Test DVD : Supernichons contre mafia

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2010

Supernichons contre mafia


États-Unis : 1974
Titre original : Double agent 73
Réalisateur : Doris Wishman
Scénario : Judy J. Kushner, Doris Wishman
Acteurs : Chesty Morgan, Frank Silvano, Saul Meth
Éditeur : Sidonis Calysta
Durée : 1h32
Genre : Espionnage (mais d’un tout nouveau genre)
Date de sortie DVD : 13 février 2015

 

 

Bien qu’elle souhaite se retirer des affaires, Jane Tennay reprend du service à la demande du patron des Services Secrets. Sa mission : identifier le chef d’un gang de trafiquants de drogue qui inonde le marché d’une héroïne bon marché. Son arme secrète : un microscopique appareil photo implanté dans le téton de son sein gauche. Pratique pour prendre des clichés de documents compromettants. Mais, son opulente poitrine, Jane l’utilise aussi pour faire diversion, empoisonner et assommer ses ennemis…

 

 

Le film

[5/5]

Supernichons contre mafia. Rien que le titre, tout un poème. En 2015, époque où j’écris ces mots (mais peut-être suis-je actuellement lu par un lecteur du futur, hey, comment ça va les voitures volantes ?), il serait impensable de ne serait-ce qu’évoquer le fait de produire et distribuer un film sous ce titre sans qu’une Femen vous saute à la gorge pour vous arracher la glotte avec les dents. Pourtant, Supernichons contre mafia gagnerait à être plus connu. Film d’espionnage d’un nouveau genre, il suit la trajectoire d’une espionne se faisant greffer, à la demande du patron des Services Secrets américains, un appareil photo dans le sein gauche, qu’elle utilisera donc afin de prendre en photo les documents compromettants d’un gang de trafiquants de drogue. Pour effectuer sa tâche, elle devra tomber le haut, libérer son opulente poitrine et appuyer sur son nichon, lequel prendra donc une photo, avec bruit d’obturateur et flash à l’appui. Bon, certes, je ne suis pas un professionnel de l’espionnage, mais j’ai tout de même l’impression qu’il y aurait des méthodes plus simples pour prendre des photos à l’insu des truands, genre un simple appareil photo miniature par exemple. Dans le fond, même un appareil photo de taille normale serait plus discret que de se foutre seins nus dans la salle où les trafiquants rangent leurs factures de drogue. Mais bon, à vrai dire, le script n’est jamais très clair sur ce sujet précis. Sans doute s’agit-il en réalité d’une façon pour Chesty Morgan de concurrencer James Bond, et son fournisseur en gadgets officiel, le bien nommé « Q » : jamais l’agent 007 se s’était rien greffé sur le bout du gland.

Parce que je ne l’avais pas précisé, mais l’espionne en question, c’est Chesty Morgan, qui affichait un tour de poitrine de 183 centimètres (!!!!) et devait de toutes façons utiliser régulièrement ses nichons dans le cadre de son travail. Peut-être pas pour planter des clous ou jouer du piano (encore que…), mais en combat rapproché, elle se servait volontiers de sa poitrine pour étouffer, voire assommer ses assaillants. Encore un exemple de détail propre aux Services Secrets américains que James Bond ne pratiquait pas avec ses couilles pour Sa Gracieuse Majesté.

Pour tout dire, tel que nous le découvrons aujourd’hui, avec sa version française complètement décalée (on y revient dans quelques lignes, rassurez-vous), Supernichons contre mafia évoque beaucoup les romans de Frédéric Dard de la collection San-Antonio. Véritable phénomène de foire (comme le serait également Lolo Ferrari, actrice pour le belge Jean Bucquoy ou chez Patrick Timsit durant les années 90), Chesty Morgan rappelle les « freaks » attachants qui forment l’équipe du commissaire San-Antonio : le personnage de Jane Tennay, l’espionne aux mamelles aussi explosives que photographiques, ne détonerait pas aux côtés du mastard Bérurier, énorme et répugnant personnage doté d’un chibre de quarante centimètres, ou encore du « vieux » Pinaud, chétif, radoteur et sénile. Supernichons contre mafia. En fait y’avait même pas besoin d’article. Avec un titre pareil… Supernichons contre mafia, quoi. Achat direct et obligatoire.

 

 

Le DVD

[5/5]

Disponible depuis le 13 février sur support DVD chez Sidonis, Supernichons contre mafia s’offre une bien belle édition française. Le master, restauré à l’occasion de la sortie aux États-Unis d’un Blu-ray réunissant les trois films de la carrière de Chesty Morgan il y a quelques mois (quelques décennies pour le lecteur du futur qu’on a croisé plus haut), affiche une forme insolente : couleurs, piqué, définition, c’est du tout bon, l’éditeur composant fort bien avec les limites d’un encodage en définition standard. La version française d’origine est naturellement couplée à la version originale sous-titrée, les deux mixages en Dolby Digital mono d’origine font correctement le boulot. On notera qu’il s’agit de là de l’indispensable version française d’origine, dont certains courts passages, qui ont été perdus ou n’ont jamais été doublés, reviennent automatiquement à la V.O. « Et en quoi la VF serait indispensable ? » me demanderez-vous. Hé bien, s’il serait mentir de dire que l’intrigue de Supernichons contre mafia est traitée avec un sérieux imperturbable dans sa version originale (ça serait tout de même difficile avec une intrigue aussi con), le film de Doris Wishman n’est pas non plus, quand on le regarde dans la langue de Shakespeare, tout à fait le gros délire assumé et grivois que nous propose son doublage français, qui adapte très librement les dialogues que s’échangent les protagonistes du film, et en rajoute encore dans la joyeuse crétinerie de l’entreprise.

Comme de bons exemples valent mieux qu’un long discours, voici donc quelques-unes des « traductions » proposées par le film, qui n’auraient sans doute pas valu à leurs auteurs un 20/20 en version. « Don’t trust anyone… Toplar’s agents are everywhere » devient en français « Ne fais confiance à personne… Autrement, tu l’as dans le cul », « I never felt this way before… » devient en français « Je n’ai jamais senti quelque-chose de comparable quand je lui caresse les seins… », et -il faut vraiment l’entendre pour le croire, « Wait a bit, I’m not ready. Let me get to something more comfortable » devient en français « Attends un peu, je vais me laver le cul. Tiens-la bien droite, je serai pas longue à revenir mon lapin ».

Mais c’est surtout avec sa section suppléments que Sidonis se démarque particulièrement. On passera certes rapidement sur le sujet consacré à Doris Wishman, paresseusement écrit par Marc Toullec et dont la durée est artificiellement gonflée par l’utilisation de nombreuses bandes-annonces : Linda Tahir a beau faire ce qu’elle peut pour donner de la vie à l’ensemble, on sent le manque d’investissement certain de Toullec sur le sujet, qui se révèle finalement « juste » informatif, mais sans passion (c’est déjà ça, remarquez). Mais le vrai morceau de choix de cette édition, c’est la rencontre entre Christophe Carrière et Patrick Brion consacrée à Supernichons contre mafia. On excusera de fait les petites erreurs commises ici ou là (Brion y évoque Abyss comme faisant partie de la filmographie de Francis Ford Coppola) pour se concentrer sur la somme d’informations et d’anecdotes lâchées lors de cette discussion à bâtons rompus, passionnée et passionnante. Carrière, qui parle fréquemment de « génie » et use de tous les superlatifs concernant le film de Wishman, est constamment ramené à la réalité par un Patrick Brion hilare. Les deux critiques passent un très bon moment, et leur bonne humeur est clairement communicative : voila une demie-heure ponctuée de francs éclats de rire qu’on prendra sans doute plaisir à revoir, seul ou avec des amis, en préambule de ce film unique et… pénétrant.

 

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