Test DVD : Tel Aviv – Beyrouth

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Tel Aviv – Beyrouth

Chypre, France, Allemagne : 2022
Titre original : Tel Aviv-Beirut
Réalisation : Michale Boganim
Scénario : Michale Boganim
Acteurs : Sofia Essaïdi, Sarah Adler, Zalfa Seurat
Éditeur : Blaq Out
Durée : 1h56
Genre : Drame
Date de sortie cinéma : 1 février 2023
Date de sortie DVD : 6 juin 2023

De 1984 à 2006, deux familles, l’une libanaise, l’autre israélienne, sont prises dans la tourmente des guerres à répétition entre Israël et le Liban. Entre le sud du Liban et Haïfa, l’Histoire vient à la fois bouleverser et réunir les destins individuels…

Le Film

[3,5/5]

Remarquée en 2005 avec Odessa… Odessa !, son premier long métrage documentaire tourné entre Odessa, New York et Israël, Michale Boganim avait fait un petit détour par la fiction avec La Terre outragée en 2012, pour se rappeler à nos mémoires en début d’année avec Mizrahim – Les oubliés de la Terre Promise, un autre long-métrage documentaire qui évoquait de manière assez frontale la discrimination entre juifs Ashkénazes et Mizrahim en Israël.

De retour à la fiction avec Tel Aviv – Beyrouth, Michale Boganim choisit de livrer au public un attachante chronique multi-familiale, qui s’attache au parcours de plusieurs femmes séparées de leur famille par la frontière, entre 1984 et 2006, sur fond de conflit israélo-libanais. Dès la séquence d’ouverture, le ton nostalgique du film sera donné, avec l’évocation d’une ligne de chemin de fer qui, avant la Seconde Guerre mondiale, reliait Beyrouth à Tel Aviv. La nostalgie est un sentiment très fort dans le cinéma de Michale Boganim : il planait déjà comme une ombre au-dessus de tous ses films précédents.

La narration de Tel Aviv – Beyrouth s’étale sur trois époques : la partie centrale du film se déroule en 1984, puis on aura droit à un saut temporel vers l’an 2000, puis en 2006. La partie la plus importante du film, bien sûr, est celle se déroulant dans les années 80. Le spectateur y est balancé par Michale Boganim en plein cœur de la guerre civile, avec l’armée israélienne qui occupe le Sud-Liban depuis déjà eux ans. Mais la complexité de la guerre et des conflits armés n’est pas ce qui intéresse la cinéaste, qui s’attardera davantage sur les liens affectifs qui se nouent entre les personnages, ainsi que sur le portrait de ces familles, l’une libanaise et l’autre israélienne, et dont l’histoire s’inscrit, bien malgré elles, dans l’histoire de leurs pays.

La guerre est donc une toile de fond dans Tel Aviv – Beyrouth, mais une toile de fond absolument capitale, qui s’infiltre dans tous les aspects de la vie civile ; de la même façon, la frontière est presque considérée comme un véritable « personnage » au cœur du film. Parallèlement aux histoires de femmes au cœur du film, Michale Boganim met également en scène une solide amitié entre Yossi, un soldat israélien (Shlomi Elkabetz), et Fouad, un milicien libanais (Younes Bouab). Une amitié dangereuse, et comme si les choses n’étaient pas encore assez compliquées, la fille de Fouad se liera avec un jeune garçon chiite… La cinéaste nous démontre de façon assez brillante qu’en dépit de la guerre et des questions de « camps », rien n’empêche les humains de se lier les uns aux autres.

Et quand la guerre vient détruire une famille par la biais d’une roquette, les liens demeurent et ne se rompent pas. Passé cet événement cependant, le récit se recentrera essentiellement autour du personnage de Tanya (Zalfa Seurat), qui deviendra rapidement le centre du film, notamment parce qu’elle semble incarner la force vitale de sa famille. Son père symbolise à lui seul les contradictions du pays, déchiré entre patriotisme, trahisons, pragmatisme et illusions perdues. Dans l’ensemble, les acteurs de Tel Aviv – Beyrouth sont assez surprenants – on notera en particulier les prestations de l’actrice franco-israëlienne Sarah Adler (Foxtrot), et de Sofia Essaïdi, que l’on avait découverte en France en 2003 à l’occasion de la saison 3 de l’émission de variétés Star Academy.

Le DVD

[4/5]

Tel Aviv – Beyrouth n’a enregistré qu’un peu plus de 13.000 entrées en France, et comme il fallait s’y attendre, le film ne débarquera en vidéo que sur support DVD, sous les couleurs de Blaq Out. Cependant, à l’ère de Netflix et du tout numérique, on félicite tout de même l’éditeur de prendre la peine de sortir le film sur support physique, même si on trouve que la superbe photo du film aurait probablement mérité d’être découverte en Haute-Définition. Techniquement, le DVD de Tel Aviv – Beyrouth s’avère cependant tout à fait fréquentable : définition, couleurs, piqué, tout est absolument satisfaisant. L’éditeur, rôdé au support DVD, nous propose un encodage maîtrisé, dont on ne percevra les limites techniques que sur certains arrière-plans affichant un léger bruit vidéo. Côté son, le film nous est proposées en Dolby Digital 5.1 dans un mixage respectant l’esprit du film, aux effets de spatialisation discrets et totalement cohérents avec l’histoire qui nous est racontée. Comme d’habitude avec Blaq Out, un mixage Dolby Digital 2.0 est également disponible, et s’avérera sans doute plus cohérent si vous visionnez Tel Aviv – Beyrouth sans utiliser de barre de son ou de système de Home Cinema.

Du côté des suppléments, on trouvera un entretien avec la réalisatrice Michale Boganim (19 minutes). Cette dernière reviendra sur ses inspirations, son expérience de la guerre, ainsi que ses choix narratifs et esthétiques pour le film.

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