Particulièrement chagriné de ne pas être compris par son entourage professionnel lorsqu’il exprime son désir de grandir, d’être enfin pris au sérieux, d’avoir la possibilité de postuler à une véritable crédibilité artistique en se dirigeant vers un rôle de flic « dur à cuire », la star hollywoodienne Nick Lang décide de laisser tomber la promotion de son dernier film et de partir à New-York pour « se former » durant 2 semaines auprès d’un policier réputé pour son efficacité, l’inspecteur John Moss. Cette réunion a été organisée par le chef de John Moss, le capitaine Brix, dont l’épouse est fan de Nick Lang. Il n’est pas nécessaire d’être grand clerc pour deviner que John Moss ne voit pas du tout d’un bon œil le fait de devoir se coltiner ce boulet qu’on lui impose alors qu’il traque Party Crasher, un tueur en série qui ne cesse de le narguer et alors qu’il se montre d’une grande maladresse dans ses tentatives de séduire la ravissante Susan : « Je refuse de jouer le baby-sitter pour un pédé d’Hollywood », s’offusque-t-il ! Toutefois, que voulez vous, dans la police, il est difficile de ne pas obéir.
Que demande-t-on à un film comme La manière forte ? D’avoir du rythme, de présenter des séquences d’action et des poursuites en voiture, de donner sa ration de frissons aux spectateurs tout en jouant sur des scènes au potentiel comique et d’autres au caractère sentimental et, surtout, sur la manifeste incompatibilité entre les deux personnages principaux. Tout cela se résume en un mot : le film doit être divertissant ! La manière forte est-il un film divertissant ? Sans hésitation : oui.
Oui, parce que John Badham, à qui on doit, entre autres, La fièvre du samedi soir et WarGames, n’est certes pas un réalisateur réputé pour sa finesse mais qui, par contre, a toujours su faire preuve d’efficacité dans les différents genres cinématographiques qu’il a pratiqués.
Oui, parce que Rob Cohen, le réalisateur de la seconde équipe et, par ailleurs, producteur du film, est devenu plus tard un réalisateur de films d’action réputé.
Oui, parce que le duo constitué du flic mal embouché et pas toujours dans les clous de la légalité et de la star d’Hollywood capable de sortir « C’est si réaliste qu’on se dirait dans un film » dans le feu d’une action, ce duo fonctionne parfaitement : Michael J. Fox, l’interprète de Nick Lang, sort tout juste de la trilogie Retour vers le futur, et il est parfaitement crédible en comédien trentenaire à l’allure juvénile et qui souhaite se tourner vers des rôles d’homme ayant atteint l’âge de la maturité tout en étant très à l’aise en star ingénue s’apercevant petit à petit que la vraie vie n’est pas tout à fait ce que montrent les studios hollywoodiens ; James Woods, l’interprète de l’inspecteur John Moss, est un habitué des rôles de flic et il a su, ici, ajouter le côté second degré et comique indispensable pour ce film.
Oui, grâce au méchant, grâce à ce tueur du samedi soir, interprété par Stephen Lang. Mais là, attention, le côté divertissant se limite au public hexagonal intéressé par la politique. En effet, le tueur s’avère plutôt ridicule et il est loin d’être le point fort du film. Par contre, sous les traits de John Lang, il fait irrésistiblement penser à Laurent Wauquiez, et là, cela devient drôle !
Oui, parce que Annabella Sciorra, dans le rôle de Susan, vient parfaitement remplir le volet charme du film, avec, en plus, à ses côtés, interprétant Bonnie, sa fille, une très jeune Christina Ricci, dans un de ses premiers rôles.
Oui, parce que le film sait utiliser à bon escient l’auto-dérision et le second degré, avec des clins d’œil sympathiques à d’autres films et à d’autres stars, Mel Gibson, par exemple.
En résumé, La manière forte est donc film divertissant faisant partie de la grande famille des « buddy movies », ce genre faisant cohabiter deux personnages aux antipodes l’un de l’autre auquel appartiennent des films comme 48 heures et L’arme fatale, mais aussi, à leur façon, L’emmerdeur et Les compères.
Le DVD
[4/5]
Pour La manière forte, Rimini Éditions a fait cette fois ci le choix de sortir séparément le DVD et le Blu-ray. Le piqué de l’image en scope du DVD est bien plus qu’honorable et le rendu des couleurs DeLuxe d’origine est tout à fait correct. Comme on pouvait s’y attendre, le son Dolby stéréo 2.0 est disponible en français et en version originale sous-titrée.
Le DVD, comme le Blu-ray, propose 2 suppléments : le premier consiste en une nouvelle visite du film, sans les dialogues qui sont remplacés par les commentaires de John Badham, le réalisateur, de Rob Cohen, le producteur et réalisateur de la seconde équipe, et du réalisateur et historien du cinéma Daniel Kremer. Le second, d’une durée de 21 minutes, est intitulé « Une ode au Buddy Movie » et présente un jeu de rôle interne au sein de la Société La plume entre Stéphane Chevalier et Rania Griffete, le premier jouant le rôle du prof interrogeant la seconde sur l’histoire du Buddy Movie.