Les derniers parisiens
France : 2017
Titre original : –
Réalisation : Hamé Bourokba, Ekoué Labitey
Scénario : Hamé Bourokba, Ekoué Labitey
Acteurs : Reda Kateb, Slimane Dazi, Mélanie Laurent
Éditeur : Blaq Out
Durée : 1h42
Genre : Drame
Date de sortie cinéma : 22 février 2017
Date de sortie DVD : 5 août 2017
Tout juste sorti de prison, Nas revient dans son quartier, Pigalle, où il retrouve ses amis et son grand frère Arezki, patron du bar Le Prestige. Nas est décidé à se refaire un nom et Le Prestige pourrait bien lui servir de tremplin…
Le film
[3,5/5]
Scénaristes et réalisateurs des Derniers parisiens, Hamé Bourokba et Ekoué Labitey, simplement crédités « Hamé et Ekoué » au générique du film, sont issus du groupe de hip-hop français « La Rumeur ». De leur expérience passée dans le rap, on dénotera indéniablement au visionnage de ce premier long-métrage un attachement pour les laissés pour compte de la société, et une volonté farouche de retranscrire de façon brute de décoffrage une certaine réalité de la nuit à Pigalle, faite d’embrouilles, d’abus de confiance et de coups de pression.
Ainsi, l’influence la plus manifeste planant au-dessus des Derniers parisiens est sans conteste celle de Martin Scorsese époque Mean Streets ; collant au plus près du caniveau, avec néanmoins un soupçon de poésie sous-jacente à travers le personnage récurrent du vagabond interprété par Stéphane Coulon, le film d’Hamé et Ekoué suit le déchirement de deux frères que tout oppose à priori, sans jugement ni manichéisme, chaque personnage dévoilant au fur et à mesure du récit sa part d’ombre de façon parfois très inattendue. Impeccable dans ce genre de composition borderline, Reda Kateb vampirise littéralement l’écran dans le rôle principal, aidé par une poignée de seconds-rôles tout aussi parfaits.
Mais là où Les derniers parisiens étonnera réellement, c’est dans la peinture impressionniste de la « Nuit » parisienne que développent les deux cinéastes au grès des pérégrinations nocturnes de leur petite galerie de personnages, le plus souvent habilement croqués ; livrés à eux-mêmes lors de séquences probablement largement improvisées, les acteurs nous donnent en effet à voir quelques purs moments de vérité, frontaux et spontanés, au cœur d’un ensemble volontiers grave et mélancolique. Un joli moment de cinéma, imparfait mais attachant, marquant la naissance de deux cinéastes à suivre.
Le DVD
[4,5/5]
Côté DVD, la photo essentiellement nocturne des Derniers parisiens est globalement bien rendue par le transfert aux petits oignons mitonné par Blaq Out : le film affiche des couleurs très chaudes aux contrastes poussés dans leurs derniers retranchements, et un niveau de détail solide, composant habilement avec les limites du support DVD. Niveau son, la version française est proposée dans un solide mixage Dolby Digital 5.1 : la spatialisation joue globalement la carte de l’ambiance et de l’efficacité, avec des basses vrombissantes sur les quelques scènes de « soirées ».
Côté interactivité, Blaq Out nous propose de découvrir le très intéressant court-métrage Ce chemin devant moi (2012, 17 min), signé Hamé Bourokba et mettant déjà en scène Reda Ketab et Slimane Dazi. Mais ce n’est pas tout puisque l’éditeur français nous propose également un entretien avec La Rumeur (Hamé Bourokba et Ekoué Labitey), durant lequel les deux cinéastes font part de leur volonté de « filmer Pigalle sans déranger la bête » et évoquent leurs souvenirs de jeunesse ayant fini par atterrir sur celluloïd avec Les derniers parisiens.