Un homme en fuite
France : 2024
Titre original : –
Réalisation : Baptiste Debraux
Scénario : Baptiste Debraux
Acteurs : Bastien Bouillon, Léa Drucker, Pierre Lottin
Éditeur : Blaq Out
Durée : 1h42
Genre : Thriller, Drame
Date de sortie cinéma : 8 mai 2024
Date de sortie DVD : 17 septembre 2024
Rochebrune est au bord du chaos. Johnny, leader du mouvement de protestation de la ville, a disparu après avoir braqué un fourgon. Lorsque Paul Ligre apprend la nouvelle, il revient dans la ville qui l’a vu grandir pour retrouver son ami d’enfance avant la police. Seulement, l’enquête d’Anna Werner la mène inéluctablement vers le secret qui unit Paul et Johnny…
Le film
[3,5/5]
Un Homme en fuite est le premier long-métrage de Baptiste Debraux : il s’inscrit dans une certaine tradition du polar à la Française, extrêmement noir ; comme dans d’autres thrillers made in France sortis ces dernières années (Edy, Poupoupidou, Disparue en hiver, Trois jours et une vie, la série Zone Blanche), la forêt y tient un rôle très important, s’imposant presque comme un protagoniste à part entière du récit. Cette fois, il s’agit des Ardennes, qui avaient déjà servi de cadre à un roman de Georges Simenon, Maigret chez les flamands. La référence n’est d’ailleurs pas innocente, dans le sens où on retrouvera dans le scénario d’Un Homme en fuite quelques similitudes avec les romans de Simenon, notamment dans l’opposition entre riches et ouvriers, ou dans la défiance vis-à-vis des politiciens et des syndicalistes.
Si le film s’ouvre de façon énergique sur les images d’un homme traqué dans une forêt, le gros de la narration d’Un Homme en fuite se fera par le biais d’incessants allers et retours entre le passé et le présent, nous montrant les relations entre les différents personnages à quinze années d’intervalle. Malheureusement, si ce procédé permet de creuser la psychologie des personnages, il tend aussi régulièrement à casser le rythme de l’ensemble. Pour le reste, l’intrigue d’Un Homme en fuite mêle histoires de famille, d’amitié et même d’amour sur fond de lutte des classes et de conflits sociaux dans une région sinistrée par la désindustrialisation. Baptiste Debraux bénéficie de la prestation de plusieurs acteurs chevronnés, allant de Léa Drucker, convaincante, à Anne Consigny, en passant par l’excellent Bastien Bouillon, Pierre Lottin et Marion Barbeau, « la » révélation du film, toute en intensité.
La multiplication des flash-backs au cours de l’intrigue d’Un Homme en fuite tend par moments à faire partir le récit dans toutes les directions, et l’on perdra régulièrement de vue l’intrigue policière au cœur du film, complexifiée par le vaste réseau de ramifications liant les personnages. Cependant, on notera dans le scénario quelques jolies trouvailles : l’une des digressions les plus intéressantes du récit tourne autour de l’amour partagé par plusieurs personnages pour le chef d’œuvre de Robert Louis Stevenson « L’île au trésor », qui se révélera une des clés de la résolution de l’enquête. Porté par les beaux paysages naturels des Ardennes, le récit sera par ailleurs rythmé par la musique du groupe Feu! Chatterton, un groupe de rock bobo ayant connu un petit succès en 2021 avec leur titre « Monde nouveau ».
Le DVD
[4/5]
Côté DVD, il n’y a aucun doute, l’éditeur Blaq Out connait le support sur le bout des doigts et maîtrise l’encodage de façon vraiment remarquable. Qu’il s’agisse de la définition, des couleurs ou de la gestion bruit vidéo, tous les écueils auxquels on pourrait s’attendre sont brillamment et soigneusement évités. Niveau image, le DVD d’Un Homme en fuite tient donc vraiment du sans-faute, et il faut reconnaître que le boulot de l’éditeur rend vraiment hommage à la jolie photo du film, signée Fabien Benzaquen. Coté son, le mixage Dolby Digital 5.1 se révèle très rapidement ample et dynamique, et fait le boulot de façon très immersive. On notera bien sûr la disponibilité d’un mixage Dolby Digital 2.0, plus cohérent si vous n’utilisez pas de système de spatialisation acoustique. Du très beau travail technique ! Du côté des suppléments, on trouvera un entretien avec Baptiste Debraux (22 minutes), au cœur duquel le réalisateur du film, visiblement très fier d’avoir tourné dans les Ardennes, reviendra sur la genèse du film et dressera une intéressante note d’intention.