Les jours d’avant
Algérie, France : 2013
Titre original : –
Réalisateur : Karim Moussaoui
Scénario : Karim Moussaoui, Virginie Legeay
Acteurs : Mehdi Ramdani, Souhila Mallem, Mohammed Ghouli
Éditeur : Damned Films
Durée : 0h45
Genre : Drame
Date de sortie cinéma : 4 février 2015
Date de sortie DVD : 22 septembre 2015
Dans une cité du sud d’Alger, au milieu des années 90, Djaber et Yamina sont voisins, mais ne se connaissent pas, Pour l’un comme pour l’autre, il est si difficile de se rencontrer entre filles et garçons, qu’ils ont presque cessé d’en rêver. En quelques jours pourtant, ce qui n’était jusque-là qu’une violence sourde et lointaine éclate devant eux, modifiant à jamais leurs destins…
Le film
[4/5]
1994, une cité de Sidi-Moussa, à une vingtaine de kilomètres au sud d’Alger. Depuis déjà 3 ans, l’Algérie vit au rythme du conflit qui oppose le gouvernement à divers groupes islamiques : une période de 10 ans surnommée la décennie noire. Un conflit que Les jours d’avant nous montre très brièvement, à deux reprises, sous la forme de tireurs qui surgissent de nulle part et qui tuent, des civils, des militaires, des policiers. La mort rode, mais, malgré cette tension qui règne dans le pays, une seule chose semble compter pour les jeunes lycéens de Sidi-Moussa : la fête que va donner Hassen, un étudiant en médecine. Pour Djaber et Rafik, comment faire pour y participer alors qu’on n’a pas été invité. Pour Yamina, comment aller à cette fête sans que son père le sache.
En 3/4 d’heure, Les jours d’avant nous en dit beaucoup sur les frustrations d’une jeunesse dans un pays où il est particulièrement difficile de se rencontrer entre garçons et filles : qu’un garçon porte les courses d’une fille, pourquoi pas, mais à condition qu’il reste 10 mètres derrière et qu’ils n’échangent aucun regard. Le réalisateur avait 18 ans en 1994 et il y a sans doute beaucoup de lui-même dans le personnage de Djaber. Nul besoin d’un étalage de discours pour montrer cette frustration et ses conséquences : il suffit pour Karim Moussaoui de montrer avec tact et intelligence un certain nombre de situations et de nous faire écouter les dialogues qui s’y rapportent. Avec, en plus, la bonne idée consistant à partager le film en 2 chapitres : ce que vit Djaber ; ce que vit Yamina. Par ailleurs, l’idée consistant à faire entendre à 5 ou 6 reprises des extraits de l’aria « Ah ! Mio Cor » tiré de Alcina de Haendel n’a vraiment rien de désagréable et ajoute au caractère tragique du film. Présent parmi les meilleurs court-métrages à la cérémonie des César 2015, Les Jours d’avant met en lumière un réalisateur très prometteur qui travaille actuellement sur son premier long métrage, En attendant les hirondelles.
Le DVD
[4/5]
Pour accompagner ce moyen métrage de 45 minutes, Damned Films a sorti l’artillerie lourde en matière de bonus. Tout d’abord, une interview de Karim Moussaoui, d’une durée de 23 minutes, réalisée au moment des César 2015 et menée par le journaliste, photographe et réalisateur Christophe d’Yvoire. Interview classique : genèse du film, sa rencontre avec sa co-scénariste Virginie Legeay, son goût pour les scènes vues une première fois puis revues plus tard sous un angle différent, choix des interprètes, etc. Suivent des scènes de repérage d’une durée de 27 minutes, avec les commentaires de Karim Moussaoui, de Virginie Legeay et de David Chambille, le directeur de la photographie. On y parle du choix du 16 mm, de celui des focales, des interprètes et de plein d’autres choses. Dernier bonus, le premier court métrage réalisé par Karim Moussaoui. Filmé en sépia, en 2003, Petit-Déjeuner dure 6 minutes et est une adaptation très libre du « Déjeuner du matin », un poème de Jacques Prévert.
Parmi les options offertes concernant la vision du film, il y en a une qui s’apparente à un bonus supplémentaire. En effet, si l’on peut regarder et écouter Les jours d’avant, dont les dialogues sont en arabe dialectal, en Dolby 2.0, avec des sous-titres français, ou anglais, ou arabes ou sans sous-titres, on peut aussi le regarder avec les commentaires du réalisateur. Dans ce cas, les dialogues sont inaudibles, il n’y a aucun sous-titrage mais, une fois de plus, c’est fort intéressant. Visuellement, l’image n’est pas d’une qualité exceptionnelle, cela étant dû au tournage en 16 mm et non au transfert sur DVD. En plus, il pleuvait beaucoup sur cette région de l’Algérie au moment du tournage du film ! Image non exceptionnelle, mais de bonne qualité quand même.
