Pas de répit pour les salauds
Espagne : 2011
Titre original : No habrá paz para los malvados
Réalisateur : Enrique Urbizu
Scénario : Michel Gaztambide, Enrique Urbizu
Acteurs : José Coronado, Rodolfo Sancho, Helena Miquel
Éditeur : TF1 Vidéo
Durée : 1h45
Genre : Policier
Date de sortie DVD : 18 février 2015
Passablement éméché, l’inspecteur Santos abat trois personnes dans un bar et laisse échapper un témoin. Pour éviter de se faire incriminer, il lance une enquête destinée à le retrouver et à se débarrasser de lui. L’affaire est confiée à la juge Chacón, qui commence elle aussi sa propre recherche de l’assassin…
Le film
[4,5/5]
Le polar espagnol, tel qu’on le découvre avec Pas de répit pour les salauds, s’avère un genre âpre, d’une noirceur abominable. Oubliez le preux chevalier au sens de l’honneur indéfectible caché sous l’armure de l’alcoolique que nous dépeint régulièrement Olivier Marchal, le flic incarné par José Coronado dans le film d’Enrique Urbizu est juste une ordure, un alcoolique au dernier degré prompt à la bavure et littéralement prêt à tout pour tenter de rattraper ses conneries, et se dédouaner d’un triple meurtre des plus sordides.
Arpentant les bas fonds de la misère madrilène, hantant les bars à la petite semaine et les dancings miteux, le script signé Urbizu et Michel Gaztambide s’inscrit dans une veine contemporaine du polar hardcore, quelque part entre Driller killer et l’indien Ugly, laissant dans son sillage une vivace impression d’état des lieux réaliste et cynique aux relents vraiment angoissants, non seulement quant à la société espagnole mais également quant à la nature humaine proprement dite.
Articulant avec talent deux intrigues en parallèle autour d’un même point de départ, la trame se divise rapidement afin de montrer, de la façon la plus naturaliste possible, deux manières différentes de mener la même enquête, les motivations et méthodes des différents intervenants étant radicalement opposées. Porté à bout de bras par José Coronado, acteur extraordinaire avec des faux airs de Brad Dourif qui ajoutent encore un je ne sais quoi d’hypnotique à son charisme animal, dont la déchéance devient le symbole d’une société en déliquescence, Pas de répit pour les salauds s’avère une bombe de polar teigneux et sec, dont l’impact sur le spectateur aurait largement mérité une sortie en salles.
Le DVD
[4,5/5]
Côté DVD, il n’y a aucun doute, l’éditeur TF1 Vidéo connait le support sur le bout des doigts et maîtrise l’encodage de façon vraiment remarquable. Qu’il s’agisse de la définition, des couleurs ou de la gestion bruit vidéo, tous les écueils auxquels on pourrait s’attendre sont brillamment et soigneusement évités. Niveau image, c’est donc vraiment un sans faute, le boulot de l’éditeur rendant un bel hommage à la photo du film, littéralement sublime, signée Unax Mendia (Agnosia, The backwoods). A noter que malgré ce qu’indique la jaquette, le DVD est bien proposé au format Cinemascope 2.35 respecté. Coté son, les deux mixages Dolby Digital 5.1 (français / espagnol) font le boulot de façon très immersive et dynamique.
Dans la section suppléments, on trouvera non pas un entretien avec le réalisateur Enrique Urbizu comme l’indique la jaquette du DVD, mais un making of d’une vingtaine de minutes, faisant le tour des thématiques et des enjeux du film. Avec l’aide de ses acteurs, Urbizu évoque notamment les difficultés à déterminer à qui exactement le spectateur s’identifierait au visionnage du film : soit à la violence d’un côté, soit à la rigueur de la justice de l’autre. L’équipe y évoque aussi la dimension « religieuse » de l’histoire, en revenant sur le patronyme du personnage principal, Santos Trinidad, le titre original du film No habrá paz para los malvados étant en fait une citation de la bible, généralement traduite par « Il n’y a pas de paix pour les méchants », mais à qui les traducteurs français ont préféré donner un titre choc et badass évoquant les westerns spaghetti des années 70. Très concis et intéressant.