Wally’s Wonderland
États-Unis : 2021
Titre original : –
Réalisation : Kevin Lewis
Scénario : G.O. Parsons
Acteurs : Nicolas Cage, Emily Tosta, Beth Grant
Éditeur : Program Store
Durée : 1h25
Genre : Horreur, Comédie
Date de sortie DVD/BR : 2 novembre 2021
Un mystérieux vagabond accepte un travail de concierge dans un parc d’attractions pour enfants abandonné, appelé Willy’s Wonderland. Il va découvrir qu’il est pris au piège et qu’il a été désigné comme sacrifice humain pour d’étranges créatures. Le parc se transforme alors en cauchemar vivant peuplé d’animatroniques possédés par des démons…
Le film
[3,5/5]
Autrefois considéré comme une valeur sûre à Hollywood, Nicolas Cage est en l’espace de quelques années devenu un des acteurs les plus prolifiques du marché du DTV et des plates-formes de VOD. A de très rares exceptions, ses films ne sortent plus dans les salles obscures, mais cela ne l’empêche pas de tourner, tel un stakhanoviste de la série Z, enchaînant les nanars au rythme de deux à trois par an. Nicolas Cage a donc participé à rien de moins que 38 films ces dix dernières années – aucun d’entre eux n’est sorti en France, sauf les films d’animation dont il assurait le doublage et Pig, qui suit l’histoire d’un enlèvement de cochon, qui est sorti le mois dernier dans les salles obscures.
Car 2021 semble être une année importante pour Nic Cage, dans le sens où il a tourné coup sur coup trois films complètement barges et uniques : Pig de Michael Sarnoski, Prisoners of the Ghost Land, une comédie musicale horrifique signée Sono Sion (dont la sortie est prévue en février chez M6 Vidéo), et Willy’s Wonderland, le délire de série Z décomplexée qui nous intéresse aujourd’hui. Trois films qui pourront à eux-seuls constituer une explication quant à la côte de sympathie que conserve l’acteur auprès du public : c’est sa folie et son côté imprévisible qui déchaînent les passions…
Dans Willy’s Wonderland, Nicolas Cage incarne un personnage sobrement appelé « The Janitor » (l’homme d’entretien), chargé de passer une nuit dans une salle de jeux à thème. Ne prononçant pas un seul mot de tout le film, le mystérieux personnage interprété par Nicolas Cage se retrouvera face à face avec une série d’automates enfantins (un furet, un gorille, une autruche, un crocodile, etc) prenant vie et s’avérant bien décidés à lui faire la peau. Mais on se rendra vite compte que le danger ne se situe pas du côté que l’on imaginait : c’est bel et bien Nic Cage qui constitue un danger pour eux, et il va leur mettre leur race !
Peut-être pas aussi généreux et branque que le laissait augurer sa bande-annonce, Willy’s Wonderland n’en demeure pas un divertissement fort amusant. Inspiré par les animations de la chaine de restaurants Chuck-E-Cheese tout autant que par la série de jeux vidéo Five Nights at Freddy’s, le film tente vaguement de jouer sur le registre de l’horreur durant ses premières séquences, mais cédera rapidement à la bouffonnerie, faisant preuve d’une certaine inventivité cela dit autour du personnage de Nicolas Cage, qui justifie à lui seul le visionnage du film.
Versant volontiers dans le cauchemar absurde et sauvage, Willy’s Wonderland marque des points à travers la description de ce personnage tordu, accro à l’Energy Drink (Punch Pop), ne disant pas un mot mais plus expressif que la plupart des autres personnages du film. Ce Janitor silencieux n’est ainsi pas réellement défini par sa volonté d’anéantir les créatures, mais essentiellement par sa consommation de Punch Pop, qui s’avère littéralement réglée comme une horloge. Dès que sa montre sonne, c’est la pause : il arrête tout ce qu’il était en train de faire pour aller avaler une canette et jouer au flipper… Allant même jusqu’à confier un combat à quelqu’un d’autre pour satisfaire ses envies. Pourquoi ? On l’ignore, mais le fait est que ce comportement absurde fait partie du charme décalé du film de Kevin Lewis. On ira même jusqu’à affirmer que l’essentiel de l’inventivité que l’on reconnaîtra à Willy’s Wonderland tient dans le protagoniste central, qui au fur et à mesure que le récit avance dévoilera différents aspects de sa personnalité – et on vous le garantit, voir Nicolas Cage improviser un pas de danse devant son flipper vaut son pesant de cacahuètes…
Derrière le spectacle cheap et grotesque, Willy’s Wonderland développe également en filigrane une petite idée subversive pas exploitée à 100%, mais rappelant des films tels que Les griffes de la nuit ou Une nuit en enfer : les habitants de la petite ville de Hayesville ont en effet conclu un pacte avec les créatures démoniaques de la salle de jeux – ils leur apportent régulièrement des êtres humains qui seront autant de sacrifices destinés à s’assurer leur propre sécurité. L’idée est intéressante, surtout dans ce qu’elle sous-entend sur le rapport aux « étrangers » dans les petites bourgades américaines.
Avec des films tels que Hell Driver, Ghost Rider 2, Mandy ou Color out of Space, Nicolas Cage a toujours su fasciner les cinéphiles amateurs de cinéma déviant et alternatif, qui pardonnent volontiers à ses films leur côté parfois ouvertement mal torché. C’est pile le créneau dans lequel évolue Willy’s Wonderland : si on déplore l’aspect visuellement très moche du film de Kevin Lewis, si on aurait aimé un peu plus d’imagination dans les bastons et les mises à mort, ses bons côtés parviendront finalement à donner le change et à rendre le film foutrement attachant.
Le DVD
[4/5]
Willy’s Wonderland est disponible au format Blu-ray et DVD sous les couleurs de Program Store depuis le début du mois de novembre ; submergés par les nombreuses sorties liées aux fêtes de fin d’année, nous avons fait la demande de ce titre un peu trop tard pour obtenir un Blu-ray de la part de l’éditeur. Qu’à cela ne tienne cela dit : il faut avouer que Program Store est parfaitement rodé au format DVD, et nous propose ici un master sans faille : définition, piqué et couleurs composent parfaitement avec les limites d’un encodage en définition standard. C’est impeccable, et hormis quelques plans larges, le piqué est même étonnamment précis, et les couleurs sont vraiment éclatantes. Côté son, c’est du très classique (mais solide) Dolby Digital 5.1, dynamique et équilibré, en VF comme en VO : le spectateur bénéficiera d’un mixage très immersif, particulièrement remarquable durant les séquences horrifiques, habilement spatialisés.
Cela dit, on ne saurait trop vous conseiller, pour des raisons purement artistiques, de privilégier la VO. En effet, la VF réalisée par les équipes d’AudioProjects nous propose malheureusement des acteurs au ton monocorde et peu convaincant. Très prisées des éditeurs français en ce qui concerne les « Direct To Vidéo » et le cinéma de genre, ces petites boites de doublage solides et peu chères basées en Espagne (AudioProjects, New Connection, etc) fournissent malheureusement souvent des versions françaises faiblardes et uniformisées ; on y reconnaîtra ici les voix de Sylvie Santelli, Caroline Lemaire et bien sûr de l’omniprésent Michaël Cermeno.
Côté suppléments, l’éditeur nous propose, outre la traditionnelle bande-annonce, un intéressant making of (10 minutes) qui nous permettra d’entendre, entre deux moments volés sur le tournage, Nicolas Cage s’exprimer sur ce qui l’a attiré dans le scénario ainsi que sa préparation pour le rôle. Intéressant !