Triskell et Croix gammée
France : 2004
Titre original : –
Réalisation : Gabriel Martin
Scénario : Gabriel Martin
Acteurs : Michel Denis, Kristian Hamon, Jean-Jacques Monnier
Éditeur : Rimini Editions
Durée : 0h51
Genre : Documentaire
Date de sortie cinéma : –
Date de sortie DVD : 6 septembre 2016
Synopsis : Très tôt, la Bretagne a résisté à l’occupation allemande. Pourtant, des mouvements qui rêvaient de l’indépendance bretonne se sont fourvoyés dans des compromissions avec les nazis. Antisémitisme, milices, actions violentes… Grâce aux concours d’historiens, de multiples archives, et de survivants de cette époque, ce documentaire regarde en face une réalité trop longtemps cachée.
Le film
[3.5/5]
Il est infiniment probable que les noms de Yann Goulet, de Olier Mordrel, de Henri Caouissin, de Yann Fouéré, de Célestin Lainé, de l’abbé Perrot, vous sont totalement inconnus. Le documentaire Triskell et Croix gammée, produit par Morgane Production et TV Breizh et sous-titré Les années noires du nationalisme breton, permet de sortir ces noms de l’oubli ce qui, en soi, n’est pas d’une importance capitale. Ce qui est important, en cette période où, un peu partout en Europe, on n’entend parler que de nationalisme, de souverainisme, de fédéralisme, de séparatisme et d’indépendantisme, c’est d’être confronté dans un film à ce à quoi les idées qui se cachent derrière ces mots ont pu conduire dans certaines circonstances. Dans Triskell et Croix gammée, il s’agit de la Bretagne et des compromissions avec les nazis de certains penseurs, dirigeants et militants du mouvement nationaliste breton. D’où le titre : le symbole celtique et le symbole du nazisme. Très bien documenté, ce film fait l’historique de ce mouvement depuis le début du 20ème siècle et montre pourquoi et comment certains de ses dirigeants ont pensé que l’Europe que proposait Hitler permettrait à la Bretagne de se débarrasser de l’emprise d’un état, l’état français, qui, entre autre, ne permettait pas aux bretons de parler et d’enseigner la langue bretonne. Les espoirs placés dans un rapprochement avec l’Allemagne ont vite été déçus mais ce rapprochement a continué car certains penseurs et dirigeants du mouvement nationaliste breton étaient ouvertement antisémites, d’autres croyant dans l’existence d’une race bretonne, une race pure, exempte de tout métissage, plus proche de ce qu’on trouvait de l’autre côté du Rhin que du métissage français (déjà !) et des populations méditerranéennes. Le film fait intervenir plusieurs historiens, quelques survivants parmi les leaders nationalistes de ces années noires et quelques uns de leurs enfants. Il permet de relativiser l’importance en nombre de ceux qui ont plus (en particulier les membres de la milice Perrot, unité bretonne combattant sous uniforme allemand au sein de la Waffen SS) ou moins adhéré aux thèses du nazisme allemand : 1500 à 2000 adhérents dont 300 activistes à comparer aux 30 000 combattants bretons dans la résistance. Il montre aussi que, juste après la guerre, les tribunaux n’avaient pas tous les renseignements dont on dispose aujourd’hui, ce qui explique la relative clémence dont ils ont fait preuve, seulement 200 membres de cette mouvance ayant été jugés, 20 condamnés à mort et 8 exécutés.
Ce très intéressant documentaire n’oublie pas d’évoquer la renaissance de mouvements bretons après la guerre, mais sous des formes nouvelles, plus souvent proches de la gauche que de l’extrême-droite.
Le DVD
[2.5/5]
Difficile de porter un jugement quelconque sur ce DVD, à part ceux qu’on peut porter sur le film : aucun choix (son en Dolby 2.0), aucun supplément.