Les 7 bérets rouges + Écorchés vifs
Les liens qui unissent Les 7 bérets rouges (1969) et Ecorchés vifs (1978) ne se limitent pas uniquement à la présence, derrière la caméra, du réalisateur Mario Siciliano. Malgré un écart temporel de presque dix ans entre les deux films, il s’agit de deux œuvres fonctionnant réellement en binôme, d’une façon d’ailleurs tellement étroite que l’on se demande un peu pourquoi Artus Films n’a pas pris la décision de les sortir couplés, au sein d’un même coffret ou d’un bi-pack par exemple.
Comme le conseille fortement Curd Ridel dans les bonus des deux DVD édités par Artus, on préconisera plutôt au spectateur de commencer le visionnage de ce « diptyque » de façon chronologique, avec Les 7 bérets rouges (1969).
Les 7 bérets rouges
Italie, Allemagne : 1969
Titre original : Sette baschi rossi
Réalisation : Mario Siciliano
Scénario : Piero Regnoli, August Rieger
Acteurs : Ivan Rassimov, Sieghardt Rupp, Kirk Morris
Éditeur : Artus Films
Durée : 1h33
Genre : Guerre
Date de sortie cinéma : 1 février 1973
Date de sortie DVD : 3 novembre 2020
Au Congo, dans la région de Simba, des soldats sont sauvagement massacrés par des rebelles qui leur dérobent des documents précieux. Seul survivant, le capitaine Brandt rejoint le Quartier Général. Son colonel décide alors de former une troupe de 7 mercenaires, dont un Français, un Irlandais, un Africain et un Allemand, avec pour mission de récupérer les documents…
Les 7 bérets rouges s’inscrit clairement dans une sous-catégorie du film de guerre : celle du film de commando et/ou de mercenaires. Hérité du modèle des Douze salopards (Robert Aldrich, 1967), le film de mercenaires deviendrait très populaire dans toute l’Europe, offrant au spectateur des films spectaculaires, le plus souvent tournés vers l’action, et développant même parfois une pointe d’humour. Parmi les plus célèbres d’entre eux, on pourra citer Les chiens verts du désert (Umberto Lenzi, 1967), Le dernier train du Katanga (Jack Cardiff, 1968), Commandos (Armando Crispino, 1968), L’assaut des jeunes loups (Phil Karlson & Franco Cirino, 1970) ou encore De l’or pour les braves (Brian G. Hutton, 1970).
Les 7 bérets rouges s’impose d’ailleurs plutôt comme une réussite dans le genre. Le film est en effet doté d’une mise en scène solide, et d’une intrigue ramassée, s’articulant autour d’un petit noyau de personnages bien définis, ayant chacun ses qualités et ses défauts. Si elle ne révolutionne en rien le genre, l’évolution du commando dans une alternance de jungle et de désert est bien rythmée, les rebondissements sont nombreux, les décors variés et menaçants. Malgré un budget que l’on imagine relativement restreint, l’ensemble conserve un réalisme cru, facilitant l’immersion pour le spectateur. Au final, Les 7 bérets rouges s’avère un film aussi efficace que nerveux – un très solide représentant du film de mercenaires. Le film de Mario Siciliano est par ailleurs porté par la prestation d’une bande d’acteurs convaincants. Parmi eux, on notera la présence de l’excellent Ivan Rassimov, mais également de Kirk Morris, dans un rôle à « contre-emploi » dans le sens où il ne met pas du tout en avant son imposante musculature.
Écorchés vifs
Italie : 1978
Titre original : Scorticateli vivi
Réalisation : Mario Siciliano
Scénario : Amedeo Mellone, Mario Siciliano
Acteurs : Bryan Rostron, Mario Novelli, Giuseppe Castellano
Éditeur : Artus Films
Durée : 1h32
Genre : Guerre
Date de sortie DVD : 3 novembre 2020
Rudy, un petit voyou sans envergure, part pour l’Afrique retrouver son frère. Celui-ci exploite une mine de diamants qui l’aiderait bien à éponger ses dettes. Rudy débarque en pleine révolution, son frère étant à la tête d’un commando de blancs contre les noirs…
Mis en boite neuf ans plus tard, Ecorchés vifs n’a en revanche plus grand-chose du film de mercenaires à l’ancienne, mais verse au contraire dans le pur cinéma d’exploitation, se basant vaguement sur une intrigue de trafic de diamants en Afrique, mais qui s’avère surtout un prétexte à enchainer les scènes de viol et les plans gratuits sur des femmes à poil… Cette dimension érotique bien complaisante sera d’ailleurs en gros l’unique nouveauté du film, puisque pour le reste, Ecorchés vifs recycle probablement entre 45 minutes et une heure de plans… issus des 7 bérets rouges et réutilisés de façon plus ou moins habile.
Tous les plans des bérets rouges ne mettant pas en scène directement leurs personnages principaux sont ainsi réutilisés, mélangés et greffés à une autre histoire. Si Curd Ridel, qui intervient dans les bonus du film, considère le résultat bluffant, honnêtement, si l’on découvre Ecorchés vifs avant Les 7 bérets rouges, le film de 1978 apparaitra tout de même régulièrement extrêmement cheap, et posera de nombreux problèmes de continuité et de cohérence dans l’enchainement des décors et des rebondissements. Même sans savoir que les deux tiers du film sont en réalité tirés d’un autre film ou de stockshots, on se doute que quelque chose cloche au cœur du film. On notera néanmoins que les raccords de plans et de couleurs sont la plupart du temps assez soignés.
Du côté du casting, budget « récup et système D » oblige, pas de stars ou de « têtes d’affiche », mais on notera la présence de plusieurs tronches bien connues des amateurs de bis des années 70 : on pense par exemple à Mario Novelli, vu dans Deux croix pour un implacable, Milan calibre 9 ou encore 2072 les mercenaires du futur, ou encore à Giuseppe Castellano, dont le visage est assez connu des cinéphiles français puisqu’il a joué dans de nombreux films avec Tomas Milian édités par Neo Publishing : Brigade volante, La rançon de la peur, Bracelets de sang, Le clan des pourris…
Les DVDs
[4/5]
S’ils auraient sans doute mérité d’être proposés en bi-pack, Les 7 bérets rouges et Ecorchés vifs s’avèrent finalement disponibles chacun à l’unité, ce qui permettra au consommateur d’opter pour l’un ou pour l’autre en fonction de son attachement soit à un certain type de film de guerre à l’ancienne, soit au ciné d’exploitation le plus racoleur. Les DVD édités par Artus Films nous proposent donc de découvrir les deux films dans des masters très corrects, avec néanmoins une image plus précise et mieux restaurée dans le cas des 7 bérets rouges. Les films sont tous deux proposés dans leur format cinéma respecté, et si les masters varient quelque peu en termes de qualité, le tout est proposé par l’éditeur sans problème d’encodage ni bug technique. Les 7 bérets rouges et Ecorchés vifs intègrent donc la collection « Guerre » made in Artus Films (Nom de code : Oies sauvages, Deux salopards en enfer, Cinq pour l’enfer) et nous proposent un confort de visionnage étonnant pour des films aussi rares. Côté son, l’éditeur propose généralement ses films dans des mixages Dolby Digital 2.0 en VF et VOST, clairs, sans souffle, avec les sous-titres amovibles pour les fans purs et durs de VO. Les sous-titres ne posent pas de problème récurrent d’orthographe.
Dans la section suppléments, outre les traditionnelles galeries de photos, on trouvera dans les deux cas une présentation du film par Curd Ridel (36 minutes pour Les 7 bérets rouges, 22 minutes pour Ecorchés vifs), qui reviendra sur l’essentiel du casting, des multiples pseudonymes d’Ivan Rassimov aux activités hors-cinéma de certains rôles plus mineurs (« les mauvaises langues disent Pamela Tudor, mais en réalité, elle fait plein de trucs ! »), ainsi que sur la nature assez incroyable de film-patchwork de Ecorchés vifs.