Test DVD : Memory Box

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Memory Box

France, Canada, Liban : 2021
Titre original : –
Réalisation : Joana Hadjithomas, Khalil Joreige
Scénario : Joana Hadjithomas, Khalil Joreige, Gaëlle Macé
Acteurs : Rim Turki, Paloma Vauthier, Clémence Sabbagh
Éditeur : Blaq Out
Durée : 1h37
Genre : Drame
Date de sortie cinéma : 19 janvier 2022
Date de sortie DVD : 19 avril 2022

Montréal, le jour de Noël. Maia et sa fille Alex reçoivent un mystérieux colis en provenance de Beyrouth. Des cahiers, des cassettes et des photographies que Maia, de 13 à 18 ans, a envoyés à sa meilleure amie partie vivre à Paris. Maia refuse d’affronter ce passé mais Alex s’y plonge en cachette. Elle y découvre l’adolescence tumultueuse et passionnée de sa mère dans les années 80 et des secrets bien gardés…

Le film

[3,5/5]

Comme son titre l’indique clairement, Memory Box est une histoire de souvenirs. Une histoire de souvenirs reliant trois générations de femmes entre Beyrouth, Montréal et Paris. Avec sa narration fragmentée, passant d’une temporalité à une autre, d’un pays à un autre, le film de Joana Hadjithomas et Khalil Joreige dénote d’une louable ambition : celle de traverser le temps et l’espace afin d’explorer les traumatismes intimes et durables infligés par la guerre civile au Liban…

Cinéastes de leur temps, Joana Hadjithomas et Khalil Joreige abordent donc cet héritage douloureux de la société libanaise en jouant de façon habile – et paradoxalement assez ludique – sur les formats, médias et textures cinématographiques. Memory Box enchainera donc les séquences contemporaines à d’autres tournées en 8MM ou 16MM, tout en insérant également des images prises sur le vif en vidéo, des reportages, des photos, de courtes animations, etc. Cette façon de manipuler l’image et le son permet à Memory Box de s’imposer sans peine comme long métrage extrêmement malin et accessible sur la résilience d’un pays tout entier, représentée à l’écran par trois générations de femmes qui parviendront à surmonter les traumatismes du passé. De fait, malgré l’aspect éminemment dramatique – presque tragique – de ce qui nous est raconté, le film conservera toujours cette indicible petite touche d’espoir, qui résonnera avec une clarté toute particulière quand arriveront sur l’écran les dernières images de Memory Box, qui montrent le soleil se levant – encore et toujours – sur Beyrouth.

L’intrigue du film tourne évidemment autour d’une boite contenant en vrac un ensemble de journaux, carnets, cassettes et autres photos. Il s’agit de souvenirs que Maia (Rim Turki) a envoyés de Beyrouth à son amie Liza à Paris, alors que la guerre civile libanaise des années 1980 faisait rage. Craignant les souvenirs douloureux et les secrets longtemps enfouis que la boite pourrait révéler, Maia et sa mère Téta (Clémence Sabbagh) interdisent à Alex (Paloma Vauthier), la fille de Maia, d’en regarder le contenu. Mais bien sûr, comme la femme de Barbe-Bleue, la jeune fille se lance et plonge la tête la première dans le récit décousu des jeunes années de sa mère. Elle apprendra ainsi comment Maia, alors adolescente (Manal Issa), s’est disputée avec ses parents. Elle découvrira qu’elle a également été une ado pur jus, obsédée par les garçons, complexée par son physique (boutons, grosses cuisses). La Memory Box lui révélera également que sa mère a fait la fête et connu la joie à une époque où non seulement les téléphones portables et WhatsApp n’existaient pas, mais où une guerre était en cours, avec ce que cela implique de bombardements, de milices sans pitié et d’amis rencontrant la mort de façon prématurée.

Une des plus grandes forces de Memory Box est sans doute que le film fait preuve d’une immense empathie pour les personnages du récit. Chaque geste, chaque regard est filmé avec la plus grande attention et la plus grande sensibilité, et l’histoire avance régulièrement au fil des découvertes d’Alex, rythmées par les tubes pop de groupes tels que Visage ou Blondie, ainsi que des groupes indépendants libanais. Et comme pour souligner que l’histoire se répète en dépit de l’évolution des technologies, les fragments du passé découverts par Alex au fil du film seront également transmis à ses amis par le biais de son smartphone – une jolie idée pour un film réussi et régulièrement émouvant.

Le DVD

[4/5]

C’est Blaq Out qui nous propose aujourd’hui de découvrir Memory Box dans la chaleur douillette de son foyer ; malgré ses qualités techniques impressionnantes, le film de Joana Hadjithomas et Khalil Joreige ne bénéficiera que d’une sortie sur format DVD. Peu importe finalement : l’éditeur est rôdé à l’encodage en définition standard, et au final, Memory Box s’offre un master de toute beauté : les couleurs sont superbes, les contrastes denses, les noirs d’une belle profondeur. La définition est irréprochable et le piqué souvent très précis, dans les limites évidentes d’un encodage DVD. Coté enceintes, le film est proposé en Dolby Digital 5.1, et le mixage est très satisfaisant, prenant toute son ampleur lors des scènes de fêtes, riches en gros surrounds. On notera également la présence d’un mixage stéréo en Dolby Digital 2.0, anecdotique mais probablement plus clair si vous ne bénéficiez pas de Home Cinema et visionnez le DVD le plus simplement du monde sur votre téléviseur.

Côté interactivité, on trouvera un long entretien avec Joana Hadjithomas et Khalil Joreige (1h18). Cette rencontre avec le public a été enregistrée à l’occasion du 49ème festival La Rochelle cinéma, et les débats sont orientés / animés par Jean-Michel Frodon, journaliste français, critique, enseignant et historien du cinéma.

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