Poulet frites
Belgique, France : 2021
Réalisation : Jean Libon, Yves Hinant
Scénario : Jean Libon, Yves Hinant
Acteurs : Anne Gruwez, Jean-Michel Lemoine
Éditeur : Blaq Out
Genre : Documentaire
Durée : 1h40
Date de sortie cinéma : 28 septembre 2022
Date de sortie DVD/BR : 8 février 2023
Strip-tease n’est pas mort ! Pour son retour : un polar noir. Un vrai meurtre et la pièce à conviction ? Une frite !
Le film
[4/5]
Émission de télévision documentaire belge ayant fait les beaux jours de la télé francophone entre 1987 et 2012, l’émission Strip-tease a laissé une empreinte durable dans l’inconscient collectif, à tel point qu’en 2022, le co-créateur de l’émission Jean Libon a entrepris de « prolonger » un peu le plaisir par le biais d’un long-métrage, Poulet frites, qui trouva le chemin d’une petite poignée de salles obscures à l’automne dernier et réunit un peu moins de 60.000 curieux autour d’une sombre affaire de meurtre.
Car Poulet frites s’avère, en dépit de sa nature de documentaire, un vrai polar. Un polar 100% belge, puisque c’est une frite qui sèmera le doute dans l’esprit des enquêteurs, menés par le commissaire Lemoine, et de la juge d’instruction Anne Gruwez, déjà vue dans le film Ni juge ni soumise des mêmes Jean Libon et Yves Hinant en 2017. Bien sûr, l’intrigue de Poulet frites dira forcément quelque chose aux aficionados de l’émission Strip-tease, et c’est normal : le film est en effet un « condensé » en noir et blanc de trois épisodes de 52 minutes diffusés à la TV en 2007, sous le titre « Le flic, la juge et l’assassin ».
La couleur des épisodes TV laisse donc ici la place à un élégant noir et blanc, et les deux coréalisateurs se sont également efforcés d’adapter le rythme de l’enquête aux standards du « Film Noir ». L’ambition affichée par Poulet frites est clairement d’aller à l’essentiel, de resserrer l’intrigue autour des éléments factuels de l’enquête, et de moins se laisser emporter autour des digressions tournant autour des trois personnages principaux (le commissaire, la juge et Alain, le suspect n°1).
Ce rythme nouveau permet à Jean Libon et Yves Hinant de recentrer Poulet frites autour de l’essentiel : indice après indice, le spectateur suivra les balbutiements de l’enquête aux côtés d’une poignée de policiers dépassés par les événements autant que par la violence sociale qui sévit au cœur des quartiers les plus défavorisés de Belgique. Les différents protagonistes du récit restent tout de même attachants, dans leurs maladresses et leur humanité : même le principal suspect Alain est touchant à sa manière, notamment dans la résignation dont il fait preuve lorsque tout semble l’accuser (« S’ils ont dit que c’était moi, alors c’est que ça doit être moi »).
Le DVD
[4/5]
Le DVD de Poulet frites édité par Blaq Out est à l’image des galettes auxquelles nous a habitué l’éditeur au fil des années. Bien rôdé à l’encodage en définition standard, l’éditeur nous offre en effet une image assez superbe, bien définie, composant de façon habile avec les limites d’un encodage en définition standard tout autant qu’avec les limites du support utilisé pour la captation du documentaire il y a une quinzaine d’années. La définition et le piqué sont solides, et le noir et blanc affiche une forme globalement remarquable. Côté son, le film est mixé en Dolby Digital 2.0, et si la piste fait preuve d’un certain dynamisme, là n’est pas franchement la raison d’être du film : les dialogues sont toujours particulièrement clairs, et pour les spectateurs qui auraient du mal à comprendre l’accent belge, des sous-titres destinés aux malentendants sont également disponibles.
Du côté des suppléments, on trouvera une intéressante session de questions / réponses avec l’équipe du film, enregistrée à l’occasion de l’avant-première parisienne de Poulet frites (49 minutes). Si l’ensemble aurait peut-être mérité un petit montage pour y gagner en rythme, les propos de Jean Libon et Yves Hinant – recueillis au micro de Xavier Leherpeur – sont souvent passionnants.