Sorry to bother you
États-Unis : 2018
Titre original : –
Réalisation : Boots Riley
Scénario : Boots Riley
Acteurs : LaKeith Stanfield, Tessa Thompson, Jermaine Fowler
Éditeur : Universal Pictures
Durée : 1h46
Genre : Comédie
Date de sortie cinéma : 30 janvier 2019
Date de sortie DVD : 1 juin 2019
Après avoir décroché un boulot de vendeur en télémarketing, Cassius Green bascule dans un univers macabre en découvrant une méthode magique pour gagner beaucoup d’argent. Tandis que sa carrière décolle, ses amis et collègues se mobilisent contre l’exploitation dont ils s’estiment victimes au sein de l’entreprise. Mais Cassius se laisse fasciner par son patron cocaïnomane qui lui propose un salaire au-delà de ses espérances les plus folles…
Le film
[5/5]
N’ayant réuni qu’un peu plus de 25.000 spectateurs dans les salles (sur un circuit assez réduit de 55 salles), Sorry to bother you n’est malheureusement pas parvenu à trouver son public en France. De fait, il n’arrivera sur les linéaires de votre échoppe culturelle préférée qu’au format DVD, sans passer par la case Blu-ray. Quel dommage… Le film de Boots Riley méritait tellement, tellement mieux.
Sorry to bother you est en effet une œuvre-somme, importante, un film « melting pot », convoquant dans l’esprit du spectateur une série de grands noms du cinéma contemporain, tout en parvenant à créer un réel univers, Riley développant sans conteste une « patte » bien à lui. On pense notamment au cinéma de Spike Lee, pour son casting essentiellement afro-américain bien sûr, mais aussi pour sa portée sociale. On pense aux œuvres de Mike Judge également, pour le cynisme absolu de son discours social et son sous-texte tout aussi hargneux sur le monde du travail. Et par bien des aspects, Sorry to bother you rappelle les œuvres de cinéastes flirtant à la lisière de l’expérimental tel que Spike Jonze ou Michel Gondry.
Tout cela, et plus encore : Sorry to bother you marque définitivement la naissance d’un cinéaste réellement unique, ayant digéré les codes de ses aînés, de Luis Buñuel à Terry Gilliam, secouant le tout avec une bonne dose de pop culture et livrant à la face du monde un film complètement fou, aussi taré que réellement indispensable.
Parce que le film de Boots Riley va bien au-delà de la pochade surréaliste et hystérique de façade : se déroulant dans un monde uchronique / dystopique n’étant pas tout à fait le nôtre (mais s’en approchant de la plus angoissante des manières), Sorry to bother you utilise la satire féroce du petit monde du télémarketing pour livrer un brûlot sous acide sur les droits des travailleurs, avec une maestria visuelle évoquant les plus grands noms en matière d’étrangeté cinématographique. Développant une intrigue particulièrement alambiquée et brindezingue dans sa dernière partie, le film s’avère absolument brillant, surtout dans cette capacité à alterner les séquences légères, drôles et absurdes, et les passages nettement plus sombres dans ce qu’ils impliquent d’un point de vue social et culturel. Au final, le film s’avère une totale réussite – un film unique, rare, intelligent, à la fois divertissement de haut vol et conte philosophique désabusé.
Mais au-delà du « fond » du récit et de la qualité de sa mise en scène, la valeur inestimable de Sorry to bother you est également liée aux performances hallucinantes de ses acteurs, tous parfaits, de Lakeith Stanfield à Tessa Thompson, en passant par Armie Hammer, Terry Crews, Steven Yeun ou Danny Glover. A découvrir à tout prix.
Le DVD
[4/5]
Sorry to bother you arrive donc en France en vidéo sous les couleurs d’Universal Pictures, mais uniquement au format DVD. Cela dit, l’éditeur nous offre comme à son habitude un DVD techniquement très soigné : l’image est globalement superbe, affichant des contrastes magnifiques, une définition parfaite, et un encodage qu’on ne peut que difficilement prendre à défaut, le tout, bien sûr, dans les limites évidentes d’un encodage en définition standard. Les pistes audio sont également imparables, que cela soit en version originale ou en version française, les deux nous proposant des mixages Dolby Digital 5.1 très dynamiques, avec des effets qui fusent aux quatre coins de la pièce durant les scènes les plus folles du film. Les dialogues sont clairs et bien mis en avant : l’immersion est sans faille, et on notera que si le doublage français est très soigné, on privilégiera tout de même largement la VO, pour de simples raisons artistiques.
Du côté des suppléments, on commencera avec un commentaire audio du réalisateur Boots Riley, à la fois riche et informatif, qui nous révélera quelques secrets de tournage assez passionnants. On poursuivra ensuite avec une featurette d’un peu moins de douze minutes, qui alternera les extraits du film, les images du tournage et un entretien passionnant avec le cinéaste ; ce dernier reviendra sur son parcours, sur le style et le sujet du film, ainsi que les acteurs. On terminera ensuite avec une galerie de photos.