Test DVD : Shikun

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Shikun 

Israël, France, Suisse : 2023
Titre original : –
Réalisation : Amos Gitaï
Scénario : Amos Gitaï, d’après « Rhinocéros » de Eugène Ionesco
Interprètes : Irène Jacob, Yaël Abecassis, Hana Laszlo
Éditeur : Epicentre Films 
Durée : 1h22
Genre : drame
Date de sortie cinéma : 6 mars 2024
Date de sortie DVD : 16 juillet 2024

Inspiré de la pièce d’Eugène Ionesco, le film raconte l’émergence de l’intolérance et de la pensée totalitaire à travers une série d’épisodes quotidiens qui se déroulent en Israël dans un seul bâtiment, le Shikun. Dans ce groupe hybride de personnes d’origines et de langues différentes, certains se transforment en rhinocéros, mais d’autres résistent. Une métaphore ironique de la vie dans nos sociétés contemporaines.

Le film

[3/5]

« C’est un  plaisir coupable fait de nostalgie qu’on ressent à la vision de Shikun, le nouveau film de Amos Gitaï. Ce film, en effet, nous transporte 64 ans, en arrière, en 1960, année qui vit la première représentation française de « Rhinocéros » , une des pièces les plus connues de Eugène Ionesco et dont le film est une adaptation très libre. 1960 est également l’année qui vit la sortie de A bout de souffle, le premier long métrage de Jean-Luc Godard, et la mise en scène de Shikun  se situe quelque part entre le cinéma de Godard et Dogville de Lars Van Trier. « Rhinoceros » est une pièce qu’on range dans le théâtre de l’absurde et que Ionesco a écrite en réaction à la montée du totalitarisme dans les années 30 afin de montrer les dangers du conformisme qui, en gommant la pensée individuelle des individus, ouvre la porte en grand à des régimes autoritaires.

C’est avant le 7 octobre 2023 que Amos Gitaï a entrepris de réaliser cette adaptation de la pièce, en la transposant dans le contexte israélien de l’époque : face à la tentative de réforme du système juridique entreprise par Netanyahou et son gouvernement  d’extrême droite, tentative qui était vue par beaucoup comme un projet de transformation d’Israël en un régime autocratique et autoritaire, un vaste mouvement de protestation s’était levé, réunissant des universitaires, des groupes féministes, des pacifistes, des soldats, des économistes, tout un monde qui refusait de rester englué dans le conformisme et la disparition de l’esprit critique. Ayant alors relu « Rhinocéros » Amos Gitaï y a vu  l’inspiration pour un film parlant du présent de cette époque. Un présent qui, comme tous les présents, ne cesse d’évoluer et qui, au moment où s’annonçait la sortie du film, était devenu très différent avec, le 7 octobre,  les attentats terroristes du Hamas suivis de la guerre de destruction de Gaza et de son peuple menée par l’armée israélienne. Amos Gitaï a d’abord envisagé de ne pas sortir son film avant de décider de le montrer tel qu’il était. C’est au Festival de Berlin, où le film avait été sélectionné dans la section Berlinale Special, que, le 18 février 2024, Shikun a vécu sa première mondiale ».

A la lecture de ce qui précède, en provenance de la critique parue sur critique-film.fr lors de la sortie en salles de Shikun, vous aurez compris que, bien que se présentant sous une forme qui peut sembler abstruse, ce film d’Amos Gitaï, tout en ressemblant à un rêve, est important et tout à fait en phase avec l’actualité. Pour lire cette critique dans son intégralité, c’est sur ICI qu’il faut cliquer.

Le DVD

[4/5]

Comme pour O Corno – Une histoire de femmes, sorti en DVD le même jour que Shikun, le travail réalisé par Epicentre est remarquable tant au niveau de la définition que du rendu des couleurs. Le son est proposé en Dolby 5.1 et en Dolby Stéréo et on a le choix entre sous-titrage français, sous-titrage anglais ou absence de sous-titrage.

Pour deux des suppléments proposés, ce sera très rapidement visionné : une « Galerie-Photos » et une Bio-Filmographie d’Amos Gitaï. Le 3ème supplément est beaucoup plus intéressant ! il s’agit d’un entretien avec le réalisateur, lequel parle un excellent français, un entretien entrecoupé à intervalles réguliers par des extraits d’un entretien avec Irène Jacob, l’actrice principale du film. Le tout dure 30 minutes et on y apprend énormément de choses. Pour commencer, la double signification du mot hébreu « Shikun », habitat collectif et abris. Amos Gitaï se félicite d’avoir fait le choix d’un titre abstrait pour un film dont il dit lui-même qu’il est abstrait. Après avoir dit tout le mal qu’il pense de Benyamin Netanyahou, de son gouvernement et de sa politique faite de corruption et d’appel au conformisme, chargé de faire disparaître la pensée des individus, il explique qu’il a été tout naturellement mené vers Ionesco et sa pièce « Rhinoceros » écrite dans les années 50 pour fustiger par la dérision les régimes totalitaires, quels qu’ils soient. En plus, nous apprend il, il existe en hébreu un verbe pour le fait de devenir un rhinocéros ! Le réalisateur et la comédienne nous donnent de nombreux détails sur la façon dont le film a été réalisé, en insistant en particulier sur le fait que, si le film peut donner l’impression d’être le fruit de l’improvisation, il n’en est rien. C’est même tout le contraire, de nombreuses répétitions ayant précédé le tournage. Ce tournage s’est déroulé plusieurs mois avant les évènements tragiques du 7 octobre et ce qui se passe depuis à Gaza. Amos Gitaï nous apprend qu’on lui a proposé d’ajouter quelque chose suite à tous ces évènements, mais il s’y est refusé. De toute façon, nous dit-il, « si on veut être en phase avec une actualité au Moyen-Orient, on est toujours en retard !

 

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