Nous irons vivre ailleurs
France : 2012
Titre original : –
Réalisateur : Nicolas Karolszyk
Scénario : Nicolas Karolszyk
Acteurs : Christian Mupondo, Léticia Belliccini, Abdou Ndende
Éditeur : La vingt-cinquième heure
Durée : 1h10
Genre : Drame
Date de sortie cinéma : 11 décembre 2013
Date de sortie DVD : 1 septembre 2015
Quelque part en Afrique, Zola se laisse convaincre par un énigmatique et charismatique chef d’entreprise que l’Europe est la seule sortie de secours à ses galères. La peur au ventre, Zola décide donc d’entreprendre un périlleux voyage pour la France.
Le film
[3.5/5]
Rester en Afrique, dans son pays ? C’est ce que souhaiterait la mère de Zola. Problème : même avec la meilleure volonté du monde, la recherche d’un emploi s’avère vaine. Partir vers l’Europe ? C’est ce que suggère à Zola un chef d’entreprise de son pays : il pourra y trouver un travail, y faire son trou, s’intégrer. C’est toute cette histoire que Nicolas Karolszyk a décidé de mettre en images dans Nous irons vivre ailleurs, son premier long métrage, un film de fiction qui, parfois, s’apparente à un documentaire : la recherche d’un passeur, la longue traversée vers les Iles Canaries, l’accueil sur le sol espagnol, la France, sa justice, sa police, ses habitants. L’action se déroule entre 2007 et 2008, elle pourrait tout aussi bien se dérouler en 2015. Rien de manichéen dans le film de Nicolas Karolszyk : une juge se montre même sensible au discours de Zola et à son désir d’intégration, mais il y a les textes de loi et, lorsqu’on accorde généreusement un délai pour permettre à un immigré de régulariser sa situation, il est manifestement trop court pour qu’il y réussisse. La police ? Sans insister lourdement, le réalisateur stigmatise cette vieille tradition du contrôle au faciès. Les habitants ? Ceux que nous montre le réalisateur s’avèrent chaleureux envers Zola et on sent, par ailleurs, une solidarité certaine entre immigrés venant d’horizons différents.
Un budget riquiqui, un thème délicat, pas d’autorisation de tournage : Nous irons vivre ailleurs est un film dont on sent qu’il a été réalisé à l’arrache. Un film dont le tournage a dû s’apparenter un peu à ce qu’a vécu son personnage principal. Contraint ou non par ces conditions de production, Nicolas Karolszyk a fait un certain nombre de choix qui, comme tous les choix, s’avèrent discutables. Il y a d’abord le choix de proposer un film en couleur mais dont les couleurs sont très peu saturées, laissant parfois l’impression qu’on visionne un film en noir et blanc : sans doute le désir de montrer combien la situation de ce monde de la misère est désespérante. Un autre choix est plus discutable : le film est une succession de séquences plus ou moins longues entre lesquelles intervient systématiquement un écran noir. Ce procédé a tendance à hacher le propos, à empêcher le récit de respirer, à rendre moins puissante la montée vers des pics de tension. Par contre, il a un mérite : grâce aux ellipses qu’il génère, le réalisateur a pu traiter un maximum de situations dans un minimum de temps. Dernier choix qu’on évoquera : celui de Christian Mupondo pour interpréter le rôle de Zola. Un choix indiscutable, dans la mesure où le comédien s’avère tout aussi excellent dans la détresse que dans la révolte, tout aussi juste dans les quelques scènes sentimentales que dans les scènes d’action.
Le DVD
[3/5]
On résumera comme suit le DVD de Nous irons vivre ailleurs proposé par La vingt-cinquième heure : film intéressant ayant fait l’objet d’un bon transfert, DVD minimal quant aux choix offerts. En fait, il n’y en a aucun : un son stéréo 2.0 avec les sous-titres en français lorsque sont pratiqués la langue d’origine de Zola et l’espagnol, aucun supplément.
Le DVD est disponible, entre autres, directement sur le site de La vingt-cinquième heure.