Linda veut du poulet
France, Italie : 2023
Titre original : –
Réalisation : Chiara Malta, Sébastien Laudenbach
Scénario : Chiara Malta, Sébastien Laudenbach
Acteurs : Mélinée Leclerc, Clotilde Hesme, Lætitia Dosch
Éditeur : Blaq Out
Durée : 1h13
Genre : Animation
Date de sortie cinéma : 18 octobre 2023
Date de sortie DVD : 5 mars 2024
Non, ce n’est pas Linda qui a pris la bague de sa mère Paulette ! Cette punition est parfaitement injuste ! Et maintenant Paulette ferait tout pour se faire pardonner, même un poulet aux poivrons, elle qui ne sait pas cuisiner. Mais comment trouver un poulet un jour de grève générale ? De poulailler en camion de pastèques, de flicaille zélée en routier allergique, de mémé en inondation, Paulette et sa fille partiront en quête du poulet, entraînant toute la « bande à Linda » et finalement tout le quartier. Mais Linda ne sait pas que ce poulet, jadis si bien cuisiné par son père, est la clef de son souvenir perdu… Au fait, quelqu’un sait tuer un poulet ?
Le film
[4/5]
Long-métrage d’animation en forme de feel-good movie, suivant une mère célibataire prête à tout pour rendre sa fille heureuse, Linda veut du poulet a valu à ses réalisateurs Chiara Malta et Sébastien Laudenbach d’obtenir, le 23 février dernier, le César 2024 du meilleur long-métrage d’animation. Si les choix des membres de l’Académie sont souvent sujets à discussion, voire même à certains débats houleux, dans le cas de Linda veut du poulet, cette récompense nous parait vraiment méritée. En effet, le film parvient, grâce notamment à un style d’animation au rendu vraiment unique, à aborder un large éventail de thèmes et de sentiments forts, et ce en dépit d’une histoire essentiellement centrée sur la notion de « perte », puisque la fameuse recette de poulet aux poivrons fait référence au vide laissé par le père de Linda, mort alors qu’elle n’était encore qu’un petit bébé.
D’une façon assez remarquable, les scénaristes / réalisateurs Chiara Malta et Sébastien Laudenbach ne s’attarderont cependant pas trop longtemps sur les moments douloureux de leur récit, considérant sans doute essentiellement la douleur comme une porte d’entrée nécessaire afin de faire place aux émotions. Au contraire, l’un des aspects les plus marquants de Linda veut du poulet s’avérera sans aucun doute son humour, et la façon dont ce dernier parvient à maintenir l’espoir même lorsque les choses semblent désespérées. Et le film de suivre la quête douce-amère de Paulette (Clotilde Hesme), qui a promis à sa fille Linda (Mélinée Leclerc) de lui préparer un poulet aux poivrons, alors même qu’elle n’y connaît rien en cuisine, et que la grève fait rage dans toute la ville.
Des personnages hauts en couleur peuplent cette aventure, notamment Astrid (Laetitia Dosch), la sœur de Paulette, qui en a assez de l’impulsivité de cette dernière, et Serge (Estéban), un flic à la gâchette facile, qui n’est pas très doué pour son travail, mais qui le compense par sa bonne humeur et à qui Estéban prête sa voix et sa diction proprement inimitables. Les personnages des amies de Linda, Annette, Carmen et Afia, s’avèrent également drôles et attachants, et permettent par moments à Linda veut du poulet de toucher du doigts la magie de ces petites merveilles désintéressées de l’enfance, dont l’entraide et la solidarité font naturellement partie.
Au-dessus de ces personnages, qui donnent à Linda veut du poulet tant de vie et d’originalité, il y a bien sûr l’ombre du père de Linda, qui continue à « vivre » à sa manière à travers sa recette de poulet aux poivrons, que Linda et sa mère associeront toujours à lui et à son souvenir. Cependant, le film de Chiara Malta et Sébastien Laudenbach montre bien à sa manière à quel point il est nécessaire d’aller de l’avant, de peur que le chagrin ne nous empêche de vivre notre vie, et c’est là une leçon que Linda et surtout sa mère Paulette apprendront au fil de leur charmant périple.
Le style d’animation choisi par les deux coréalisateurs de Linda veut du poulet, au cœur duquel chaque personnage est identifié par une tache de couleur quasi-fauviste surmontée de traits minimalistes. Linda est toujours jaune, se démarquant des autres personnages par son optimisme et son goût pour l’aventure. Ce style visuel assez unique permet à certaines séquences du film de nous proposer de véritables explosions de couleurs vives, notamment celles qui sont accompagnées de petites chansons destinées à souligner un aspect du récit ou une bizarrerie du personnage. Les décors du film, peints par Margaux Duseigneur, sont simplistes mais efficaces, et dépeignent l’harmonie de cette petite communauté alors même que la situation sociopolitique s’avère tendue en raison de la grève.
Le DVD
[4/5]
Le DVD de Linda veut du poulet édité par Blaq Out est, à l’image des galettes auxquelles nous a habitué l’éditeur au fil des années, techniquement irréprochable. Bien rôdé à l’encodage en définition standard, et aidé par la courte durée du film (1h13), Blaq Out offre au film d’animation de Chiara Malta et Sébastien Laudenbach une image superbe, colorée et globalement bien définie, composant de façon habile avec les limites d’un encodage en définition standard. Pour autant, on ne pourra que déplorer un léger manque de précision et/ou de finesse dans la restitution des traits qui composent les personnages ; cet écueil bien sûr est lié aux limites du format DVD, et aurait pu être évité avec un encodage en Haute-Définition, mais les faibles résultats du film au box-office français (un peu plus de 114.000 entrées) en ont malheureusement décidé autrement. Qui sait, le César que vient de remporter le film permettra-t-il peut-être à Blaq Out de nous proposer prochainement le film au format Blu-ray, comme il l’a récemment fait pour Chien de la casse ? On touche du bois ! Côté son, le film est mixé en Dolby Digital 5.1, et la spatialisation se révélera d’un dynamisme franc et immersif : c’est du très beau boulot. Comme d’habitude avec Blaq Out, un mixage stéréo Dolby Digital 2.0 est également disponible, et sera probablement le choix le plus pertinent si vous visionnez Linda veut du poulet sur un simple téléviseur.
Du côté des suppléments, on trouvera tout d’abord un court making of, divisé en trois parties, qui abordera tout d’abord les chansons (2 minutes), puis les décors (2 minutes) et le style graphique du film (2 minutes). On poursuivra ensuite avec un entretien avec Chiara Malta et Sébastien Laudenbach (5 minutes), qui reviendront rapidement sur les grandes étapes de la création de Linda veut du poulet, et on terminera avec le clip de la chanson « Un souvenir ou deux » par Juliette Armanet (2 minutes), composé à partir d’images du film.