Le Dernier piano
Liban : 2021
Titre original : Broken keys
Réalisation : Jimmy Keyrouz
Scénario : Jimmy Keyrouz
Acteurs : Tarek Yaacoub, Rola Baksmati, Mounir Maasri
Éditeur : Blaq Out
Durée : 1h46
Genre : Drame, romance
Date de sortie cinéma : 13 avril 2022
Date de sortie DVD : 23 août 2022
Karim, un pianiste de talent, a l’opportunité unique de passer une audition à Vienne. La guerre en Syrie et les restrictions imposées bouleversent ses projets et la survie devient un enjeu de tous les jours. Son piano constitue alors sa seule chance pour s’enfuir de cet enfer. Lorsque ce dernier est détruit par l’Etat Islamique, Karim n’a plus qu’une idée en tête, trouver les pièces pour réparer son instrument. Un long voyage commence pour retrouver sa liberté…
Le film
[3/5]
La musique, une balise d’espoir
Lorsqu’un blessé grave est amené dans le sous-sol d’un immeuble où sont réfugiés plusieurs habitants de Sekka, ville passée sous la coupe de l’État Islamique, un homme dit à Karim de jouer du piano : « La musique fait oublier la douleur ». Toutefois, comme il est indiqué dès le début du film, « en 2014, un groupe extrémiste a pris le contrôle de l’Irak et de la Syrie et a dicté une interprétation stricte de la charia islamique » et, parmi les interdictions liées à cette stricte interprétation, se trouvent en bonne place celles liées à la musique, que ce soit pour en écouter ou pour en jouer. Dans ces conditions, la vie de Karim, pianiste de talent, est non seulement profondément sombre, elle est également dangereuse : le piano que lui a légué sa mère et sur lequel on lui demande de jouer, bien qu’installé dans ce sous-sol d’immeuble, est parfaitement audible par les membres de l’État Islamique qui sillonnent la ville. En fait, Karim a décidé d’arrêter de combattre et il n’a qu’un rêve qui le hante : se retrouver à Vienne où il pourrait trouver une place de pianiste dans un orchestre de la ville. Certes, ce n’est pas de gaieté de cœur qu’il quitterait Abou Moussa, le vieux commerçant qui l’emploie et encore moins Ziad, le gamin dont le père a été enlevé par les barbus et qu’il a pris sous son aile. Mais son amour de la musique est tel qu’il est prêt à prendre tous les risques pour se rendre à Ramsa, dans une zone particulièrement dangereuse, afin d’y trouver les pièces qui lui permettraient de réparer son piano. En effet, ce piano qu’il comptait vendre afin de pouvoir payer le passage vers l’Europe, a été très endommagé lorsqu’un membre de l’État Islamique a tiré dessus avec une arme automatique.
Pour le cinéma, les guerres ont toujours été un vivier de sujets important et celle qui se déroule en Syrie depuis 2011 ne fait pas exception. Il y a toutefois plusieurs façons d’aborder un tel sujet et le résultat est tributaire des choix en la matière. C’est ainsi que, d’un extrême à l’autre, nous avons eu en 2017 le sobrement remarquable Une famille syrienne de Philippe Van Leeuw et, en 2018, l’affligeant Les filles du soleil de Eva Husson, un film baignant dans une épouvantable indécence mélodramatique. Eh bien, c’est entre ces deux films que se situe Le dernier piano, heureusement plus près de Une famille syrienne que de Les filles du soleil. En effet, si on regrette l’utilisation quelque peu abusive de la musique de l’oscarisé Gabriel Yared pour venir renforcer l’aspect dramatique ou l’aspect émouvant de certaines scènes qui n’ont vraiment pas besoin d’un tel renfort, si on ne peut s’empêcher de trouver Samar, la combattante (probablement kurde) que rencontre Karim lors de son périple à Ramsa, plus proche d’une « top-model » que de la représentation qu’on a d’une combattante, Le dernier piano ne se vautre jamais dans un pathos déplacé et grotesque. Et puis si ces choix permettent d’attirer un plus vaste public vers ce premier long métrage du réalisateur libanais Jimmy Keyrouz, film qui faisait partie de la Sélection officielle du Festival de Cannes 2020, pourquoi pas, après tout : comme le dit le réalisateur, les arts en général, et la musique en particulier, sont des causes pour lesquelles il vaut la peine de se battre. Autant le faire comprendre au maximum d’individus de par le monde !
Critique de notre chroniqueur Jean-Jacques Corrio. Découvrez-en l’intégralité en cliquant sur ce lien !
Le DVD
[4/5]
Le DVD du Dernier Piano édité par Blaq Out est à l’image du film : techniquement solide, et d’une redoutable efficacité : malgré la définition standard, la galette nous propose un beau piqué et une définition sans le moindre problème, les couleurs sont éclatantes et les noirs très profonds, même si on pourra repérer par moments quelques fourmillements, probablement dus à une granulation volontairement assez prononcée, et très finement préservé par un encodage de grande classe. Du côté des enceintes, la bande sonore – en VO – est mixée en Dolby Digital 5.1, essentiellement frontale dans les dialogues mais bien immersive du côté des ambiances, surtout lors des scènes les plus spectaculaires. Un mixage en Dolby Digital 2.0 est également disponible ; si vous n’êtes pas équipé de système de spatialisation Home Cinema, cela d’ailleurs probablement l’option acoustique la plus cohérente.
Côté suppléments, l’éditeur Blaq Out nous propose de nous plonger dans un très intéressant entretien avec le réalisateur Jimmy Keyrouz (13 minutes), qui donnera la possibilité au cinéaste d’établir rapidement sa « note d’intention ». On terminera enfin avec une courte featurette croisant rapidement les propos de Jimmy Keyrouz et du compositeur Gabriel Yared (2 minutes).