Le Murmure du Diable
Russie, Kazakhstan : 2024
Titre original : Zaklyate – Shyopot vedm
Réalisation : Serik Beyseu
Scénario : Dmitri Zhigalov, Yuliana Zakrevskaya…
Acteurs : Arthur Beschastny, Maryana Spivak, Sofya Shidlovskaya
Éditeur : Condor Entertainment
Genre : Horreur
Durée : 1h31
Date de sortie DVD : 13 mars 2025
Lorsqu’un adolescent est retrouvé mort dans un manoir abandonné, Nick, détective, se rend sur place pour enquêter sur ce macabre incident. Alors qu’il progresse dans son enquête, la découverte d’une antique boite à musique où sont enregistrés de mystérieux murmures sème le trouble. Des murmures de ce phonogramme semble s’émaner une force diabolique terrifiante, attendant l’heure de sa vengeance…
Le film
[3/5]
Depuis quelques années, on peut régulièrement voir débarquer en France de grands films de divertissement, voir même quelques simili-blockbusters, en provenance de Russie. Dans le domaine de la comédie, du fantastique, de la science-fiction, du film de super-héros ou encore de l’horreur, il existe visiblement une vaste gamme de films populaires produits en Russie, mais bien peu d’entre-eux parviennent à trouver leur chemin jusqu’à l’Europe de l’Ouest. S’ils sont sans doute exploités dans les salles dans leur pays d’origine, en France, ils passent systématiquement par la case « Direct To Video », et le dernier DTV que nous propose ce mois-ci Condor Entertainment est un film d’horreur, une co-production entre la Russie et le Kazakhstan nommée Заклятье – Шёпот ведьм (ou Zaklyate – Shyopot vedm), que l’éditeur a choisi de renommer Le Murmure du Diable, quand bien même le titre original évoquait plutôt le murmure d’une sorcière.
Sorti dans les salles russes en juin 2024, Le Murmure du Diable s’est classé 10ème au Box-office lors de son premier week-end, et a engrangé presque 29 millions de roubles de recettes. Il faut dire que le film de Serik Beyseu a volontairement été conçu comme un film d’horreur « à l’américaine » : tout y est fait pour dissimuler son origine géographique, avec des décors contenant des mentions écrites en anglais, et des personnages appelés Nick, Ron, Kevin, Paul ou Julie plutôt qu’Alexei, Nikolai, Dmitri, Sergei ou Natalya. Cette propension à effacer la nature russe du film dénote clairement d’une volonté des producteurs de vendre le film à l’international, et le fait est que cela fonctionne puisque Le Murmure du Diable s’est exporté aux États-Unis ainsi qu’un peu partout en Europe.
Pour autant, le cinéma d’horreur russe reste dominé par la figure de la sorcière, soit à travers des variations autour de la fameuse Baba Yaga, figure incontournable du folklore slave, soit autour de la non moins célèbre Vij, l’entité démoniaque tirée du récit de Nicolas Gogol. Et à travers une poignée d’éléments de son intrigue, on peut affirmer que Le Murmure du Diable s’inscrit dans cette optique d’adaptation moderne de Vij. Bien sûr, une fois passée la séquence d’introduction du film, le scénario du film prend des directions tout à fait différentes de celles de l’œuvre de Gogol, pour se calquer sur des récits horrifiques plus contemporains. Le récit puise notamment assez nettement son inspiration dans le Conjuring Universe, le fameux univers « étendu » autour de la saga Conjuring initiée par James Wan en 2013.
Sur le plan formel, Le Murmure du Diable est plutôt soigné : la photo est extrêmement soignée, de même que le Production Design dans son ensemble. Le scénario n’est certes pas avare en clichés, mais l’ensemble se laisse gentiment regarder, à la croisée des chemins entre le récit de possession démoniaque et le film de sorcière. Les sacrifices et autres rituels sont au rendez-vous, de même que la forêt mystérieuse, les catacombes ou la vieille maison abandonnée aux couloirs labyrinthiques. Ajoutez à cela une poignée de jump-scares, quelque-chose de planqué dans le placard, quelque-chose de planqué sous le lit, et bien sûr le héros alcoolique hanté par son passé. Serik Beyseu et son équipe n’inventent ni ne révolutionnent aucunement le genre, mais le soin apporté à l’ensemble permet finalement au film d’atteindre le statut d’honnête petit divertissement du samedi soir, inoffensif et que vite oublié, mais suffisamment bien torché pour retenir l’attention du cinéphage amateur de curiosités fantastiques.
Le DVD
[4/5]
Le Murmure du Diable vient donc de sortir au format DVD chez Condor Entertainement. Niveau transfert, le DVD que nous propose l’éditeur est littéralement impeccable : format Scope 2.35 respecté, beau piqué, encodage sans problème… Les couleurs sont globalement très agréables, même si bien sûr, limites du support obligent, les aplats de couleur unie et les quelques séquences nocturnes ont par moments tendance à afficher un léger bruit vidéo. Mais d’une façon générale, les limites techniques du format semblent cela dit avoir été habilement contournées en ce qui concerne la définition et le piqué, qui nous réservent par moments de bien agréables surprises. Côté son, VF et VO nous sont proposées en Dolby Digital 5.1, dans des mixages bien spatialisés, indéniablement efficaces durant les séquences de flippe. Pas de bonus.