Parfum de printemps
France, Tunisie : 2015
Titre original : –
Réalisation : Férid Boughedir
Scénario : Férid Boughedir, Claude d’Anna, Taoufik Jebali
Acteur : Zied Ayadi, Sara Hanachi, Fatma Ben Saidane
Éditeur : Rimini Editions
Durée : 1h35
Genre : Comédie
Date de sortie cinéma : 20 avril 2016
Date de sortie DVD : 7 décembre 2016
Synopsis : Aziz, surnommé « Zizou », jeune diplômé au chômage, quitte son village du Sahara pour monter à la capitale, Tunis, en quête d’un métier. Il devient installateur de paraboles sur les toits. Encore honnête et candide, il circule dans tous les milieux, des plus aisés aux plus démunis, des modernistes « branchés » aux partisans du regime despotique, ou aux opposants islamistes clandestins. Un jour, depuis les terrasses du beau village de Sidi Bou Saïd, il tombe fou amoureux d’une jeune fille qui semble séquestrée par un groupe de mafieux proches du pouvoir, et à qui il rêve désormais de rendre la liberté. Quand éclatent en Tunisie les prémices de la Révolution qui va donner naissance dans toute la région aux espoirs fous d’un « Printemps » des peuples libérés, Zizou devient célèbre malgré lui ! Par sa maladresse et sa naïveté il traversera mille péripéties…
Le film
[3.5/5]
Lorsqu’il arrive à Tunis au printemps 2010, en provenance de la région bordant une sebkha dont il est originaire, Aziz est plein d’illusions. La première désillusion qu’il va connaître va consister à apprendre que son futur beau-père auprès de qui il devait travailler est en fuite après avoir fait faillite et laissé de nombreux impayés. Ayant abandonné ses études 2 ans après le bac, Aziz, ou plutôt Zizou comme tout le monde l’appelle, s’était reconverti « au bled » dans l’installation de paraboles et, grâce à une solidarité toute tunisienne, il va pouvoir très vite pratiquer cette activité dans la ville de Tunis et ses environs. Une activité qui lui permet de rencontrer de nombreuses personnes très différentes les unes des autres et ce, à une période qui va devenir de plus en plus troublée avec l’arrivée de la Révolution de la dignité. En grand enfant qu’il est resté, en être plein de pureté et de candeur, Zizou n’est pas vraiment apte à s’engager dans un camp ou dans un autre, ou alors sans en être vraiment conscient, en toute innocence à la suite d’une rencontre. En fait, ce qui intéresse vraiment Zizou, suite à une réparation de la réception TV dans une belle maison de la petite ville de Sidi Bou Saïd où on l’a conduit les yeux bandés, c’est de pouvoir sauver Aïcha, une jeune fille retenue prisonnière par un homme qu’elle qualifie d’ogre, un homme ayant pour but d’être aimé par elle, et par sa complice, qu’elle appelle la sorcière.
Aujourd’hui âgé de 72 ans, Férid Boughedir, le réalisateur des deux grands classiques du cinéma tunisien que sont Halfaouine, l’enfant des terrasses et Un été à la Goulette, n’avait plus tourné pour le cinéma depuis 20 ans. Il faut dire qu’il avait eu le courage de s’opposer à un Ministre de la Culture du régime de Ben Ali qui voulait imposer des coupes dans un film de Nouri Bouzid. Résultat : tous ses projets de films étaient, depuis, systématiquement bloqués ! Une censure qui venait s’ajouter au fait que Férid Boughedir ne réalise des films que lorsqu’il sent que leur existence devient essentielle. Concernant cette Révolution que la Tunisie venait de vivre, Boughedir a ressenti le besoin de raconter la vérité des événements avec légèreté, partant du principe qu’on comprend mieux les choses si on peut en rire. Il va même jusqu’à s’envoyer un clin d’œil appuyé lorsque Zizou se voit traiter d’ « enfant des terrasses ». Un point important pour le réalisateur consistait à montrer que les vrais héros ne sont pas toujours ceux qui prétendent l’être. C’est ainsi que, sans le vouloir, Zizou va se voir porté en triomphe et qu’un bègue, qui n’arrive jamais à terminer un mot, va parvenir miraculeusement à prononcer d’une seule traite « dégage » dans un café alors que la télévision diffuse un discours de Ben Ali, l’interpellation étant aussitôt reprise par tout un peuple. Le ton général du film est volontairement assez naïf, à l’image de Zizou qui traverse ces événements historiques sans jamais avoir vraiment conscience de leur importance. Zied Ayadi, l’interprète de Zizou, Férid Boughedir est allé le trouver dans un cours de théâtre amateur dirigé par Taoufik Jebali, coscénariste de son film. Le métier de Zied Ayadi ? Fonctionnaire au Ministère des Finances !
Le DVD
[4/5]
Dans ce DVD édité par Rimini Editions, le film est présenté en Dolby 5.1 et en version originale, le français étant d’ailleurs la langue qu’on entend le plus. La qualité de l’image est excellente, ce qui permet, en particulier, de donner une représentation fidèle du fameux mélange de bleu et de blanc, fierté de la petite ville de Sidi Bou Saïd. Parmi les suppléments, les plus intéressants sont un making-of de 6 minutes dans lequel s’expriment Férid Boughedir, Zied Ayadi et Sara Hanachi et une interview du réalisateur, d’une durée de 4 minutes. On trouve aussi 6 scènes inédites d’une durée totale d’un peu plus de 5 minutes ainsi que la bande-annonce du film.