Opération Goldman
Italie : 1966
Titre original : Operazione Goldman
Réalisateur : Antonio Margheriti
Scénario : Alfonso Balcázar, José Antonio de la Loma, Ernesto Gastaldi
Acteurs : Anthony Eisley, Wandisa Guida, Diana Lorys
Éditeur : Artus Films
Durée : 1h30
Genre : Espionnage, Action
Date de sortie cinéma : 15 février 1967
Date de sortie DVD : 3 février 2015
A Cap Kennedy, les essais de lancement d’une station sur la Lune échouent mystérieusement. Inquiète des répercussions sur le plan international, la section secrète de la CIA envoie l’agent Harry Sennet enquêter. Plus connu sous le nom de Goldman, l’agent secret disposant d’un crédit illimité auprès de la banque fédérale, commence par en savoir plus sur l’étrange disparition du savant Runi. Epaulé par la très sexy capitaine Flanagan, Goldman va alors affronter Rehte, le chef de l’organisation, fomentant une domination mondiale…
Le film
[4/5]
Formidable technicien, Antonio Margheriti a œuvré, au fil de ses quarante ans de carrière, dans à peu près tous les genres du cinéma d’exploitation italien : polar, horreur, fantasy, guerre, érotique, western… Autant de genres où le cinéaste, plutôt enclin au mélange des genres, nous a offert de solides séries B. Mais son cœur allait le plus volontiers à la science-fiction, et souvent, des éléments de SF émaillaient ses films, même quand il s’attaquait à un genre à priori incompatible avec ceux-ci. Aussi ne sera-t-on point surpris de découvrir au cœur d’Operation Goldman (1966), petit film d’espionnage surfant sur le succès des premiers James Bond, des éléments purement science-fictionnels : base sous-marine, fusée en destination de la lune… Une inclinaison à regarder les étoiles qui paraît d’ailleurs complètement dans l’air du temps, puisque l’année suivante, la conquête de l’espace serait également au cœur d’On ne vit que deux fois, le James Bond officiel cuvée 1967 ; la réalité et la fiction se rejoindraient seulement en 1969 avec les premiers pas d’Armstrong sur la Lune…
Presque cinquante ans après la sortie du film dans les cinémas de quartier de l’Hexagone, c’est Artus Films qui nous propose aujourd’hui de (re)découvrir Opération Goldman. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cette bande sans prétention se regarde aujourd’hui avec un détachement et un plaisir non feints : vestige d’une époque où l’on osait tout et n’importe quoi sous couvert d’espionnage, le film enquille les moments de bravoure surannés dans une bonne humeur réjouissante, à la façon de ces petites bandes-dessinées d’espionnage des années 60/70 trouvées dans l’armoire du grand-père, que nous dévorions enfants en sirotant une grenadine et/ou en jouant avec nos « Big Jim ». Le décalage lié à l’époque donne au spectateur un sourire de bon aloi durant toute la durée du film, le sourire laissant parfois place à un rire franc quand, lors de « LA » séquence d’action en voiture, on repère l’utilisation de modèles réduits lancés à pleine vitesse sur des petits terrains miniatures censés reconstituer la base de lancement de Cap Kennedy. De quoi en plonger plus d’un dans la nostalgie. Plus qu’un film, Opération Goldman est une madeleine de Proust…
Le DVD
[4,5/5]
On ne remerciera jamais assez Artus Films, qui, dans sa collection Euro Spy, nous abreuve régulièrement de ces petites bandes d’espionnage désuètes qui sont tout autant de petits plaisirs coupables. D’autant que le film est proposé au format, dans une copie visiblement complète, en bon état de conservation, et propose qui plus est la croquignolesque VF d’époque. Le master n’a donc pas trop souffert des outrages du temps, et c’est un transfert assez irréprochable que nous propose aujourd’hui l’éditeur français. VF et VO sont proposées dans des mixages mono d’origine, la VF souffrant d’un peu plus de souffle que son équivalent ialien.
Côté suppléments, Artus Films a de nouveau fait appel à Alain Petit, véritable bible humaine concernant le cinéma bis. Celui-ci remet un peu le cinéma d’espionnage européen en contexte, et aborde la place d’Opération Goldman dans cette mouvance bis. Comme à son habitude, Petit sait donner de la vie à son propos, se montre complet et toujours intéressant, et cite même ses sources concernant l’Euro spy, son savoir sur le sujet venant pour l’essentiel de deux numéros du fanzine Monster Bis, édité par Norbert Moutier. En l’occurrence, si vous vous posez des questions sur le genre, il vous sera probablement plus économique d’appeler directement Alain Petit, ces deux numéros se monnayant aux environs de 30 à 40 € pièce sur le marché de l’occasion. Bon, on plaisante, on plaisante, mais comme d’hab, ce grand spécialiste du bis s’avère tout à fait passionnant, et apporte une valeur ajoutée supplémentaire au DVD édité par Artus.