Red Joan – Au service secret de Staline
Royaume-Uni : 2018
Titre original : Red Joan
Réalisateur : Trevor Nunn
Scénario : Lindsay Shapero
Acteurs : Sophie Cookson, Judi Dench, Tom Hughes
Éditeur : L’Atelier d’images / Program Store
Genre : Thriller, Historique
Durée : 1h37
Date de sortie DVD : 17 février 2020
Joan Stanley, 80 ans, mène une vie de retraitée paisible lorsqu’elle est brutalement arrêtée par la police britannique. Elle est accusée de trahison et d’espionnage pour avoir livré à l’URSS des secrets nucléaires pendant la Seconde Guerre Mondiale. Forcée de révéler son passé, Joan se souvient de ses jeunes années à Cambridge, quand elle tomba amoureuse de Léo, un jeune idéaliste étroitement lié au parti communiste…
Le film
[3/5]
« Dans Red Joan, tout ce qui a fait le succès commercial de productions britanniques récentes comme Une merveilleuse histoire du temps de James Marsh et Imitation Game de Morten Tyldum semble s’être donné rendez-vous. Les décors emblématiques, des campus des universités aux bureaux austères dédiés à la recherche scientifique la plus pointue, y sont autant présents que les poncifs habituels sur l’honneur bafoué du royaume et sur l’amour contre raison qui incite les personnages à faire toutes sortes de choses irréfléchies. Avec de surcroît la grande dame du cinéma anglais respectable, Judi Dench, qui veille à cloche pied, en basculant sans prévenir des signes de la sagesse à ceux de la vieillesse et inversement, sur la structure temporelle alambiquée du récit. Décrit comme ça, le quatrième long-métrage de Trevor Nunn en plus de quarante ans de carrière ne donne pas nécessairement envie. Et pourtant, il y a quelque chose qu’on pourrait qualifier de force motrice du propos qui réussit à rendre cette histoire d’espionnage amateur assez fascinante. C’est un film formellement très classique, soit, mais qui dispose de la sobriété narrative suffisante pour mêler la grande Histoire aux scrupules individuels infiniment plus intimes. (…)
Le scénario ne s’évertue pas à éclaircir à tout prix les zones d’ombre qui peuvent rester, ni à claironner une vérité unique et inattaquable dans cette affaire après tout assez ambiguë. Grâce à une mise en scène parfois presque trop dense, il transcende le cadre d’une simple reconstitution historique bien intentionnée pour traiter un sujet, admettons-le, pas non plus exceptionnellement original. Quel parti prendre dans le tourbillon de l’Histoire, avant même qu’on ne connaisse tous les tenants et les aboutissants d’un mécanisme géopolitique qui ne devient limpide que de façon rétrospective ? A cette question, hélas vieille comme le monde, Red Joan n’apporte certes pas une réponse universellement acceptable. Il tente toutefois de l’aborder avec un esprit ouvert. Que sa forme soit d’une raideur caricaturalement britannique n’est alors soudainement plus si grave, grâce à l’acuité du regard sur ce cas de conscience géré par Joan selon les règles impulsives de la jeunesse, sans pour autant s’en mordre les doigts à la fin de sa vie.
Un début de festival [Dinard 2019 NDLR] sous le signe d’une qualité à double tranchant avec ce thriller historique, qui ne sait pas très bien à chaque instant où il veut en venir précisément. Ces hésitations deviennent par contre progressivement une force, au fur et à mesure que l’album photo devient le parcours d’une combattante tiraillée par le doute. A ce niveau, l’interprétation de Sophie Cookson en Joan des années 40 est naturellement plus vive que celle de Judi Dench, jamais très loin de l’auto-parodie de ses rôles de vieille dame sur le point de trépasser. A moins que nous ayons vu récemment trop de sketchs de Tracey Ullman, qui détourne de manière jubilatoire l’aura solennelle de ce trésor britannique national, ce qui ne nous aide malheureusement pas à prendre Dame Judi trop au sérieux. »
Extrait de la critique de notre chroniqueur Tobias Dunschen. Retrouvez-en l’intégralité en cliquant sur ce lien.
Le DVD
[4/5]
Le DVD de Red Joan – Au service secret de Staline, co-édité par Program Store et L’atelier d’images, est à l’image du beau travail technique que nous livrent, habituellement chacun de leur côté, les deux éditeurs depuis quelques années maintenant. Bien rôdés au support DVD et à ses limites intrinsèques, ils nous livrent ici le meilleur de ce que l’on est en mesure d’attendre en termes d’encodage sur support à définition standard. Red Joan s’offrira donc une définition sans la moindre faille, alliée à une précision de tous les instants et à une colorimétrie tout à fait satisfaisante, dans les limites d’un encodage en MPEG-2 bien entendu. Côté son, VF et VO sont proposée dans des mixages Dolby Digital 5.1 très enclins à nous proposer des passages acoustiques assez spectaculaires durant les séquences d’action : la spatialisation est excellente, les ambiances parfaitement restituées, et l’ensemble s’avère donc absolument recommandable, d’autant que le film s’avère une curiosité à découvrir de toute urgence. Pour les cinéphiles non équipés de Home Cinema, deux mixages Dolby Digital 2.0 sont également disponibles, plus clairs et équilibrés pour un visionnage sur un TV classique.
Dans la section suppléments, on trouvera, en plus de la bande-annonce et du traditionnel « espace découverte », un intéressant making of (20 minutes) qui reviendra sur le processus de production, en partant du livre de Jennie Rooney jusqu’au tournage, ayant en partie lieu à Cambridge. Si le ton reste très promotionnel, l’ensemble est très intéressant et parfaitement informatif.