Maggie a un plan
France : 2015
Titre original : Maggie’s Plan
Réalisation : Rebecca Miller
Scénario : Rebecca Miller sur une idée de Karen Rinaldi
Acteurs : Greta Gerwig, Ethan Hawke, Julianne Moore
Éditeur : Diaphana
Durée : 1h35
Genre : Comédie
Date de sortie cinéma : 27 avril 2016
Date de sortie DVD : 20 septembre 2016
Synopsis : Maggie, trentenaire, éternelle célibataire et new-yorkaise, a bien l’intention de faire un bébé toute seule, mais elle rencontre John, professeur anthropologie et écrivain en devenir, dont elle tombe immédiatement amoureuse.
John, lui, n’est pas très heureux en mariage avec la tumultueuse Georgette qui ne vit que pour sa carrière. Il la quitte pour Maggie, qui attend désormais un bébé, mais après quelques années de vie commune, Maggie a un autre plan en tête et aimerait jeter à nouveau John dans les bras de Georgette…
Le film
[3/5]
Quel résultat peut-on attendre d’une comédie new-yorkaise réalisée par Rebecca Miller, tout à la fois réalisatrice du très surestimé Les Vies privées de Pippa Lee, fille d’Arthur et épouse de Daniel-Day Lewis, une comédie réunissant Julianne Moore, Ethan Hawke et, surtout, la très surestimée Greta Gerwig, tout à la fois Frances dans Frances Ha, Brooke dans Mistress America et compagne de Noah Baumbach ? Une certitude : aucun risque d’être déçu ! A l’origine de ce film : une idée de Karen Rinaldi, en partie tirée de sa propre existence et transmise à Rebecca Miller. L’histoire de Maggie, une trentenaire, directrice du développement pour des étudiants en art et design, qui n’arrive pas à avoir de relation prolongée avec un homme et qui, souhaitant devenir mère, organise un premier plan : faire un bébé toute seule. Un plan qui échoue in extrémis, l’amour venant frapper à sa porte sous la forme d’un anthropologue, séduisant mais marié : John, marié à Georgette, anthropologue également, aux origines danoises et au comportement égoïste et étouffant. Un mariage, ça peut se terminer, un bébé, ça peut se faire à deux. Mais, quelques années plus tard, voilà Maggie lancée dans un deuxième plan. Un premier plan, un deuxième plan, le risque est grand de se retrouver face à un film plan-plan ! Reconnaissons le : bien souvent, Maggie a un plan n’est pas loin de tomber dans ce travers. En effet, la mise en scène ne brille pas par son originalité et l’absence de rythme arrive parfois à générer un certain ennui chez le spectateur.
Il y a toutefois quelques éléments qui permettent au film de se maintenir dans une honnête moyenne. On passera rapidement sur le sang neuf que l’évolution des mœurs peut apporter à la comédie romantique : la récolte de semence, à domicile, pour une jeune femme qui souhaite faire un bébé toute seule ; le coup de téléphone qui va tout changer, pile-poil au moment de l’auto-injection de la dite semence. Pas franchement romantique, disons même un peu lourd, mais ça peut faire rire. On passera moins rapidement sur le sujet principal du film : Maggie, une jeune femme chez qui l’action découle directement de la pensée, une jeune femme qui a l’obsession du contrôle et dont on peut espérer, sans trop y croire, qu’un jour, à force de rencontrer des échecs, elle aura appris qu’on « n’organise pas sa vie et celle des autres comme on trie un tiroir de chaussettes » et, qu’au contraire, il est parfois (souvent ?) souhaitable de laisser les choses venir d’elles même. Cette étude de caractère est assez finement menée et permet de rencontrer de-ci de-là quelques scènes savoureuses, d’autant plus que Maggie se frotte à deux êtres aussi égoïstes et individualistes qu’elle : une femme totalement dédiée à sa carrière au départ et qui tombe le masque petit à petit, et un homme qui, une fois marié avec Maggie, se met à pratiquer avec elle ce qu’il reprochait à Georgette de pratiquer avec lui. Force est de reconnaître que Greta Gerwig tient ce rôle de Maggie de façon plutôt satisfaisante, Julianne Moore dans le rôle de Georgette et Ethan Hawke dans celui de John se montrant tout à fait à leur avantage.
A l’occasion de la Berlinale 2016, Tobias avait écrit une critique de Maggie a un plan. Pas inutile de vous y plonger !
Le DVD
[4/5]
Le travail effectué par Diaphana sur ce DVD est tout à fait satisfaisant. On trouve en effet trois compléments, trois entretiens, chacun apportant un petit plus à la simple vision du film. Dans l’entretien qui lui est consacré, d’une durée de 7 minutes, Rebecca Miller insiste sur l’importance de montrer un tel film dans des festivals (Toronto, Sundance, Berlin) et nous fait part de son désir de faire rire les spectateurs, elle qui apprécie tout autant les farces françaises du 18ème siècle que le cinéma de Howard Hawks. Dans l’entretien avec Greta Gerwig, d’une durée de 12 minutes, on apprend, entre autres, qu’elle aime avoir du temps pour travailler son personnage et que, dans sa vie personnelle, elle s’efforce de contrôler ce qui, pour elle, est important tout en laissant le plus souvent les choses venir d’elles-même sur les sujets plus anodins. Quant à Julian Moore, les cinq minutes que dure son entretien lui suffisent pour évoquer son amitié avec Rebecca Miller, le plaisir qu’elle a pris à prendre un léger accent danois dans son interprétation de Georgette et l’importance d’avoir de plus en plus de réalisatrices, ce qui permet de donner un éclairage différent de ce qu’on a coutume de trouver chez leurs confrères masculins.
Le film se voit en version originale sous-titrée en français et s’écoute en Dolby 2.0 ou en Dolby 5.1. Vraiment rien à redire concernant le transfert sur DVD du son et de l’image.