Critique : The Riot Club

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Olly Alexander, Douglas Booth, Sam Claflin, Max Irons, Sam Reid, Nen Schnetzer, Matthew Beard, Jack Farthing, Josh O'Connor et Freddie Fox

The Riot Club afficheThe Riot Club

Grande-Bretagne, 2014
Titre original : –
Réalisateur : Lone Scherfig
Scénario : Laura Wade, d’après sa pièce
Acteurs : Sam Claflin, Max Irons, Douglas Booth
Distribution : Paramount Pictures France
Durée : 1h46
Genre : Drame
Date de sortie : 31 décembre 2014

Note : 2/5

Pour son troisième long-métrage au sein de la jeunesse anglaise privilégiée après Un jour (avec Anne Hathaway) et Une Education (avec Carey Mulligan), la réalisatrice danoise Lone Scherfig choisit d’en révéler les aspects les moins nobles à travers ce groupe fictif inspiré de cercles secrets qui oeuvrent dans les grandes universités.

Olly Alexander, Douglas Booth, Sam Claflin, Max Irons, Sam Reid, Nen Schnetzer, Matthew Beard, Jack Farthing, Josh O'Connor et Freddie Fox
Olly Alexander, Douglas Booth, Sam Claflin, Max Irons, Sam Reid, Nen Schnetzer, Matthew Beard, Jack Farthing, Josh O’Connor et Freddie Fox

Synopsis : Connu pour son art de la débauche, le Riot Club réunit depuis des générations la fine fleur de l’aristocratie britannique dans la prestigieuse université d’Oxford. Alistair Ryle, ambitieux frère d’un ex-membre éminent de cette société quasi secrète et Miles Richards, issu d’un milieu aisé mais au tempérament plus généreux, ont été choisis pour remplacer deux de ses membres qui ont fini leurs études. Chaque année, le Riot Club célèbre un rite douteux qui consiste à s’offrir un dîner somptueux dans un restaurant gastronomique, d’en saccager les lieux puis de payer les dégâts causés pour éviter toute poursuite. Mais cette soirée va gravement dégénérer et mettre en danger leur avenir.

The Riot Club 01

L’élite de la nation

L’auteur de la pièce adaptée, Laura Wade, n’a pas eu accès à de vraies réunions de ces représentants inquiétants à peine adultes de l’élite de la nation, une noblesse déchue et parfois désargentée mais s’est inspirée de propos tenus par ceux qui les ont connu ou refusé de les rejoindre. Les jeunes acteurs dont Sam Claflin, alias l’amoral Alistair et Max Irons, digne fils de son père Jeremy dans le rôle du plus humain Miles forment un tout homogène, trop peut-être, créant très vite une impression de ligne droite vers une conclusion prévisible qui suit trop sagement les caractères représentés et représentatifs jusqu’à la caricature. Leur personnalité survolée se limite à un groupe d’êtres vides, indifférents qui vont simplement apprendre à se comporter en êtres imbus de leur noblesse rêvée plus que réelle. Le scénario de Laura Wade et la mise en scène plus qu’effacée de Lone Scherfig illustrent sagement une attitude de supériorité de classe convenue d’un point de vue dramatique. Ces représentants à peine adultes d’une noblesse déchue et parfois désargentée sont inquiétants d’inhumanité et si cela reflète une certaine réalité, l’on peine à comprendre ce qui les motive individuellement et qui ils sont, avec quelques maigres remarques sur leur pedigree, certains étant issus de longue lignée, d’autres des parvenus ou des fils d’immigrés voire les deux, comme Dimitri d’origine grecque, joué par Ben Schnetzer, plus intéressant dans Pride en meneur efficace d’un mouvement d’aide aux grévistes des mines.

The Riot Club 05

La chute des classes

Le thème central du film est la lutte des classes qui explose à vue dans le comportement méprisant de ces futurs parlementaires ou chefs d’entreprise avec le patron de l’auberge (de luxe) où se déroule le cœur du récit et qui était le lieu unique d’action de la pièce d’origine. Cette soirée d’initiation s’éternise inutilement, atténuant la portée de l’exemplarité de la dénonciation par une violence exacerbée par l’alcool et les drogues observée avec trop de complaisance et sans originalité. L’impression d’avoir déjà vu ce genre de débordements à l’écran nuit à son éventuelle pertinence. Kim Chapiron exposait récemment dans La Crème de la Crème une jeunesse aisée française censée devenir la future élite du pays, Lone Scherfig fait de même de l’autre côté de la Manche et tombe dans les mêmes travers et raccourcis, la même dénonciation vaine et insuffisamment creusée, se rattrapant tout juste avec un plan final sur un sourire narquois et révélateur qui laisse pointer la force qu’aurait pu avoir un tel film s’il avait abordé plus frontalement la dimension formatrice du mal au pouvoir.

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Conclusion

Le sujet avait un réel potentiel mais Scherfig & Wade ont préféré aller vers la facilité dans leur regard, se limitant à une séquence de débordement de violence filmée avec complaisance et qui n’aura pas de réelle conséquence pour ses coupables. Pour comprendre cette élite méprisante et comment elle dirige le pays, on préférera revoir la plus pertinente série anglaise The New Statesman avec Rik Mayall (hélas disparu en 2014) ou If de Lindsay Anderson qui mêlent astucieusement pompes et circonstances…

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