Tess d’Urberville
Titre original : Tess of the Durbervilles
Réalisateur : David Blair
Scénario : David Nicholls
Acteurs : Gemma Arterton, Eddie Redmayne, Hans Matheson
Éditeur : Condor Entertainment
Durée : 3 h 56
Genre : Comédie romantique
Série TV jamais diffusée en France
Date de sortie DVD : 28 septembre 2015
La vie de Tess, jeune et belle paysanne, bascule lorsque son père découvre par hasard qu’il est le dernier descendant d’une grande famille d’aristocrates.Tess doit revendiquer sa parenté auprès des riches D’Urberville et devient l’objet de convoitise d’Alec, le fils manipulateur. Elle fait aussi la rencontre d’Angel Clare, un homme attentionné et aimant, mais qui ne connait rien de son passé …
Le film
[4/5]
L’achat des séries de télévision étrangères par les chaînes françaises obéit parfois à des règles difficiles à comprendre. C’est ainsi que, lorsqu’on connaît la grande qualité des séries britanniques, on peut s’étonner que la mini série Tess d’Urberville (4 épisodes de 59 minutes chacun) , produite en 2008 par la BBC, n’ait jamais eu les honneurs d’une diffusion télé dans notre pays. Une explication, peut-être : il s’agit d’une adaptation du roman homonyme de Thomas Hardy, paru en 1891 et déjà porté à l’écran, au cinéma, en 1979, par Roman Polanski. sous un titre raccourci : Tess, avec Nastassja Kinski dans le rôle titre. Heureusement, il devient possible de réparer cette injustice avec ce double DVD édité par Condor Entertainment. Trois raisons ont, peut-être, motivé cette sortie : la renommée de plus en plus grande de l’actrice Gemma Arterton qui interprète le rôle de Tess ; l’Oscar du meilleur acteur obtenu en février 2015 par Eddie Redmayne qui interprète le rôle d’Angel Clare ; le fait, enfin, que le livre de Thomas Hardy soit cité dans le roman « Cinquante nuances de Grey ». Toutefois, lorsqu’on a visionné les 4 épisodes de cette série, la raison principale devient évidente : il s’agit d’une très belle réalisation et il eut été dommage qu’elle ne soit jamais mise à la disposition du public français. Adaptation plutôt fidèle du roman de Thomas Hardy, Tess d’Urberville nous entraîne dans l’ouest de l’Angleterre dans la 2ème moitié du 19ème siècle : la reine Victoria est au pouvoir, et règnent avec elle le poids de la religion associé à une morale puritaine d’une grande hypocrisie et une très grande ségrégation entre les diverses strates de la société : la noblesse, la bourgeoisie, le monde paysan, etc. Tess Durbeyfield est une jeune fille d’une grande beauté qui appartient à ce monde paysan et son père, John, un pauvre charretier porté sur la boisson, vient d’apprendre qu’il est le descendant des d’Urberville, une famille noble d’origine normande. Cette nouvelle bouleverse la famille et conduit Tess auprès d’Alec d’Urberville, le descendant dépravé d’une famille qui a acheté ce titre de noblesse, une rencontre qui va contrarier l’amour véritable et partagé que Tess voue à Angel Clare, le fils d’un pasteur dont de nombreuses jeunes filles sont également amoureuses.
Même si ce film apparaît moins sombre que le roman de Thomas Hardy, la peinture qu’il fait de l’Angleterre de la 2ème moitié du 19ème siècle n’a rien de bien rose. Le réalisateur David Blair et le scénariste David Nicholls montrent combien la condition des paysans était difficile et, à juste titre, ils insistent tout particulièrement sur la condition des femmes sous ce règne d’un souverain qui était elle-même une femme : Pour Alec d’Urberville, Tess est belle, sa beauté ne peut qu’en faire une tentatrice et ce ne peut être la faute d’un homme s’il succombe à cette tentation. On n’est vraiment pas loin des arguments en faveur de la burqa ou du niqab ! Même Angel, un homme un peu plus évolué, n’a aucun doute sur le fait que Tess ne lui tiendra pas rigueur d’avoir connu une autre femme avant elle, mais se refuse à accepter la réciprocité. David Blair n’oublie pas de mettre en avant le fait que, pour Thomas Hardy, Tess est en quelque sorte une représentation symbolique de la nature que le modernisme est en train de souiller petit à petit (eh oui, déjà en 1891!) : l’utilisation fréquente d’un grand angle permet d’utiliser au maximum la beauté de la campagne anglaise et d’en faire un personnage supplémentaire. Si le premier épisode est plus faible que les trois suivants, Tess d’Urberville est vraiment une série qui aurait pu (dû!) faire les beaux jours d’une chaîne comme Arte. Finalement, le seul bémol concerne la musique : même si elle est de qualité, très inspirée par l’œuvre de Vaughan Williams, elle est souvent trop présente. Pour finir un petit détail réservé aux amateurs de couses cyclistes : la ressemblance entre Eddie Redmayne et le champion français Sylvain Chavanel est particulièrement frappante !
Le DVD
[4/5]
Tess d’Urberville se présente sous la forme d’un boitier contenant 2 DVD : les deux premiers épisodes dans le premier, les deux suivants plus le bonus dans le second. Ce bonus consiste en un « making of » de 29 minutes dans lequel s’expriment les principaux interprètes du film et les trois David : David Blair, le réalisateur, David Nicholls, le scénariste (qui s’est entiché du roman de thomas Hardy dès l’âge de 17 ans) et David Snodin, le producteur. On apprend que le film a été tourné en 35 mm et il est bon de se souvenir qu’il date de 2008 quand on entend David Blair proclamer que la pellicule a encore un rôle à jouer mais qu’il est conscient qu’il lui faudra tôt ou tard passer au numérique. Sinon, le film n’est visible qu’en version originale sous-titrée, avec le son en Dolby 2.0. On notera que les couleurs vues dans le film sont moins vivaces que celles du « making of » : pas toujours un défaut, mais parfois oui !