Mary Shelley
Grande-Bretagne, Irlande, Luxembourg : 2017
Titre original : –
Réalisation : Haifaa Al Mansour
Scénario : Emma Jensen, Haifaa Al Mansour
Interprètes : Elle Fanning, Douglas Booth, Tom Sturridge
Éditeur : Pyramide Vidéo
Durée : 1h56
Genre : Drame, Biopic
Date de sortie cinéma : 8 août 2018
Date de sortie DVD : 8 décembre 2018
Synopsis : En 1814, Mary Wollstonecraft Godwin entame une relation passionnée et scandaleuse avec le poète Percy Shelley et s’enfuit avec lui. Elle a 16 ans. Condamné par les bienpensants, leur amour tumultueux se nourrit de leurs idées progressistes. En 1816, le couple est invité à passer l’été à Genève, au bord du lac Léman, dans la demeure de Lord Byron. Lors d’une nuit d’orage, à la faveur d’un pari, Mary a l’idée du personnage de Frankenstein. Dans une société qui ne laissait aucune place aux femmes de lettres, Mary Shelley, 18 ans à peine, allait révolutionner la littérature et marquer la culture populaire à tout jamais.
Le film
[3.5/5]
Même si nombreux sont ceux qui croient que Frankestein est LE monstre alors que ce monstre est une créature sans véritable nom créée par le savant Victor Frankenstein, même si nombreux sont ceux qui ne connaissent pas le nom de l’auteur du roman « Frankenstein ou le Prométhée moderne » et encore moins son histoire, rares sont ceux pour qui Frankenstein n’évoque absolument rien. Ce roman, c’est une jeune femme de 20 ans qui l’a écrit, au début du 19ème siècle, à une époque où il n’était pas imaginable qu’une femme puisse écrire autre chose que de la poésie ou de la littérature romantique. Au point que c’est anonymement, que, dans un premier temps, « Frankenstein » a été publié le 1er janvier 1818.
Le film de Haifaa Al Mansour, nous permet, au prix, comme dans tout biopic, de quelques entorses avec la vérité historique, de mieux faire connaissance avec ce prodige de la littérature qu’est Mary Shelley. Il permet de comprendre comment, suite aux rapports avec son père, à la perte d’un enfant en bas âge et aux épisodes de sa vie passés auprès de Claire Clairmont, belle-fille de son père, des poètes Percy Shelley et Lord Byron, le thème de l’abandon, si important dans son roman, l’a si profondément marquée.
Mary Shelley permet aussi de rendre compte du combat mené par une jeune fille pour s’imposer en tant que femme dans une société corsetée et face à des hommes qui, certes, avaient des qualités mais faisaient peu de cas des femmes qu’ils séduisaient.
Amy Baer et Alan Moloney, producteurs du film, voulaient absolument que ce soit une femme qui réalise Mary Shelley, une jeune femme qui doit lutter pour s’affirmer en tant qu’écrivaine. On peut s’étonner que ce film si britannique ait été réalisé par une saoudienne, Haifaa Al Mansour. Mais est-ce vraiment si étonnant ? Que racontait son premier film, premier long métrage officiel produit par l’Arabie Saoudite ? La lutte d’une gamine saoudienne pour simplement avoir le droit de faire du vélo ! L’Angleterre du début du 18ème siècle, l’Arabie Saoudite d’aujourd’hui, des sociétés où il était, où il est particulièrement difficile pour les femmes de s’épanouir en ayant la maîtrise de leur existence.
La réalisation menée par Haifaa Al Mansour est très classique, certains même utilisant le terme qui est pour eux l’injure suprême : académique ! Il est vrai que, dans sa forme, Mary Shelley ne révolutionne pas l’histoire du cinéma. Mais, heureusement, ce « classicisme » n’a rien d’ampoulé : il y a de la fièvre dans ce film, il y a de la vie, parfois même de la fureur. Il faut dire que la réalisatrice a reçu un renfort de poids : celui de Elle Fanning, l’interprète de Mary Shelley. Cette comédienne américaine combine deux qualités importantes : elle a l’âge du rôle tout en ayant une très grande expérience du métier de comédienne, commencé à l’âge de … deux ans et poursuivi depuis dans une bonne quarantaine de films. Présente dans presque toutes les scènes du film, elle brille de mille feux, aussi bien dans la détresse que dans le bonheur. A ses côtés, Douglas Booth et Tom Sturridge se montrent tout à fait à la hauteur dans les rôles pleins d’ambigüité de Percy Shelley et de Lord Byron.
Le DVD
[4/5]
Une fois de plus, on ne pourra pas se plaindre du travail effectué par Pyramide Vidéo sur un DVD : tant mieux ! Les images ? Aucun souci : le travail de David Ungaro, le Directeur de la photographie, est parfaitement respecté, tant au niveau de la couleur et de la lumière que de la définition. La VF n’est proposée qu’en 5.1 alors que la VOST l’est en 2.0 et en 5.1.
A part des bandes-annonce, Le DVD ne propose qu’un supplément mais il est intéressant. Intitulé « A storm in the stars », il s’agit d’une série d’entretiens de 19 minutes au total avec l’équipe du film : Elle Fanning (Mary Shelley), Haifaa Al Mansour (la réalisatrice), Douglas Booth (Percy Shelley), Amy Baer et Alan Moloney, (producteurs du film). Ces entretiens permettent, en particulier, de mieux appréhender les similitudes entre la situation de la réalisatrice et celle de son personnage principal.