Le Jeune Messie
États-Unis : 2016
Titre original : The young messiah
Réalisation : Cyrus Nowrasteh
Scénario : Betsy Giffen Nowrasteh, Cyrus Nowrasteh
Acteurs : Adam Greaves-Neal, Vincent Walsh, Sara Lazzaro
Éditeur : SAJE Distribution
Durée : 1h47
Genre : Aventures
Date de sortie DVD : 19 mars 2020
Âgé de 7 ans, Jésus quitte l’Egypte avec ses parents où ils vivaient exilés, pour retourner à Nazareth. Hérode, qui a entendu parler de l’existence d’un prétendu Messie, envoie alors le centurion Severus pourchasser l’enfant…
Le film
[4/5]
Avant toute chose, une petite précision : à la découverte du Jeune Messie, une poignée de cinéphiles français se sont plaints sur les réseaux du manque de fidélité de ce biopic, qui transposait l’action de Rosario (Argentine) à Nazareth, et qui de plus n’abordait jamais le foot. A ces étourdis, on précisera ici que le film de Cyrus Nowrasteh ne s’intitule pas Le jeune Messi, et n’est de fait pas consacré aux jeunes années de Lionel Messi, sextuple Ballon d’or. Non, le titre exact est Le Jeune Messie : adapté d’un roman d’Anne Rice, il reviendra sur un court épisode de la vie du Messie, soit de Jésus Christ.
Si on connait parfaitement en France les romans d’Anne Rice consacrés à Lestat et à ses copains vampires (Entretien avec un vampire et ses nombreuses suites), on sait moins qu’une partie de son œuvre est consacrée à des livres à des thèmes religieux. Le Jeune Messie est donc une adaptation de Christ the Lord : Out of Egypt, un ouvrage datant de 2005 non traduit de notre côté de l’Atlantique. S’inspirant à la fois des Évangiles et des Évangiles apocryphes, Rice base l’essentiel de son récit sur les questions existentielles du jeune Jésus, tiraillé entre les notions de Bien et de Mal. Il est conscient de posséder un grand pouvoir, puisqu’il accomplit des « miracles », mais ne saisit pas les raisons pour lesquelles il s’attire les foudres de tous ceux qui l’entourent. Le fantastique fait également régulièrement irruption dans le récit par l’intermédiaire d’un « démon », qu’il est le seul à voir mais qui, par la suggestion, incite le peuple à le haïr.
Formellement assez superbe, avec un beau CinemaScope, une photo vraiment très belle et une mise en scène aussi ample que stylisée, Le Jeune Messie invitera le spectateur à réfléchir sur l’enfance de Jésus, très largement laissée de côté dans les Évangiles. A la fois immersif et divertissant, le film de Cyrus Nowrasteh parvient à imposer un rythme et une ambiance vraiment solides, préservant avec habileté l’objectif du roman d’origine, qui était de présenter Jésus comme le visage humain de Dieu, et dont l’humanité est paradoxalement à l’origine de nombreux tiraillements moraux, et de questions quant à l’origine et au sens de la vie. Plus étonnant encore, le film parvient à atteindre dans sa dernière bobine de véritables beaux moments d’émotion, notamment lorsque Severus, le centurion à la solde d’Hérode – et incarné par un Sean Bean absolument parfait – se retrouve face à ce petit garçon manifestement « spécial »… et à un véritable cas de conscience.
Porté par un véritable et étonnant « souffle » cinématographique, slalomant entre les références à des éléments connus des Évangiles et d’autres créés de toutes pièces (ce qui en fait un récit à la fois surprenant et familier), interprété par une poignée d’acteurs convaincants et n’hésitant pas non plus à verser dans les détails les plus scabreux – à travers par exemple les séquences mettant en scène les crucifiés sur le chemin de Nazareth – Le Jeune Messie parviendra probablement à convaincre tous les publics, qu’ils soient catholiques ou pas. Une véritable « vision » au service d’une histoire connue en somme !
Le DVD
[4/5]
Suite à son échec dans les salles américaines, Le Jeune Messie n’a pas connu les honneurs d’une sortie dans les salles obscures en France. Le film de Cyrus Nowrasteh débarque néanmoins aujourd’hui dans une édition DVD soignée, sous les couleurs de SAJE Distribution. Et force est de constater que cette galette numérique s’avère en tous points excellente : le film est proposé au format Scope respecté, et la définition est exemplaire, sans le moindre problème de compression ou autre petite pétouille technique qui viendrait nous gâcher le plaisir. Côté son, VF et VO sont naturellement proposées en Dolby Digital 5.1, et bénéficient toutes deux d’un mixage dynamique et très immersif, particulièrement remarquable durant les séquences de foule, au rendu acoustique particulièrement subtil. On notera également la présence de deux mixages stéréo en Dolby Digital 2.0, anecdotiques mais bénéficiant probablement d’un rendu sonore plus clair si vous n’utilisez pas de Home Cinema et visionnez le DVD le plus simplement du monde sur votre téléviseur.
Du côté des suppléments, on trouvera, outre les traditionnelles bandes-annonces éditeur, un intéressant making of d’une dizaine de minutes qui donnera la parole à différents membres de l’équipe, et notamment à Chris Columbus – réalisateur de Maman, j’ai raté l’avion – qui officie ici en tant que producteur, et reviendra sur le développement de longue haleine du projet.