur son sort, un poète qui s’interroge sur la vie et l’amour. Un personnage complexe en somme, profondément influencé par son éducation catholique. Cet aspect religieux se retrouve en la présence du père Brendan (William H. Macy), son ami et confident, un prêtre profondément humain qui saura le conseiller judicieusement face à la culpabilité qu’il éprouve. Fort heureusement, cette intervention religieuse n’engendrera pas de message moralisateur et puritain qui aurait vite fait de gâcher le film. Au contraire, chaque confession se teinte d’émotion et d’humour, Mark évoquant ses questions sur la sexualité en plein milieu de l’église à côté des fidèles choqués.
Chaque personnage apporte une touche de fraîcheur et une sorte de magie se dégage de toutes les rencontres qui ponctuent le film. C’est avec étonnement que l’on voit l’austère assistante Véra se transformer en une jeune femme espiègle, partageant des moments complices avec Mark, comme si les personnes se trouvaient transformées au contact de cet homme hors du commun. A l’image de Mark, le rire prend le pas sur le pathos et la simplicité de la mise en scène confère à ce film une certaine grâce.
Une mise à nu totale
Après quelques déceptions amoureuses et à l’âge de 38 ans, Mark décide de franchir le pas et d’avoir recours à une assistante sexuelle pour découvrir les plaisirs charnels. La charmante Helen Hunt incarne avec élégance Cheryl Cohen-Greene, l’assistante qui changea la vie de Mark. On la découvre dans son quotidien, en mère de famille avec ses soucis et ses problèmes de couple. Une façon de souligner le côté banal de ce métier méconnu d’assistante sexuelle, mais également de découvrir cette femme étonnante.
Helen Hunt campe Cheryl avec brio, lui conférant une attitude très professionnelle tout en laissant transparaître un côté extrêmement protecteur. L’actrice se met à nu physiquement et émotionnellement, dévoilant son corps et ses sentiments sans pudeur. Pourtant, ces scènes filmées avec beaucoup de naturel n’ont rien de voyeuristes. Au contraire, ces séances apparaissent comme des rencontres presque médicales bien que basées sur une découverte sensuelle des corps et peu à peu, ces moments s’empreignent d’une émotion nouvelle quand l’intimité physique fait place à une intimité plus profonde.
En une heure et demie, le film va à l’essentiel et aurait certainement souffert de quelques minutes supplémentaires, mais nous laisse le temps de survoler un moment de la vie de Mark O’ Brien, un instant succinct mâtiné de joies et de douleurs, de découvertes sentimentales et sexuelles.
Résumé
The sessions porte la grâce de la simplicité qui sublime cette histoire profonde et l’émotion qui s’en dégage. Ben Lewin parvient à traiter du sujet délicat de la sexualité des personnes handicapées avec finesse à travers de très belles rencontres. Si ce film n’invente rien côté réalisation, il séduit par sa sincérité, son humour et l’interprétation sans faute des acteurs.
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