La Fille du patron
France : 2014
Titre original : –
Réalisateur : Olivier Loustau
Scénario : Olivier Loustau, Bérénice André, Agnès Caffin
Acteurs : Christa Théret, Olivier Loustau, Florence Thomassin
Éditeur : Wild Side Vidéo
Durée : 1h38
Genre : Comédie dramatique, romance
Date de sortie cinéma : 6 janvier 2016
Date de sortie DVD : 6 mai 2016
Le film
[3.5/5]
Une PME localisée dans la France profonde et qui se bat pour survivre face à la concurrence étrangère, dans le domaine du textile. A sa tête, un patron qui aime le rugby et qui est fier de voir le RC Tricot, l’équipe de son entreprise, se diriger vers la finale du championnat inter-entreprises, fier de voir son nom, Baretti, sur les maillots de ses joueurs. Cet homme a une fille, Alix, qui termine ses études en ergonomie, et cette fille, il l’introduit dans son usine pour mener une étude sur les conditions de travail du personnel. Avec une grosse erreur au départ : lui faire adopter le nom de sa mère et ne pas préciser qu’il s’agit de sa fille, « secret » qui sera vite découvert et qui, alors, ne pourra qu’instiller le doute quant à ses intentions. Comme « Cobaye » de son étude, c’est le chef d’équipe Vital qui est choisi : 40 ans, beaucoup d’expérience dans son métier, il est chef d’équipe à double titre : dans l’usine et dans l’équipe de rugby, dont il est le coach charismatique. Par contre, malgré la présence de leur fille, le beau fixe ne règne plus dans le couple qu’il forme avec Madeleine. Comme le dit crûment cette dernière : « On ne baise plus parce que j’ai besoin que tu sois gentil pour baiser et toi, de baiser pour être gentil » ! Malgré la différence d’âge et de statut social, l’arrivée d’Alix auprès de Vital ne va laisser ni l’un ni l’autre indifférent et la passion qui se met à les dévorer, très mal vue par le père d’Alix et par de nombreux membres du personnel de l’usine, ne va pas manquer d’avoir des répercussions aussi bien dans le fonctionnement de l’entreprise que dans celui de l’équipe de rugby.
Le début du film peut laisser croire qu’on est face à un (bon) téléfilm du terroir diffusé sur France 3. et puis, très vite, on s’aperçoit que La Fille du patron est bien plus que cela. En effet, des choix parfaitement assumés et une réalisation très bien maîtrisée pour un premier long métrage permettent de situer le film dans le haut du panier en matière de comédie sociale. Fils d’ouvrier, Olivier Loustau a choisi d’installer sa caméra dans une PME et il dresse un tableau très réaliste et sans aucun manichéisme de ce qui se passe dans une entreprise de ce type : les difficultés pour obtenir des commandes, celles pour respecter les délais, les rapports entre les ouvriers et la hiérarchie, etc.. La grande force du film, c’est qu’on arrive à être à la fois du côté des ouvriers lorsqu’ils se battent pour leurs droits et du côté du patron lorsqu’il affirme haut et fort, et on le croit, que, depuis des années, il se bat sans relâche pour maintenir les emplois dans son entreprise. Ancien rugbyman, Olivier Loustau a choisi ce sport pour réunir le personnel en dehors de l’usine. Un sport dans lequel l’individu a besoin des autres, un sport de mixité sociale dans lequel peuvent être réunis des cadres et des ouvriers, un sport dans lequel la 3ème mi-temps, même si elle manque de finesse, permet de créer des situations a priori improbables. Ce sport, avec l’aide de véritables joueurs de la région de Roanne, Olivier Loustau le film avec beaucoup de talent, alternant avec maestria plans serrés et plans larges. Dans ce double contexte usine / rugby, l’histoire d’amour entre Vital et Alix est presque anecdotique, même si cette histoire présente l’intérêt de faire fi des différences de milieu social et des 15 années qui séparent l’âge de Vital de celui d’Alix.
Acteur dans de nombreux films d’Abdellatif Kechiche, Olivier Loustau a su éviter le défaut principal des films de ce dernier : les scènes qui s’éternisent. Dans La Fille du patron, ce film co-produit par Julie Gayet et dans lequel la photographie est l’œuvre de Christel Fournier, Directrice de la photographie des films de Céline Sciamma, le montage est proche de la perfection. Pourtant, ce montage est dû à Camille Toubkis, qui a participé au montage de … La Vie d’Adèle, de Vénus Noire et de La Graine et le Mulet ! Dans la distribution de La Fille du patron, on note aux côtés de la forte présence d’Olivier Loustau (Vital) et de Christa Théret (Alix, à la fois fragile et pleine d’assurance), les excellents comédien(ne)s que sont Florence Thomassin (Madeleine), Patrick Descamps (Jacques Baretti) et Stéphane Rideau (un ouvrier, par ailleurs demi d’ouverture de l’équipe de rugby), ainsi que de nombreux non-professionnels.
Le DVD
[4/5]
Ce DVD édité par Wild Side Vidéo permet le choix entre DTS 3.0 et Dolby Digital 2.0. On peut accompagner le film d’une audio-description ; on peut aussi choisir (ou ne pas choisir !) un sous-titrage pour sourds et malentendants. Par ailleurs, au niveau de l’image, le transfert du film n’engendrera aucune plainte de la part des spectateurs, les couleurs et les lumières étant bien respectées. Les suppléments sont nombreux et, même si certains sont anecdotiques (galeries de photos, la plupart en noir et blanc ; clip sur la musique du film, composée par Fix ; liens internet ; crédits), d’autres, au nombre de trois, présentent un intérêt certain. Le premier comprend 5 scènes coupées dont on retiendra celle qui met en scène Sébastien Chabal, dont on ne fait que deviner la présence dans le film, et celle où les femmes des joueurs s’épanchent au sujet de ces fameuses 3ème mi-temps, symboles du rugby viril. Le deuxième est un court entretien avec le réalisateur. Court (5 minutes) mais riche : dans ses rapports avec ses comédiens, professionnels ou non professionnels, Olivier Loustau se voit plus comme un entraineur que comme un patron ; il a appris de Kechiche la richesse que peut apporter la mixité entre comédiens professionnels et non professionnels, les pros devant se mettre au diapason des non pros ; il nous parle de Roanne, où il a grandi et où il a tourné son film ; etc.. Reste le plus long supplément : Face à la mer, un court-métrage de 30 minutes, tourné à Sète en 2010, un film tout aussi social que La Fille du patron, cette fois-ci avec des marins qui reprennent la mer à la fin d’une grève qui n’a pas vu aboutir les revendications. On y retrouve 4 comédiens qui tiennent de petits rôles dans La Fille du patron : Moussa Maaskri, Vincent Martinez , Tonio Descanvelle et Pierre Berriau.
Test DVD : La Fille du patron: Des choix parfaitement assumés et une réalisation très bien maîtrisée pour un … https://t.co/QdS409G3e7