The Killing (US)

The Killing (US)

USA: 2011, AMC
Titre original: The Killing (US)
Réalisateur: Veena Sud, Patty Jenkins, Ed Bianchi
Scénario: Veena Sud
Acteurs: Mireille Enos, Billy Campbell, Joel Kinnaman
Production: Fox Television Studios
Durée: 2 saisons, 13 épisodes, en production
Genre: Policier, Thriller
Date de sortie: 6 septembre 2011, chaîne française encore inconnue

« The Killing (US) » est l’adaptation américaine de la série éponyme danoise de 2007. Il est très dur de perdre un enfant, mais encore plus dur lorsque la police patauge et n’a strictement aucune idée des ravisseurs. Cette série mélange drame familial, scandale politique, vie privée et angoisse avec une telle précision, qu’il vous en sera dur de ne pas vouloir tout savoir. Etes-vous sur de connaître votre entourage mieux que vos, sois-disant, ennemis? N’en soyez pas si sur. « The Killing » devient très vite la deuxième série la plus regarder de la chaîne (AMC) derrière « Walking Dead ». Plongez-vous dans l’univers sombre de la famille Larsen, là où le soleil ne brille presque jamais et où la pluie est omniprésente.

Synopsis: Rosie Larsen est une ado tout ce qu’il y a de plus ordinaire, qui vit à Seattle avec ses deux frères et ses parents. Ses parents alors partis en weekend, Rosie en profite pour sortir chez une amie. Au retour des parents, ce n’est pas leur fille qui les attend mais deux agents de la police de Seattle. La carte de crédit de Stanley Larsen a été retrouvé près d’une scène de crime. Malheureusement, le père n’est jamais allé de ce côté là de la ville, les déductions se font vite et inquiètent les parents qui ne voient pas revenir Rosie de sa soirée. Aucune réponse du côté de ses amies ni de son portable. Où est donc Rosie Larsen? La personne chargée de l’enquête est Sarah Linden, qui se voit s’attribuer un coéquipier de dernière minute, Stephen Holder. Ils ont du mal à communiquer et ça ne va pas aider l’enquête. L’une est l’ancienne aux méthodes sages et l’autre est le jeune sorti des STUP à la recherche de nouveaux horizons professionnels. Stephen et Sarah vont remuer ciel et terre pour donner à cette famille des réponses sur la disparition de leur fille, en n’épargnant personne. Enquête qui se déroule en pleine vague d’élection politique, elle va semer la pagaille dans la vie des enquêteurs, des politiciens et surtout de la famille Larsen.

Veena Sud n’a que deux séries à son actif, « Cold Case » et « The Killing », elle ne prend donc pas trop de risques à adapter une série danoise. Lorsque j’ai visionné le premier épisode (qui englobe le 1 et le 2 en un seul) je me suis demandé si elle avait été tournée en Angleterre et si les acteurs étaient allemands. C’est un peu comme si vous mélangiez les acteurs du « Clown » et que vous les envoyiez dans la province de « L’inspecteur Barnaby ». J’ai bien failli ne pas continuer la série. Puis il s’avère que ce choix d’acteurs et d’ambiance est parfait pour garder le spectateur en haleine. L’atmosphère est sombre, voire glauque, il pleut tout le temps, pratiquement jamais de soleil et des rues qui ne donnent vraiment pas confiance. Les immeubles sont anciens ainsi que les styles vestimentaires. Aucun artifice superficiel. Cet aspect noir et déprimant de la série provoque un fort impact sur le spectateur et le place dans de meilleures conditions pour soutenir la famille. On se sent attristé et mal à l’aise, cette sensation d’insécurité que laisse échapper la série, rapproche les personnages, du quotidien des téléspectateurs. Le montage et le scénario sont beaucoup plus plausibles si vous restez proches de la vie réelle, sans artifice. Adieux les ordinateurs suréquipés des « Experts », la tops model victime d’un grand brun ténébreux ou le tailleur dernier cri d’un grand designer. On est pris dans un tourbillon avec « The Killing » et on ne veut pas en sortir.

En ce qui concerne le casting, Veena Sud n’a pas pioché dans la grande célébrité. Mireille Enos (Big Love) incarne l’officier Sarah Linden. Sarah Linden est une trentenaire divorcée qui vit avec son nouveau compagnon et son fils. Elle compte bien laisser tomber son poste à Seattle pour déménager dans une petite ville et épouser son compagnon. Dès le premier épisode on comprend que quelque chose ne va pas dans sa vie. Il y a des passages dans les épisodes, des flashback, qui laisse planer un mystère assez sombre sur sa vie professionnelle ou privée. Mireille Enos ne montre aucun sentiment, elle joue son rôle de femme froide mâchant sans cesse des gommes à la nicotine, avec un tel réalisme et un tel naturel que ça en devient flippant. Elle est vraiment douée en femme flic garçonne. Au fur et à mesure de l’enquête, on voit qu’elle est touchée par la perte des Larsen, elle met en péril sa vie privée pour résoudre l’enquête.

Lorsque Sarah Linden plie ses derniers bagages pour partir rejoindre son compagnon, elle tombe sur son futur remplaçant, Stephen Holder, interprété par Joel Kinnaman (Easy Money), jeune foufou sorti des STUP qui va vite énerver Sarah. Stephen n’est pas serieux, n’écoute pas et réagit comme un enfant. La façon de travailler des STUP ne ressemble en rien aux méthodes légales de la police. Stephen a du mal à s’y faire. Joel Kinnaman est un jeune acteur suédois encore méconnu dans le monde du petit écran américain. Sa façon de jouer me fait penser à celle de Walton Goggins qui incarne Shane Vendrell dans « The Shield », le flic à la tête de ripoux à qui on ne voudrait jamais avoir à faire confiance. Il n’exprime aucun sentiment, tout comme Sarah, ils sont complètement différents et n’ont aucun point commun. Sarah ne comprend pas les blagues de Stephen et lui ne comprend pas l’entêtement de Sarah pour cette enquête. Il va devenir très vite mystérieux et va sembler nous cacher des choses.

Durant un des derniers épisodes, Stephen et Sarah vont passer énormément de temps ensemble, il va se créer une ambiance amicale autour d’eux pour la première fois depuis le premier épisode. A partir de ce moment là, leur travail en tant que coéquipiers va devenir beaucoup plus serieux et mener à plus de réponses autour de l’affaire.

La famille Larsen est composée de Mitch, la mère, Stanley, le père et Terry, la tante. C’est Michelle Forbes (True Blood, 24h Chrono), la belle Marie-Anne Forester de la saison 2 de « True Blood », qui incarne cette femme désespérée après la disparition de son unique fille. Elle ne cesse de s’en vouloir de ne pas avoir été plus présente pour sa fille, en se rejetant la faute, elle tombe de plus en plus dans la dépression, jusqu’à mettre sa famille en danger. Très bonne interprétation de la part de Michelle Forbes, son personnage est incroyablement crédible, un brin agaçante mais à la limite d’une réalité poignante. On se demande à chaque fin d’épisode si c’est dans le prochain qu’elle va se suicider. Elle est vraiment douée et elle l’avait déjà prouvé dans « True Blood ».

Stanley Larsen est le bon père de famille sécurisant et rassurant. Responsable d’une entreprise de déménagement, il n’est pas souvent présent dans le foyer. C’est Brent Sexton (A.I. Intelligence Artificielle, Life) qui joue se père dévasté. Très bon personnage, qui se renouvelle à chaque intrigue, à chaque rebondissement et qui met ses sentiments en scène brillamment.  Mitch et Stanley ne cessent de se rejeter la faute l’un sur l’autre. Ils en arrivent pratiquement à la destruction mutuelle du couple.

Ils ont la chance d’avoir Terry, la soeur de Mitch, pour les aider à la maison. Elle est interprétée par Jamie Anne Allman (The Shield, N’oublie Jamais). Terry s’est la tante serveuse, célibataire, qui a toujours admiré la famille de sa soeur. Janie Anne Allman était admirable dans son rôle de prostitué dans « The Shield », aujourd’hui, elle se fait de nouveau remarqué avec sa prestation qui la montre mal dans sa peau et vulnérable. En face des Larsen elle est forte et courageuse, en dehors, elle pleure et regrette les choix de sa vie.

Le début de chaque épisode est marqué par la numérotation des jours depuis la disparition de Rosie. On voit comment et à quelle vitesse l’enquête avance. Il y a trois trames d’histoires dans « The Killing »; la famille Larsen, la vie politique de Seattle et les secrets enfouis de chaque personnage, qui vont refaire surface au fur et à mesure des épisodes. A chaque fois que la police va penser avoir arrêté le suspect n°1, il s’avère que ce suspect n’a aucun lien avec l’affaire Larsen. C’est un suspect, certes, mais pas dans la bonne affaire. Voila comment maintenir le suspens de la série, on se dit que tout mène à qui on pense et tout de suite, un petit détail va faire tomber tout notre raisonnement. J’ai arrêté de chercher le responsable après m’être trompé 4 fois. Et même à la fin de la première saison, que je ne vous dévoilerais pas, c’est comme si un parpaing de 2 tonnes vous était tombé dessus. on a envie de dire « Non mais c’est pas possible, il y a surement un autre épisode qui suit », et non, Veena Sud a osé attendre les 5 dernières minutes du dernier épisode pour nous lâcher la réponse comme une bombe. Très, très bon travail. Un point négatif cependant, le rôle du procureur Richmond n’est pas du tout crédible joué par Billy Campbell (Les 4400, Love Actually), je l’ai trouvé agaçant et sans aucune motivation et implication de l’acteur.

En bref, « The Killing » réinvente le thriller glauque qu’on aime tant. J’ai lu sur Les Inrocks une description que j’aurai aimé avoir inventée; « Tout le monde semble craquer pour ce concept au demeurant ultra-simple : suivre un cas criminel par saison et laisser la toile du récit se tisser aussi lentement que nécessaire, pour imprégner ensemble les personnages et le spectateur. Mettre tout le monde dans le même bateau de chaque côté de l’écran, partager équitablement le même sas de fiction obsédant, c’est l’intelligence d’une série moderne. » Je n’ai rien a dire de plus pour vous convaincre que « The Killing » est LA série du moment, LA série qu’il ne faut en aucun cas louper.

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