Spartacus & Cassandra
France : 2014
Titre original : –
Réalisateur : Ioanis Nuguet
Scénario : Ioanis Nuguet, Samuel Luret
Acteurs : Cassandra Dumitru, Spartacus Ursu, Camille Brisson
Éditeur : Blaq Out
Durée : 1h20
Genre : Documentaire, conte
Date de sortie cinéma : 11 février 2015
Date de sortie DVD : 1er septembre 2015
Spartacus, jeune Rrom de 13 ans et sa soeur Cassandra, 10 ans sont recueillis dans le chapiteau-squat de Camille, une drôle de fée trapéziste qui prend soin d’eux, leur offre un toit et leur montre le chemin de l’école. Mais le cœur des enfants est déchiré entre l’avenir qui s’offre à eux… Et leurs parents qui vivent encore dans la rue.
Le film
[3.5/5]
Curieux film que ce premier long métrage de Ioanis Nuguet que la sélection ACID avait permis de découvrir à Cannes en 2014, qui avait fait une sortie très honorable en salles l’hiver dernier et que Blaq Out nous propose en DVD. Un documentaire ? Pas vraiment, dans la mesure où le montage du film a été fait pour respecter un scénario écrit par le réalisateur et par le producteur Samuel Luret, dans la mesure, aussi, où des commentaires en voix off venant des protagonistes, très écrits, accompagnent très souvent le récit. Un film de fiction ? Pas vraiment non plus, puisqu’on accompagne tout du long une histoire qui s’est réellement passée il y a maintenant 4 ans. Cette histoire, c’est celle d’un frère et d’une sœur, Spartacus et Cassandra, 13 ans et 11 ans à l’époque, en 2011, deux enfants rroms qui sont à un tournant capital de leur existence : leurs parents, venus de Roumanie les ont fait vivre dans des squats dans lesquels se succédaient expulsions et incendies. Dans un de ces squats, en Seine Saint-Denis, Camille, une jeune trapéziste amoureuse de la culture Rrom et du cirque, a, un jour, installé son chapiteau et hébergé la famille. Petit à petit, ses liens avec les deux gamins sont devenus de plus en plus forts alors que ceux avec le père, alcoolique, souvent violent et ingérable, sont devenus conflictuels et se sont plus ou moins rompus. Ioanis Luret, qui, depuis quelque temps, tournait dans cet environnement sans trop savoir si ce qu’il tournait allait se matérialiser sous la forme d’un documentaire ou celle d’une fiction, est arrivé sur cette histoire au moment où la justice et l’Aide sociale à l’enfance commençaient à s’intéresser au cas de Spartacus et Cassandra : rester avec leurs parents, c’est-à-dire, presque à coup sûr, retrouver la rue ? Trouver une famille d’accueil ? Qui doit décider ? Quel rôle assigner à Camille ? C’est là que le producteur Samuel Luret a fait comprendre à Ioanis Nuguet que le film que ce dernier voulait faire, il était là, en train de s’écrire dans la vraie vie.
Au départ, c’est le fameux discours de Grenoble qui a incité Ioanis Nuguet à approcher la communauté Rrom, caméra en main. Comment vivent-ils ? Pourquoi cette stigmatisation venant de la tête de l’Etat ? Le tournage du film par Ioanis, caméra à l’épaule, a duré environ un an. Une année pendant laquelle le réalisateur a vécu presque en permanence avec les protagonistes. Le montage du film, réalisé également par Ioanis Nuguet, a duré au moins autant. La vision de Spartacus & Cassandra fait parfois penser à un conte dans lequel des enfants s’avèrent plus adultes que leurs parents et qui en arrivent à se dire : « La seule solution pour que je puisse vivre sans mes parents, c’est que mes parents puissent vivre sans moi ». Un conte dans lequel le protagoniste principal, Spartacus, est loin de se montrer sous un jour très sympathique. Jusqu’au moment où sa vie devient plus stable, plus intégrée, moins précaire : ayant trouvé sa place, il semble alors s’épanouir et s’ouvrir aux autres. Et si c’était cela la solution, plutôt que le rejet !
Le DVD
[4/5]
Concernant les suppléments, Blaq Out a mis le paquet, tout au moins quant au nombre : en effet, on en compte pas moins de sept ! Le plus intéressant, et de loin, consiste en un entretien de 13 minutes avec le réalisateur, consacré, bien sûr, à la genèse du film. Celui intitulé « L’atelier slam de Spartacus » n’est pas inintéressant mais il est peut-être un peu long (19 minutes). Il permet en tout cas de nous apprendre le nom du chapiteau de Camille (Raj’ganawak) et l’existence d’un atelier de slam à Saint-Denis, initié par le Café Culturel dans le cadre de la Fabrik. Les 5 autres suppléments sont sympathiques, mais plus anecdotiques : 4 minutes consacrées à un cours de trapèze donné par Camille à Cassandra, 2 minutes pendant lesquelles c’est une poule qui fait du trapèze, 2 minutes d’un texte de Cassandra sur l’oubli et 4 minutes sur la confection de la gravure d’une louve suite à l’obtention de la Louve d’Or lors du Festival du nouveau cinéma de Montréal, en 2014. Quant au dernier supplément, c’est un diaporama de 10 photos.
Par ailleurs, on pourra suivre le film en stéréo 2.0 ou en 5.1. Dans ce film, on parle de façon à peu égale le français et le rromani, avec des sous-titres en français dans ce dernier cas. Il y a aussi la possibilité d’ajouter des sous-titres additionnels pour les sourds et malentendants. Pas de problème particulier à noter en ce qui concerne le transfert sur DVD.
Ce DVD est disponible chez Blaq Out.
