Test DVD : L’affaire Nevenka

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L’affaire Nevenka

Espagne : 2024
Titre original : Soy Nevenka
Réalisation : Icíar Bollaín
Scénario : Icíar Bollaín, Isa Campo
Interprètes : Mireia Oriol, Urko Olazabal, Ricardo Gómez
Éditeur : Epicentre Films
Durée : 1h53
Genre : Biopic, drame
Date de sortie cinéma : 6 novembre 2024
Date de sortie Blu-ray et DVD : 4 mars 2025

À la fin des années 90, Nevenka Fernández, est élue à 25 ans conseillère municipale auprès du maire de Ponferrada, le charismatique et populaire Ismael Alvarez. C’est le début d’une descente aux enfers pour Nevenka, manipulée et harcelée pendant des mois par le maire. Pour s’en sortir, elle décide de dénoncer ses agissements et lui intente un procès.

Inspiré de faits réels, L’AFFAIRE NEVENKA révèle le premier cas de #MeToo politique en Espagne.

 

Le film

[4.5/5]

Il y a de temps en temps des films qui vous font hésiter entre incompréhension et colère lorsque vous vous apercevez qu’ils n’ont pas rencontré les centaines de milliers de spectateurs qu’à votre avis, ils méritaient largement. C’est le cas de L’affaire Nevenka, un film d’une grande puissance de la réalisatrice espagnole Icíar Bollaín sorti en salles en novembre dernier.

Il y a actuellement beaucoup de films inspirés d’une histoire vraie, mais peu ont la force de ce nouveau film de la réalisatrice espagnole Icíar Bollaín. Cette histoire de harcèlement sexuel bien antérieure au mouvement #MeToo s’est déroulée à cheval sur la fin du 20ème siècle et le début du 21ème. Ponferrada est une ville d’un peu plus de 60 000 habitants située dans la province de León, au nord-ouest de l’Espagne. C’est le Parti Populaire, un parti libéral-conservateur, qui, à cette époque, est aux commandes de la ville et Ismael Alvarez, la cinquantaine, en est le maire, voire même, d’une certaine façon, le roi. Cet homme va tout faire pour que Nevenka Fernández, 25 ans, soit élue conseillère municipale et il va en faire son adjointe aux finances. Il va tout faire, aussi, pour que Nevenka devienne sa maîtresse et, dans un premier temps, il va y arriver. Toutefois, lorsque, très vite, elle décide d’arrêter cette liaison, il ne va avoir de cesse de lui pourrir la vie et de la harceler sexuellement et dans son travail. Cela va se terminer par un procès. Le film offre un tableau précis et documenté de l’omerta qui, très souvent, trop souvent, était de règle il y a 20 ans, lorsqu’une jeune femme subissait une relation toxique de la part d’un homme abusant de son pouvoir. C’est tout cela que nous raconte Icíar Bollaín avec la très grande maîtrise (cf. Même la pluie, Les repentis) qu’on lui connaît pour faire monter la tension. On aimerait croire que les choses ont complètement changé depuis l’émergence de #MeToo ! Ce film est d’autant plus une très grande réussite, importante pour la cause des femmes, qu’on y trouve une interprétation XXL, avec Urko Olazabal dans le rôle du maire, un homme dont tout le monde sait qu’il est un incorrigible coureur de jupons mais qui sait y faire pour mettre tout le monde ou presque dans sa poche, et, surtout, Mireia Oriol, absolument exceptionnelle dans le rôle de Nevenka. Petite remarque : le film n’a pas pu être tourné à Ponferrada, la réalisatrice n’ayant jamais reçu de réponse de la part de la municipalité en place, toujours proche de l’ancien maire, à sa demande de permission de tournage. C’est à Zamora, une ville située à 200 kilomètres de Ponferrada, que le tournage a eu lieu.

Le DVD

[4.5/5]

Quand on a rien à dire sur le volet « technique » d’un DVD, c’est bon signe ! Cela signifie, en particulier, que l’image est de très bonne qualité avec un bon piqué et une excellente restitution des couleurs. Eh bien, il n’y a rien à (re)dire concernant le volet technique de L’affaire Nevenka ! Le son est disponible en Dolby Digital 5.1 ou en Stéréo, avec le choix de sous-titres en français, de sous-titres en anglais ou d’une absence de sous-titres.

Un supplément de 16 minutes accompagne le film sur le DVD. Intitulé Je suis Nevenka, il s’agit d’un entretien très récent avec Icíar Bollaín. Après avoir brièvement évoqué sa carrière, commencée en 1985 et riche de 12 films, la réalisatrice précise qu’elle ne souhaitait pas faire du procès l’acmé de son film, d’autant plus que, pour elle, contrairement aux procès se déroulant aux Etats-Unis, les procès espagnols n’ont rien de spectaculaire. C’est donc sur le harcèlement subi par Nevenka, filmé comme un film d’horreur, et sur une conférence de presse que l’accent a été particulièrement mis. Très en colère contre les films qui esthétisent à outrance les scènes de violences sexuelles, elle a choisi l’option inverse, tout faire pour ne pas embellir ces scènes. Consciente de la difficulté à interpréter les personnages complexes et contradictoires que sont Nevenka et le maire, elle, à la fois fragile, vulnérable et forte, lui, cruel et froid mais également charmeur et séducteur, elle se félicite (à juste titre, ajouterons nous) du choix qu’elle a fait de Mireia Oriol et de Urko Olazabal. Et puis, tout comme nous, Icíar Bollaín s’interroge sur l’importance des progrès enregistrés depuis 20 ans face aux violences sexuelles subies par les femmes, en particulier grâce au mouvement #MeToo.

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