Test DVD : My Kid

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My Kid

Israël, Italie : 2020
Titre original : Here we are
Réalisation : Nir Bergman
Scénario : Dana Idisis
Acteurs : Shai Avivi, Noam Imber, Smadar Wolfman
Éditeur : Blaq Out
Durée : 1h31
Genre : Drame
Date de sortie cinéma : 22 décembre 2021
Date de sortie DVD : 17 mai 2022

Aharon a consacré sa vie à élever son fils autiste Uri. Ensemble, ils vivent dans une routine coupée du monde réel. Mais Uri est à présent un jeune adulte, avec de nouveaux désirs et de nouveaux besoins. Alors qu’ils sont en route vers l’institut spécialisé qui doit accueillir Uri, Aharon décide de s’enfuir avec lui, convaincu que son fils n’est pas prêt pour cette séparation…

Le film

[4/5]

Émouvant mais ne versant jamais dans les excès de pathos, My Kid tend à illustrer parfaitement l’universalité que peut occasionnellement atteindre un médium tel que le cinéma. En effet, malgré ses spécificités en termes de personnages (un homme et son fils autiste) et même de lieux (l’histoire est profondément ancrée dans la société israélienne), My Kid parviendra dans le moindre doute à toucher au cœur n’importe quel spectateur, à n’importe quel endroit de la planète.

Bien que le mot « autisme » ne soit jamais réellement utilisé au cœur de My Kid, il paraîtra rapidement évident au spectateur que le personnage de Uri (Noam Imber) souffre effectivement de troubles autistiques. Il parle certes, mais il est un jeune homme très attaché à sa routine et à ses petits rituels : il refuse de manger autre chose que des pâtes étoilées (mes filles le comprennent), et s’avère littéralement obsédé par les films de Charlie Chaplin, qu’il regarde sur son lecteur DVD portable (voilà un cinéphile qui soutient le support physique, ça fait plaisir). Naturellement, Uri a besoin d’être constamment accompagné de son père Aharon (Shai Avivi) pour affronter le « monde réel », de peur qu’il ne risque, par exemple, de marcher sur un escargot, une perspective qui le terrifie complètement, ou au cas où il ne serait pas complétement sûr que quelqu’un ait fait une plaisanterie.

My Kid laisse volontairement beaucoup d’éléments de l’histoire et du background personnel des protagonistes principaux du récit dans le flou, mais c’est aussi ce qui permettra au film de Nir Bergman de trouver un écho chez tout un chacun. Si on comprend au détour d’une ou deux lignes de dialogues qu’Aharon était autrefois un graphiste à succès ayant fait une croix sur sa réussite professionnelle pour prendre en charge son fils, le scénario de Dana Idisis ne fait finalement qu’effleurer ces éléments narratifs, pour se concentrer au contraire sur la notion d’interdépendance entre le père et son fils, qui ne forment presque plus qu’un et ne peuvent rien faire l’un sans l’autre.

Tamara (Smadi Wolfman), la mère de Uri, semble plus consciente de la situation de son fils ; si son pragmatisme pourra apparaître à certains spectateurs comme un odieux cynisme, le fait qu’elle ne vive plus avec les deux hommes lui permet de voir – paradoxalement peut-être un peu plus clairement qu’Aharon – que Uri aurait besoin d’être entouré de ses pairs afin d’apprendre à vivre de façon semi-indépendante, ne serait-ce que pour l’aider à se préparer au jour où Aharon et Tamara ne seront plus là. Mais quand elle trouve un centre de vie assistée prêt à accueillir Uri, c’est finalement Aharon qui ne peut se résoudre à laisser partir son fils, ce qui provoquera le véritable point de départ de My Kid : la cavale des deux hommes à travers le pays. Ce voyage improvisé donnera l’occasion et le temps à Aharon de réévaluer la situation, et de finalement accepter la séparation qui doit avoir lieu.

Délicat et bienveillant, My Kid explore donc avec compassion les arcanes de l’autisme par le biais de cette bouleversante relation père / fils. Les performances de Noam Imber et Shai Avivi son exceptionnelles, et le film laisse aux acteurs toute la latitude nécessaire afin qu’ils laissent libre cours à leur talent ; c’est cependant finalement dans les silences et les moments de solitude qu’ils savéreront le plus déchirants. Pour ne rien gâcher, le scénario de Dana Idisis s’avérera si poignant et immersif que My Kid parviendra, comme on l’a dit en préambule, à résonner bien au-delà des frontières culturelles de son pays d’origine, embrassant des vérités universelles. La compréhension de cette relation centrale est si profondément enracinée que les spectateurs du monde entier seront probablement pris au dépourvu, et même complètement cueillis par le talent de cinéaste de Nir Bergman.

Le DVD

[4/5]

C’est donc Blaq Out qui édite aujourd’hui My Kid au format DVD, et niveau image et son, cette galette est la preuve indubitable du savoir-faire technique d’un éditeur décidément bien rôdé au format : on est en présence d’un master parfait, à la définition précise et aux couleurs vives, sans le moindre petit problème d’encodage à l’horizon. L’image est de très bonne qualité et d’une belle précision, bénéficiant qui plus est d’un excellent niveau de détail, composant le plus habilement du monde avec les limites intrinsèques d’un encodage en définition standard. Côté son, on trouvera lr film en VO et Dolby Digital 5.1 : l’ensemble est aussi clair et qu’équilibré, et nous réserve un joli dynamisme acoustique, avec une spatialisation d’ambiance absolument remarquable. On notera par ailleurs que Blaq Out n’oublie pas les cinéphiles qui visionnent leurs films à domicile sans utiliser de système de spatialisation sonore : l’éditeur nous propose également de découvrir le film en Dolby Digital 2.0 : un choix qui s’avérera probablement plus cohérent si vous visionnez My Kid sur un « simple » téléviseur, sans utiliser de barre de son ou d’installation Home Cinema.

Du coté des bonus présents sur cette édition DVD, on trouvera un entretien avec le réalisateur Nir Bergman (23 minutes). Il évoquera la naissance du projet, le côté extrêmement personnel du scénario de Dana Idisis, sa collaboration à l’écriture, le processus de casting, le tournage, etc.

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