Zouzou
France: 2014
Titre original : –
Réalisateur : Blandine Lenoir
Scénario : Blandine Lenoir, Jean-Luc Gaget
Acteurs : Laure Calamy, Sarah Grappin, Florence Muller, Olivier Broche
Éditeur : Blaq Out
Durée : 1h18
Genre : Comédie
Date de sortie cinéma : 24 décembre 2014
Date de sortie DVD : 23 juin 2015
Une grande maison à la campagne. Solange, la soixantaine, ses 3 filles Agathe, Marie et Lucie, et sa petite fille de 14 ans, Zouzou, s’y retrouvent pour quelques jours. L’occasion pour Solange de leur annoncer une grande nouvelle : elle a un homme dans sa vie. Depuis le temps ! Alors la sexualité on en parle ? Ou c’est comme la politique, on dit rien ?
Le film
[3.5/5]
Lorsqu’on veut traiter un sujet sérieux au cinéma, lorsqu’on souhaite faire passer des messages au travers d’un film, il n’est heureusement pas interdit de le faire sous la forme d’une comédie. Toutefois, lorsque la décision est prise, les problèmes commencent ! En effet, il faut décider de l’emplacement où on va placer le curseur de la comédie, sachant que, s’agissant d’un sujet sérieux, les spectateurs sont loin d’avoir tous le même avis sur ce que doit être le bon emplacement. Cette difficulté évidente n’a pas empêché l’actrice Blandine Lenoir de prendre le risque, pour son premier long métrage en tant que réalisatrice, d’aborder la sexualité, un sujet très sérieux et plutôt casse cou, sous la forme d’une comédie. Elle en a écrit le scénario avec Jean-Luc Gaget, déjà complice dans l’écriture avec Sólveig Anspach pour Lulu femme nue. L’histoire : en moins de 24 heures chrono, Agathe, Marie et Lucie, 3 sœurs dont l’âge se situe entre 30 et 40 ans, vont se trouver confrontées à : l’annonce faite par Solange, leur mère, une veuve d’une soixantaine d’années, qu’un homme est entré dans sa vie ; la découverte que Zouzou, 14 ans, la fille d’Agathe, est en train de vivre sa première expérience sexuelle partagée avec un garçon ; la possibilité pour l’une des sœurs de relancer sexuellement un amour de jeunesse.
Alors, ce pari de Blandine Lenoir, réussi ou raté ? Eh bien, sans arrêt sur le fil du rasoir, Zouzou s’avère être une comédie particulièrement rythmée et dynamique, réussissant l’exploit, sur un tel sujet, de ne jamais tomber dans le graveleux et réunissant une bande de comédiens et, surtout, de comédiennes, particulièrement réjouissante. Une comédie sincèrement féministe dans laquelle les hommes ne sont absolument pas stigmatisés. On ne s’étendra pas trop longtemps sur quelques scories qui viennent un peu gâcher la fête, la plus gênante étant l’arrivée dans la maison familiale d’une vedette d’un feuilleton télévisé interprétée par Nanou Garcia : cette Brenda Nelson n’apporte strictement rien au film et son comportement est tellement forcé qu’il en devient désagréable. Mais peut-être fallait-il trouver un rôle à une actrice qui est la complice habituelle de la réalisatrice !
Non, on préfère s’attarder sur des scènes et des dialogues particulièrement jouissifs. Par exemple, la scène où Lucie, la plus jeune des 3 sœurs, une institutrice très libérée, dresse un portrait désopilant du clitoris, « le seul organe humain consacré au plaisir », face à sa mère et à ses sœurs, quelque peu estomaquées ; celle, aussi, où Théo, le petit ami de Zouzou, désappointé par une première expérience sexuelle plutôt ratée, se fustige à coup de « J’avais pourtant bien révisé ! Je suis une grosse merde ». Et beaucoup d’autres qu’il faut découvrir. Indéniablement, la force de Zouzou, c’est d’aborder sérieusement des problèmes importants comme l’éducation sexuelle tout en étant drôle : pour Blandine Lenoir, ce qui se fait à l’école n’est pas suffisant et les adolescents continueront d’avoir des problèmes dans leur sexualité tant que, face au porno sur internet, on continuera à affubler les organes génitaux de termes tels que zézette et zizi plutôt que d’utiliser les mots vulve et pénis. Le film nous donne aussi l’occasion de rencontrer la complicité qui, très souvent, lie petits-enfants et grand-parents dans le dos des parents. De constater, aussi, que la très libérée Lucie, absolument pas choquée par ce qui se passe entre sa nièce de 14 ans et Théo, n’arrive pas à supporter que sa mère puisse s’éclater sexuellement, à 60 ans passés, avec un homme de son âge.
Sans tête d’affiche prestigieuse, le casting de Zouzou est particulièrement réussi. Laure Calamy, qui joue Lucie, confirme, avec un abattage hors du commun, qu’elle est une des jeunes actrices les plus prometteuses du cinéma français ; Sarah Grappin (Marie), Florence Muller (Agathe) et Jeanne Ferron (Solange, la mère et grand-mère) sont tout autant excellentes dans des rôles exigeants en matière de nuances. Au rayon homme, on retrouve Olivier Broche et sa ressemblance physique avec Denis Podalydès, et Philippe Rebbot : des habitués du cinéma français au titre des seconds rôles, ces comédiens si importants et dont on a du mal à mémoriser les noms. Généreux, Zouzou permet aussi de mettre en valeur un excellent chanteur français quelque peu méconnu : Bertrand Belin.
Pour confirmer cet avis positif, il n’est pas interdit d’aller lire la critique écrite par Pascal Le Duff au moment de la sortie du film en salles.
Le DVD
[4.5/5]
Une fois de plus, Blaq Out nous gâte avec un DVD à la belle qualité technique et très riche quant aux compléments. Concernant le son, on peut choisir entre stéréo 2.0 et Dolby 5.1 et on peut regarder avec ou sans des sous-titres pour sourds et malentendants. Quant à l’image, son piqué et sa luminosité sont excellentes. La brièveté du film permet de donner en complément un entretien de 11 minutes, très instructif, avec Blandine Lenoir. Encore plus intéressant, la présence sur le DVD de 3 court-métrages réalisés par Blandine : Dans tes rêves (16 mn, 2004), Rosa (23 mn, 2005) et Monsieur l’abbé (35 mn, 2009). Selon les court-métrages, on retrouve de nombreux membres de la famille cinématographique de la réalisatrice : Nanou Garcia, présente dans les 3, Florence Muller, Jeanne Ferron, Philippe Rebbot.
Ce DVD est disponible chez Blaq Out.