Way Down – Braquage final
Espagne, Royaume-Uni : 2021
Titre original : The Vault
Réalisation : Jaume Balagueró
Scénario : Rowan Athale, Michel Gaztambide…
Acteurs : Freddie Highmore, Àstrid Bergès-Frisbey, Sam Riley
Éditeur : TF1 Studio
Durée : 1h53
Genre : Action, Thriller
Date de sortie DVD : 18 mai 2022
Coupe du monde de football 2010. Contacté par un cambrioleur de haut vol, un brillant étudiant britannique s’envole pour l’Espagne pour s’emparer d’un trésor détenu dans une banque au système de sécurité très élaboré et dont il ne subsiste aucun plan…
Le film
[3,5/5]
Voilà quelques années que l’on n’avait pas eu de nouvelles de Jaume Balagueró. Découvert en 1999 avec La Secte sans nom, Jaume Balagueró n’avait depuis jamais cessé de se faire remarquer dans le petit monde du « cinéma fantastique espagnol », qui était d’ailleurs quasiment devenu un sous-genre officiel, et ce en partie grâce à lui. Darkness, Fragile, [Rec], [Rec]², Malveillance, [Rec] 4 : Apocalypse… Si tous les films de Balagueró ne faisaient certes pas forcément preuve du même niveau d’excellence, tous demeuraient intéressants. Le dernier film de Balagueró que les cinéphiles avaient pu découvrir était Muse, sorti directement en vidéo sous les couleurs de La Rabbia dans le courant de l’année 2018.
Quatre ans plus tard, Jaume Balagueró est donc de retour avec Way Down – Braquage final, un film n’ayant pas eu l’honneur d’une distribution dans les salles mais que l’on a pu découvrir depuis un peu plus d’un an en VOD et sur Canal+. La principale curiosité du film réside probablement dans le fait qu’il n’appartient pas au genre fantastique : il s’agit d’un film « de commande » pour Jaume Balagueró, qui s’inscrit dans le genre très codifié du « film de casse », à la Ocean’s 11 auquel le scénario se réfère occasionnellement. L’idée au cœur de Way Down – Braquage final et l’argument central du film sont donc pour une petite bande de malfrats de craquer un coffre-fort réputé inviolable.
La construction de Way Down – Braquage final suit donc un déroulement très codifié, qui ne laissera que peu de place aux surprises : après la présentation de l’équipe de braqueurs (chacun ayant naturellement son domaine d’expertise), la première moitié du film sera consacrée à la phase de préparation et de repérages, et la deuxième partie du film se concentrera sur la phase d’exécution du plan, la particularité du genre étant bien entendu que le plan en question ne se déroule jamais tout à fait sans accroc – n’est pas L’Agence tout risque qui veut, n’est-ce pas ?
Way Down – Braquage final déroule donc son récit d’une façon qui pourra être considérée comme finalement très « familière » aux cinéphiles ayant déjà vu plusieurs films de casse. Pour autant, on ne pourra que saluer la réussite de l’ensemble, et ce pour plusieurs raisons. La première, bien évidemment, réside dans la maestria technique que déploie Jaume Balagueró derrière la caméra, absolument bluffante, surtout si l’on considère la nature de coproduction européenne du film. Le cinéaste fait preuve de beaucoup de talent et d’efficacité, surtout dans les scènes de suspense, telles que celle mettant en scène un passage en équilibre au-dessus d’une échelle branlante, qui provoquera une sensation de vertige assez étonnante chez bien des spectateurs.
L’autre raison qui fait finalement de Way Down – Braquage final un divertissement aussi solide que réjouissant se situe dans le souci porté aux détails par la batterie de scénaristes ayant officié sur le film (Rowan Athale, Michel Gaztambide, Borja Glez. Santaolalla, Andres Koppel et Rafa Martínez). Le contexte (on est en pleine finale de la coupe du monde de foot en 2010), les personnages, caricaturaux mais attachants, et surtout les différents défis à relever pour enfin percer les mystères de ce coffre-fort permettent finalement au film de se démarquer et de se différencier des autres films du genre de manière tout à fait satisfaisante.
Way Down – Braquage final représente donc un changement de style radical pour Jaume Balagueró qui, à l’inverse de son compatriote Jaume Collet-Serra, était jusqu’ici toujours resté fidèle au cinéma fantastique. Pour autant, le fait de le voir se tourner ici vers un cinéma plus accessible et grand public, très éloigné des œuvres qui l’ont fait connaître, nous confirme que le cinéaste s’avérer tout à fait capable de réaliser des œuvres de commande sans y perdre son âme ni son talent. Car aussi nouveau et différent qu’il puisse être pour son réalisateur, Way Down – Braquage final s’impose comme une excellente contribution au genre, toujours suffisamment immersive et intéressante pour que l’on se concentre sur la qualité de l’ensemble plutôt que de s’inquiéter de son absence d’originalité. Ainsi, et même s’il dure presque deux heures, le film ne souffre jamais d’un « ventre mou », développant tout du long un rythme rapide qui ne laissera jamais le temps au spectateur de s’ennuyer.
Le DVD
[4/5]
C’est TF1 Studio qui nous permettra finalement de découvrir Way Down – Braquage final en DVD après une période d’un an allouée à Canal+ pour la diffusion du film. Habitué au support DVD depuis de nombreuses années, l’éditeur fait honneur aux derniers balbutiements du support, avec une image d’une belle précision, qui rend clairement honneur à la belle photo rétro-techno de Daniel Aranyó. Les contrastes n’étouffent pas trop les noirs, et on ne dénote pas de souci de compression majeur : si les arrière-plans laissent par moments apparaître de légers fourmillements, l’éditeur compose parfaitement avec les qualités et les limites d’un encodage DVD. Du beau travail, que vient confirmer la présence de deux mixages Dolby Digital 5.1 en VF et en VO : l’ensemble est dynamique et très immersif, et s’avérera tout particulièrement remarquable durant la séquence du casse à proprement parler.
Du côté des suppléments, on se plongera avec plaisir dans un court making of (9 minutes), qui permettra à Jaume Balagueró de revenir sur la genèse du projet, ses propos étant largement entrecoupés de moments volés sur le tournage du film.