Qui garde le chien ?
États-Unis : 2016
Titre original : Who gets the dog ?
Réalisation : Huck Botko
Scénario : Matt JL Wheeler, Rick Rapoza
Acteurs : Ryan Kwanten, Alicia Silverstone, Randall Batinkoff
Éditeur : Koba Films
Durée : 1h32
Genre : Comédie romantique
Date de sortie DVD : 15 décembre 2018
Après six ans de mariage, Olive, médecin réputée, et Clay, son mari hockeyeur sur le déclin, décident de rompre à l’amiable. Les choses s’enveniment lorsque tous deux souhaitent la garde de leur labrador adoré, Westley. La juge leur donne 60 jours pour se départager. Attention, Wesley a aussi son mot à dire !
Le film
[3/5]
A ma droite, nous avons Alicia Silverstone.
Durant l’été 1995, le film Clueless avait littéralement explosé la baraque et le box-office aux Etats-Unis : avec 56 millions de dollars de recettes, la teen comedy d’Amy Heckerling créait une franchise qui engendrerait par la suite une série télévisée, des romans et comic books, plusieurs jeux vidéo (PC et application) et même une comédie musicale. Le film a également permis au public de découvrir Paul Rudd (Ant-Man) et Brittany Murphy, mais aussi et surtout Alicia Silverstone, repérée dans les clips d’Aerosmith « Cryin’ », « Amazing » et « Crazy ». La réalisatrice de Clueless lui trouvait un petit « quelque chose de Marilyn Monroe », et suite au carton du film, Alicia Silverstone deviendrait rapidement la petite fiancée de l’Amérique, obtenant deux ans plus tard rien de moins que le rôle de Batgirl dans la superproduction Warner Batman & Robin. Mais les jeunes actrices ne restent généralement que très peu de temps sous le feu des projecteurs, et Alicia Silverstone se verrait bientôt remplacée dans le cœur des américains par Britney Spears, nouvelle chouchoute éphémère des États-Unis. De la même façon, le microcosme Hollywoodien est cruel et sans pitié ; d’une façon générale, les rôles s’espacent de plus en plus pour les actrices de plus de 25 ans, et au tournant des années 2000, on ne verra plus guère Alicia Silverstone au cinéma. Finalement, depuis une quinzaine d’années, elle fera bien d’avantage parler d’elle dans les tabloïds et sur les réseaux sociaux que pour ses rôles au cinéma. Consciente d’être observée par des médias rapaces qui se régalent du moindre faux pas, elle assume et entretient visiblement une image de « role model », dont le comportement, l’exemple ou la réussite pourra être imité par les jeunes : végétarienne, démocrate convaincue, militante pour les droits des animaux et pour l’environnement, elle a toujours géré seule sa carrière d’actrice et a toujours refusé de poser ou de tourner nue, quelles que soient le rôle ou les circonstances – elle fera notamment rajouter des sous-vêtements à son personnage dans Le lauréat qu’elle interpréta à Broadway en 2002, dans une scène traditionnellement dénudée. Bien sûr, tout n’est pas rose non plus dans la vie de l’actrice de 42 ans : Alicia Silverstone est sous médication, car elle souffre d’un trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité et impulsivité, elle a déclenché une petite polémique en 2012 en postant une vidéo d’elle pratiquant la « pré-mastication » pour son fils d’un an, et elle a divorcé de Christopher Jarecki depuis le début de l’année 2018, après vingt ans de vie commune.
A ma gauche, nous avons Ryan Kwanten.
L’acteur australien Ryan Kwanten développe, sans forcément les cultiver d’ailleurs, de faux airs d’un autre Ryan célèbre : Ryan Reynolds. Acteur régulier de séries TV depuis ses débuts en 1992, Kwanten sera finalement remarqué des cinéphiles en 2007 en incarnant le personnage principal de Dead silence, le deuxième film d’horreur du surdoué James Wan. Les amateurs de fantastique le suivront par la suite tout au long des sept saisons de la série True blood (2008-2014), au cœur de laquelle il interprète le rôle de Jason Stackhouse, le frère de Sookie. Entre le tournage des saisons de la série créée par Alan Ball, on le voit également apparaitre, cheveux bruns et mine sombre (ce qui le fait encore plus ressembler à Ryan Reynolds) dans l’excellent thriller de Patrick Hughes Red hill, tourné dans son pays d’origine. Malheureusement, la carrière de Ryan Kwanten semble connaître les affres de la « malédiction » de nombreux acteurs ayant marqué les mémoires avec un rôle récurrent à la télévision, et depuis l’arrêt de True blood, ses apparitions au cinéma s’espacent de plus en plus, et les films dans lesquels il apparait semblent de plus en plus « confidentiels ». En deux mots, malgré sa belle gueule, malgré ses choix de carrière intéressants, la carrière de Ryan Kwanten ne décolle pas. Tiens, rien que parce que c’est marrant, son dernier film s’appelle Supercon (2018), et il y partage l’affiche avec quelques autres acteurs un peu en galère ces dernières années : Maggie Grace, Mike Epps, Clancy Brown et John Malkovich. Le film semble être une comédie noire tournant autour d’une convention et de la guerre sans merci que se livrent d’anciennes célébrités TV des années 80 – le pitch est amusant et les photos d’exploitation laissent à penser que le film vaut le coup d’œil ; on espère juste que si un éditeur se décide à la sortir en DVD / Blu-ray, il pense à adapter le titre au marché français.
Et entre les deux, un… chien ?
Avant même d’aborder les qualités et les défauts du film en lui-même, on ne peut que constater l’évidence : le projet Qui garde le chien ? porte sur lui les stigmates du film « alimentaire », le fait de jouer aux côtés d’un animal étant souvent symptomatique d’une carrière d’acteur en perte de vitesse. Sauf que… Comme on l’a évoqué un peu plus haut, Alicia Silverstone adore les animaux, et sa participation régulière à des téléfilms sirupeux du câble US laissent à penser qu’elle aime également les comédies romantiques pétries de bons sentiments – cela se confirmera à la lecture du générique du film, puisqu’on y découvrira qu’elle va même jusqu’à produire le film. Exit donc les soupçons cyniques, Qui garde le chien ? est à priori un film fabriqué sans arrière-pensée, absolument et authentiquement sincère. Une sincérité aussi désarmante que le regard de Wesley, le labrador faisant figure de bébé de substitution pour le couple Alicia Silverstone / Ryan Kwanten.
Alors bien sûr, le film de Huck Botko s’avère certes plutôt cousu de fil blanc, et on aura inévitablement droit à tous les clichés propres au « film de chien » (un sous-genre de la comédie finalement assez populaire à travers le monde) : le chien indiscipliné, le passage chez le psychologue pour animaux, et pour parachever le tableau le meilleur ami de l’homme qui finira bien sûr par rapprocher le couple en crise, et hop, tout est bien qui finit bien, on arrache les papiers du divorce et on fait un petit bébé à la fin. Bon, résumé comme ça de façon lapidaire, on a l’impression qu’on évoque le dernier des nanars mais en réalité, Qui garde le chien ? s’avère une comédie pleine de charme, dont le scénario part quand même par certains aspects dans des directions assez inattendues, tout en se montrant régulièrement assez drôle, avec de jolis moments naturellement pleins d’émotion. L’ambiance est bon enfant et le spectacle 100% familial et dans un esprit tout à fait plaisant, surtout à l’approche des fêtes de fin d’année ; on notera d’ailleurs que derrière le côté un peu facétieux du titre du film se cache une question que se posent beaucoup de couples au moment de la séparation, et ayant déjà donné lieu à des articles très sérieux, avec l’indispensable « avis d’expert » et tout le tintouin. Même si le film est une comédie romantique (avec tout ce que cela peut sous-entendre en termes de réalisme), le fait de voir la question traitée au cinéma tend à dédramatiser la question, et puis bien sûr, il y a Ryan Kwanten et Alicia Silverstone, qui portent sur leurs épaules les séquences les plus drôles et s’avèrent un couple harmonieux et mignon tout plein. Tiens, s’ils font des bébés dans la vraie vie, ils peuvent nous en mettre un de côté, on s’en servira comme mascotte pour critique-film.fr !
Le DVD
[4/5]
Le DVD de Qui garde le chien ? édité par Koba Films nous propose de découvrir le film dans des conditions optimales. Si nous n’aurons certes en France droit qu’à une simple sortie DVD, il faut admettre qu’à l’heure où beaucoup d’éditeurs se lancent dans la VOD pour leurs titres les moins porteurs, on peut se réjouir que Koba nous offre la chance de découvrir le film sur support physique, ce qui est loin d’être évident économiquement parlant, étant donné le nombre ahurissant de téléchargements illégaux dans l’hexagone. Par ailleurs, l’encodage du DVD est maitrisé en tous points par un éditeur bien rodé au format : la définition est précise, dans les limites d’un encodage en définition standard bien sûr. Les couleurs sont vives et naturelles, bref, c’est un beau boulot général. VF et VO sont proposées en Dolby Digital 5.1, dans des mixages solides et efficaces.
Du côté des bonus, on trouvera le traditionnel « espace découverte » des éditions Koba Films, nous proposant de découvrir une série de bandes-annonces.