Test DVD : La (très) grande évasion

Le capitalisme est-il devenu incontrôlable ? De révélations en scandales successifs, l’évasion fiscale est devenue un marronnier médiatique et l’objet d’un concours de déclarations vertueuses pour les politiques. Alors que les multinationales et les plus riches ont de moins en moins de scrupules et de plus en plus de moyens à leur disposition pour échapper à l’impôt, pour nous, simple citoyen, les politiques d’austérité s’intensifient et les inégalités explosent. On voudrait nous faire croire que les mécanismes de l’évasion fiscale sont incompréhensibles et qu’elle est impossible à endiguer… Il ne nous reste alors que nos bulletins de vote, notre déclinant pouvoir d’achat et nos yeux pour pleurer. À moins que l’on puisse en rire malgré tout.

Le film

[4/5]

Chaque année, l’évasion fiscale prive le budget de l’état français d’une somme que les spécialistes estiment comprise entre 80 et 100 milliards d’euros. Et on ne parle là que de l’EVASION fiscale et pas de l’OPTIMISATION fiscale, c’est-à-dire de tout ce que la loi permet de faire en matière de fiscalité à toutes celles et à tous ceux qui ont les moyens de payer des fiscalistes pointus capables de trouver le moyen de baisser leur charge fiscale en restant dans les clous, le plus près possible de la frontière avec le délit. Entre 80 et 100 milliards d’euros, c’est plus que le budget de l’Education nationale, c’est entre 1/3 et 1/4 du budget de l’état. Ce manque à gagner pour l’Etat se traduit par 2 phénomènes : une partie est compensée par davantage d’argent prélevé chez les citoyens moins fortunés (impôt sur le revenu, charges sociales, TVA, …), une partie n’est pas compensée, ce qui se traduit par la dégradation que l’on constate dans tous des services publics  (hôpital, éducation, poste, culture, justice, etc., etc.).

Aux dernières nouvelles, le gouvernement français viendrait de découvrir que les grandes fortunes de notre pays contribuent moins que les autres, proportionnellement, aux dépenses nationales. En attendant une action de sa part, il est bon que les citoyens soient renseignés de façon précise (et passionnante !) sur ce phénomène de l’évasion fiscale qui touche l’ensemble de la planète. Le film de Yannick Kergoat est là pour remplir cette tâche. Pour prendre connaissance de la critique de ce film parue sur le site au moment de sa sortie en salle, il vous suffit de cliquer ici .

Le DVD

[4.5/5]

Plutôt que de se contenter d’un seul DVD, ce qui aurait limité le nombre de suppléments pouvant être accueillis, Wild Side Vidéo a opté pour un double DVD, un pour le film, l’autre comprenant 11 suppléments. Le DVD du film propose une image de très bonne qualité accompagné d’un son Dolby Digital 5.1 qui passe très bien sur n’importe quel équipement. On peut « visionner » le film avec une audio description ou ajouter si on le souhaite un sous-titrage pour sourds et malentendants.

Le deuxième DVD, d’une durée totale de plus de 2 heures, présente 11 interviews de personnalités ayant chacune une connaissance approfondie du phénomène de l’évasion fiscale et dont la plupart interviennent dans le film. La première de ces interviews, d’une durée de 23 minutes, est celle de l’économiste français Gabriel Zucman, par ailleurs enseignant à l’Université de Berkeley. Suivent les interviews de Margrethe Vestager, ancienne ministre danoise et commissaire européenne, présentée par la presse comme « La femme qui fait trembler Google » (8 mn) ; Margaret Hodge, députée travailliste depuis près de 30 ans et ancienne ministre britannique (9 mn) ;  Yves Bertossa, Premier procureur des affaires complexes du canton de Genève (5 mn) ; John Christensen, fondateur de l’association Tax Justice Network (21 mn) ; Alain Deneault, philosophe et enseignant canadien (14 mn) ; Eva Joly, ancienne juge d’instruction pour les affaires financières et ancienne députée européenne (16 mn) ; Daniel Bertossa, assistant secrétaire général de la fédération syndicale internationale des services publics (16 minutes) ; Eric Vernier, universitaire, chercheur et consultant international, expert de la fraude fiscale et des paradis fiscaux (8 mn) ; Vincent Drezet, ancien secrétaire national du Syndicat National Unifié des Impôts (SNUI) et membre du Conseil scientifique d’Attac (13 mn) ; Pascal Saint-Amans, ancien Directeur du Centre de politique et d’administration fiscales de l’OCDE (14 mn). Les interventions en langue étrangère sont bien sûr sous-titrées en français.