Sous influence
Royaume-Uni : 2017
Titre original : Apple Tree Yard
Créateurs : Craig Engler, Karl Schaefer
Acteurs : Emily Watson, Ben Chaplin, Mark Bonnar
Éditeur : Koba Films
Durée : 3h50 environ
Genre : Série TV, Drame
Date de sortie DVD : 11 avril 2018
Scientifique reconnue, mariée et mère de famille, le docteur Yvonne Carmichael mène une vie tranquille. Lors d’une conférence au Palais de Westminster, elle se laisse séduire par un homme mystérieux. La liaison devient vite passionnée et sulfureuse. La féminité retrouvée, Yvonne glisse sans retenu dans le plaisir. Son amant a pour fantasme de faire l’amour dans des lieux publics. Le danger grandit encore quand un de ses confrères découvre son adultère…
La série
[3,5/5]
Mini-série britannique portée par la personnalité d’Emily Watson, Sous influence est un peu plus connue des amateurs de séries TV sous son titre original, Apple tree yard. Ayant fait forte impression lors de sa diffusion sur la BBC en début d’année dernière, la série développée par Amanda Coe d’après le roman « Portrait d’une femme sous influence » de Louise Doughty suit la trajectoire d’Yvonne Carmichael, docteur en génétique, et de sa rencontre sulfureuse avec le mystérieux Mark Costley (Ben Chaplin). Les deux personnages deviennent immédiatement amants…
Suivant la naissance et l’évolution de la relation entre Yvonne et Mark, le premier des quatre épisodes du show prendra rapidement des airs de 50 nuances de Grey au sein de la petite bourgeoisie londonienne, mettant en scène deux personnages d’âge mûr dont la relation est essentiellement basée sur le sexe. L’héroïne ronge sa culpabilité et fera partager ses états d’âme au spectateur par le biais des lettres qu’elle écrit à son amant, sans jamais néanmoins les lui envoyer, ni les lui faire lire. Parallèlement, on se rendra également compte que le mari d’Yvonne, professeur, semble avoir une relation ambigüe avec une de ses étudiantes, ce qui confortera Yvonne dans son adultère. Cependant, un événement dramatique imprévu en toute fin d’épisode viendra bouleverser son existence, et sortir le spectateur de l’ennui qui commençait doucement à se faire sentir : Yvonne va être violée par George, un collègue de bureau, lors d’une séquence particulièrement dure et réaliste.
Et la série de prendre, dès son deuxième épisode, un tournant radicalement différent : du badinage tournant autour d’un couple illégitime en pleine crise de la quarantaine, on aborde ici de front une dynamique très différente : celle d’un drame assez bien vu et réaliste tournant autour des séquelles, tant physiques que psychologiques, d’un viol. La culpabilité de l’héroïne se voit amplifiée par sa relation illégitime, elle se mure dans le silence et la terreur, quitte son boulot… La façon dont le drame est traité est vraiment pertinente, et le tout est abordé avec une acuité et une lucidité très surprenantes ; en ce sens, la séquence du repas du couple Carmichael chez des amis tout aussi aisés qu’eux est probablement la meilleure séquence de l’épisode – voire même de la série dans sa totalité. En toute fin d’épisode, les amants remettent le couvert, et Yvonne semble reprendre le dessus. Décision est prise par Mark de confronter le violeur…
Troisième épisode et deuxième changement radical de tonalité pour Sous influence : sans trop en dévoiler sur l’évolution du récit, on peut tout de même révéler que l’intrigue prendra la direction d’une enquête policière, puis virera au classique récit de « procès », la dernière heure et demie se concentrant sur la préparation et le déroulement d’un procès, et véritable descente aux enfers pour le personnage incarné par Emily Watson. Contre toute attente, si l’on met de côté l’aspect toujours un brin puritain que peuvent avoir ces histoires d’adultère menant irrémédiablement à la « punition » pour les couples qui s’écartent du droit chemin, on peut affirmer que la dernière ligne droite que représentent les deux derniers épisodes de la série constituent probablement le meilleur de la série. Car dans son traitement des scènes de procès, ou encore durant la préparation « comportementale » délivrée au personnage d’Yvonne, Sous influence dresse en réalité le constat d’une société occidentale impitoyable, où les femmes sont condamnées à lutter sans merci pour obtenir une quelconque considération. Car en plus de sa culpabilité déjà insoutenable, Yvonne devra composer avec le regard et la suspicion de la société, et « mettre en scène » sa propre vulnérabilité (par ses vêtements, son maquillage, et même sa posture en général) afin d’être prise au sérieux. Prouvant en l’espace de quelques scènes fortes qu’elle a fait d’immenses progrès dans son jeu depuis les outrances de Breaking the waves, Emily Watson porte sur ses épaules et son visage vaguement enfantin toute la réussite de ce dernier acte de la série, qui soulève, dans les ramifications judiciaires de son intrigue, une problématique sociale très forte concernant les victimes de viol.
Le coffret DVD
[4/5]
Le coffret 2 DVD de Sous influence édité par Koba Films permettra donc aux curieux de découvrir la série britannique dans des conditions optimales. La compression est solide, l’image est d’une précision étonnante, et fait honneur à la belle photo de la série. Les couleurs sont éclatantes, les contrastes n’étouffent pas trop les noirs, et on ne dénote pas de souci de compression majeur. Bien sûr, format SD oblige, les scènes nimbées de couleurs chaudes passent un peu plus difficilement, et les arrière-plans laissent par moments apparaître de légers fourmillements. Néanmoins, l’éditeur, aguerri au format depuis de nombreuses années, sait parfaitement composer avec les limites d’un encodage DVD. Du beau travail, que vient confirmer la présence de deux mixages Dolby Digital 2.0 stéréo d’origine (typique des productions britanniques, généralement allergiques à la spatialisation multicanal de leurs séries), immersifs et très efficaces dans les séquences les plus tendues.
Dans la section suppléments, on trouvera une poignée de bandes-annonces de films et séries disponibles chez l’éditeur Koba Films.