Mme Mills, une voisine si parfaite
France : 2018
Titre original : –
Réalisation : Sophie Marceau
Scénario : Laure Duthilleul, Sophie Marceau
Acteurs : Pierre Richard, Sophie Marceau, Nicolas Vaude
Éditeur : Orange Studio
Durée : 1h24
Genre : Comédie
Date de sortie cinéma : 7 mars 2018
Date de sortie DVD : 10 juillet 2018
Hélène est éditrice de romans à l’eau de rose et mène une vie rythmée par le travail. Elle se réfugie dans les livres, persuadée que la vie y est plus belle que dans la réalité. Se complaisant dans une certaine routine, son quotidien va être bouleversé par l’installation d’une nouvelle voisine, Madame Mills. Cette vieille américaine excentrique va prendre rapidement une importance insoupçonnée dans la vie d’Hélène. Mais les apparences sont parfois trompeuses…
Le film
[3/5]
Une trentaine d’années sont généralement nécessaires afin qu’une comédie française passe du statut du simple et banal « ringard » à celui, très envié, de « nanar », c’est-à-dire de réjouissant plaisir coupable aux relents délicieusement surannés. Cependant, on a déjà remarqué des films ayant acquis ce statut dès leur sortie dans les salles obscures : des œuvres littéralement triées sur le volet, merveilles impérissables de la comédie franchouillarde tellement WTF qu’elles entrent quasi-immédiatement dans la légende, franchissant avec morgue les portes inviolables du panthéon du Nanar. Jean-Marie Poiré est par exemple parvenu à deux reprises à réussir cet exploit, avec Les anges gardiens (1994), puis avec Ma femme s’appelle Maurice (2002). Si elle avait frôlé de peu le miracle dès son deuxième film en tant que réalisatrice (La disparue de Deauville, 2007), trois longs-métrages ont finalement été nécessaires à Sophie Marceau afin de retrouver l’essence du genre avec Mme Mills, une voisine si parfaite.
Petit bonheur surréaliste et « from outer space », Mme Mills, une voisine si parfaite multiplie en effet les éléments « nanar » avec le plus grand soin : une histoire invraisemblable qui ne tient pas debout, un Pierre Richard grimé en vieille tante pendant la moitié du film (le pire étant qu’il se déguise sans la moindre raison valable), des gags qui tombent tous à plat et une direction d’acteurs à l’ouest, où tout le monde cabotine de façon outrée.
La sincérité des motivations de Sophie Marceau n’est cependant pas à mettre en doute : cette dernière a en effet, durant toute sa carrière, cultivé un attachement pour cette spécialité française qu’est le nanar ; déjà en tant qu’actrice à travers des films tels que Fanfan (1993), Marquise (1997), Belphégor le fantôme du Louvre (2001) ou encore De l’autre coté du lit (2008). Elle a même poussé son amour pour le genre au-delà des simples frontières de sa carrière professionnelle en affichant durant quelques années une relation suivie avec Christophe Lambert, qui fut longtemps le fer de lance du nanar et du cinéma « bis », notamment aux côtés du cinéaste-culte Albert Pyun.
Ainsi, il nous est permis d’affirmer que ceux qui voient en Mme Mills, une voisine si parfaite un hommage raté aux grandes comédies hollywoodiennes des années 50 se trompent lourdement : il n’est point question ici de rendre hommage à Howard Hawks ou Billy Wilder – l’actrice / réalisatrice nous livre au contraire une sincère et authentique révérence à des cinéastes tels que Jean Girault et aux autres grands oubliés de la comédie populaire française, à ceux qui remplissaient les salles durant les années 70 ; il n’est d’ailleurs pas étonnant qu’elle ait opté pour un des derniers grands acteurs populaires de l’époque pour partager l’affiche avec elle. Pour son prochain, peut-être optera-t-elle pour Francis Perrin, ou parviendra-t-elle à convaincre Aldo Maccione de revenir devant la caméra ?
Le DVD
[4/5]
Après une courte carrière en salles n’ayant attiré que 257.000 spectateurs, c’est Orange Studio qui nous offre aujourd’hui la possibilité de découvrir Mme Mills, une voisine si parfaite sur support DVD. L’éditeur nous propose d’ailleurs une galette numérique en tous points excellente : la définition est exemplaire, sans le moindre problème de compression ou autre pétouille technique. L’éditeur, rôdé au support, nous propose un encodage maîtrisé, dont on ne percevra les limites techniques que sur certains arrière-plans affichant un léger bruit vidéo, ainsi que sur les scènes nocturnes, un poil plus granuleuses. Côté son, la version française est proposée en Dolby Digital 5.1, dans un mixage aux effets discrets, privilégiant de façon très nette l’ambiance aux effets spectaculaires (qui seraient de toutes façons en contradiction avec l’esprit du film).
Du côté de la section suppléments, Orange Studio nous propose de nous plonger dans un agréable making of d’une vingtaine de minutes, constitué de moments volés sur le tournage, et faisant la part belle à l’énergie de Sophie Marceau, omniprésente et impliquée (voire même autoritaire). Les passages les plus amusants sont à mettre au crédit de Pierre Richard, qui se surnomme « le grand blond avec un faux cil vert », et se révèle fidèle à sa réputation de maladroit, en se brûlant face caméra en attrapant sa cigarette par le mauvais bout !