Test DVD : Los Hongos

1
1665

Los Hongos

LOS HONGOS DVDColombie : 2014
Titre original : Los Hongos
Réalisateur : Oscar Ruíz Navia
Scénario : Oscar Ruíz Navia, César Acevedo
Acteurs : Jovan Alexis Marquinez, Calvin Buenaventura, Gustavo Ruiz Montoya, Atala Estrada, Dominique Tonnelier
Éditeur : Blaq Out
Durée : 1 h 39
Genre : drame
Date de sortie cinéma : 27 mai 2015
Date de sortie DVD : 13 juillet 2016

 

 

Dans la journée, Ras est ouvrier dans le bâtiment. Tous les soirs après le travail, il tague des graffitis sur les murs du quartier dans l’est de Cali (Colombie). Ras n’a pas dormi depuis longtemps et commence à rêvasser en plein jour. Quand il vole plusieurs pots de peinture pour finir une immense fresque murale, il est renvoyé. Sans le sou, il arpente la ville à la recherche de Calvin, son ami graffeur qui fait des études d’art et veille avec amour sur sa grand-mère.

los hongos 1

Le film

[3/5]

Cali, 3ème ville de Colombie en nombre d’habitants, une ville dans laquelle cohabitent les arts et la violence. Deux jeunes amis y pratiquent l’art du graffiti : Jovan Alexis, alias Ras, est noir, il travaille comme manœuvre dans le bâtiment et il profite de ce boulot dans lequel il se montre très maladroit pour voler des pots de peinture ; Calvin est métis et il est étudiant à la Faculté des Beaux-Arts. Ras se déplace sur sa planche de skate et rentre rarement au domicile de Maria, sa mère, passant ses nuits à peindre dans les rues de Cali ou à dormir chez Calvin. Calvin se déplace sur son vélo de BMX et n’est pas très assidu dans ses études, contrairement à Dominique, sa petite amie. Il vit chez sa grand-mère, une ancienne enseignante très jeune d’esprit et pleine de vie malgré le cancer qui la ronge, une grand-mère que Calvin appelle affectueusement Nañita. Son père Gustavo est un interprète et auteur de chansons qui rame pour retrouver l’aisance financière qu’il a connue dans le passé mais qui, de toute évidence, a fini par le fuir. Ras et Calvin ont une ambition : intégrer un groupe de graffeurs qui peignent une fresque gigantesque sous le pont des Mille Jours, afin d’y réaliser un clin d’œil au Printemps Arabe, enrichi du slogan « Plus jamais nous ne garderons le silence ».  Une activité qui génère  régulièrement des confrontations musclées avec une police très violente.

LOS HONGOS 11

Oscar Ruíz Navia est un jeune réalisateur et producteur de 34 ans, originaire de Cali, et Los Hongos, primé au Festival de Locarno 2014,  est son deuxième long métrage. Il en a écrit le scénario en collaboration avec César Acevedo dont on a vu récemment La Terre et l’ombre, Caméra d’or au Festival de Cannes 2015. Alors que La Terre et l’ombre plongeait les spectateurs dans le monde paysan de la Colombie, la toile de fond de Los Hongos est citadine. Dans un film à mi-chemin entre fiction et documentaire et qui peut paraître décousu dans sa construction, les deux scénaristes insistent avec finesse sur la cohabitation de générations qui vivent sans conflit, du moins en apparence, dans des mondes qui n’ont pas grand chose en commun. Chez les jeunes, c’est sur Internet et sur les réseaux sociaux qu’on va chercher les informations, dorénavant très mondialisées, et ce sont les différentes formes d’arts de la rue, et, plus particulièrement, les tags et les graffitis qui servent de supports à leurs combats militants, que ce soit en faveur du féminisme ou d’une plus grande liberté. Chez les adultes, la télévision reste le support d’information privilégié, les combats militants se passent dans les urnes et le lien social se fait dans les bars, entre amis. Chez les jeunes, ce n’est plus la religion qui dicte leur comportement, la sexualité se vit sans tabous, on fume des joints et l’égalité entre filles et garçons semble de mise. Chez les adultes, la religion a toujours une grande importance et les bars accueillent beaucoup plus d’hommes que de femmes. Toutefois, Oscar Ruíz Navia montre également, avec le personnage de la Nañita, que, depuis longtemps, certaines femmes avaient cherché et réussi à influencer la vie de leur pays. Cette Nañita dont les liens avec Calvin sont très forts et très affectueux, Calvin écoutant respectueusement sa grand-mère lorsqu’elle lui donne des conseils pour éviter la gueule de bois et n’hésitant pas à dormir à ses côtés.

LOS HONGOS 12

Pour la réalisation de son film, dont le point de départ a été le décès de sa grand-mère, Oscar Ruíz Navia a fait appel à des comédiens amateurs, dont son père, Gustavo Ruiz Montoya dans le rôle de Gustavo, le père de Calvin, et Atala Estrada, la sœur de sa grand-mère, dans le rôle de la Nañita. Quant aux artistes qui peignent la grande fresque sous le pont, ce sont de véritables graffeurs de la ville de Cali. Reste à chercher une explication au titre du film : Los Hongos, les champignons. Des organismes qui se nourrissent de matières en décomposition. En décomposition, comme peut l’être la classe dirigeante en Colombie, trop souvent touchée par la corruption.

Le DVD

[4/5]

 Encore du beau travail de la part de Blaq Out ! Dans ce film dans lequel les peintures murales ont un rôle important, la qualité du transfert de la couleur et, plus généralement, celui de la lumière sur le support DVD avaient une importance primordiale : le résultat est excellent. Concernant le son, on peut choisir entre Dolby 2.0 et Dolby 5.1, et on suivra le film en espagnol, avec un très bon sous-titrage. Mais là où Blaq Out nous gâte tout particulièrement c’est avec le supplément proposé : un documentaire intitulé Calidoscope, sur les traces de Los Hongos, réalisé par Nicolas Azalbert, journaliste aux Cahiers du Cinéma, et filmé par Mateo Guzman, celui-là même à qui doit la très belle photographie de La terre et l’ombre. Durant 43 minutes, on suit Gustavo Ruiz Montoya dans ses pérégrinations dans sa ville de Cali, ses rencontres et ses discussions avec son père, l’interprète de Gustavo dans le film, avec Calvin Buenaventura, l’interprète de Calvin, avec Dominique Tonnelier, via Skype, puisque cette dernière, l’interprète de la petite amie de Calvin, tente actuellement sa chance dans notre pays, avec sa grand-tante Atala Estrada, l’interprète de Nañita. Cette rencontre avec l’interprète la plus âgée du film est la plus intéressante de ce documentaire, dans la mesure où l’ouverture d’esprit de cette femme renforce l’impression donnée par Los Hongos sur l’importante évolution des mœurs et des comportements vécue actuellement par la Colombie. Par ailleurs, ce documentaire donne à Gustavo Ruiz Montoya l’occasion de parler du cinéma de Cali et des nombreux réalisateurs qui travaillent dans cette ville, tout en le comparant au cinéma réalisé à Bogota. Il n’oublie pas, non plus, de montrer pourquoi Cali a souvent droit à l’appellation de capitale de la Salsa.

Ce DVD est disponible, entre autre, directement chez Blaq Out.

LOS HONGOS 8

1 COMMENTAIRE

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici