Test DVD : La Couleur pourpre

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La Couleur pourpre

États-Unis : 2023
Titre original : The Color Purple
Réalisation : Blitz Bazawule
Scénario : Marcus Gardley
Acteurs : Fantasia Barrino, Taraji P. Henson, Danielle Brooks
Éditeur : Warner Bros.
Genre : Drame, Comédie musicale
Durée : 2h15
Date de sortie cinéma : 24 janvier 2024
Date de sortie DVD : 29 mai 2024

Séparée de sa sœur Nettie et de ses enfants, Celie mène une vie difficile, subissant même les coups d’un mari violent. C’est grâce au soutien de la chanteuse Shug Avery, à la sensualité débordante, et à sa belle-fille Sofia, d’une volonté inébranlable, que Celie puise une force extraordinaire. Une solidarité féminine hors du commun dont les liens qu’elle tisse avec ses sœurs sont désormais indestructibles…

Le film

[3,5/5]

La Couleur pourpre est un roman d’Alice Walker, publié en 1982, qui se verrait adapté au cinéma par Steven Spielberg dès 1985, dans un film qui aura ému de nombreux spectateurs. Ce que l’on sait généralement un peu moins, c’est que quelques années plus tard, le roman d’Alice Walker avait été adapté pour Broadway, par Gary Griffin, sous la forme d’une comédie musicale. Aussi saugrenu que puisse apparaitre le projet à priori (le texte original, très sombre, traite de toutes sortes de violences), la comédie musicale avait fait un carton entre 2005 et 2008, et le succès fut tel qu’une reprise avait débuté fin 2015, toujours aussi acclamée par le public, et s’était poursuivie jusqu’au début de l’année 2017.

C’est donc cette version de La Couleur pourpre qui a fait l’objet d’une nouvelle adaptation en 2023 – une adaptation d’adaptation donc, produite par Oprah Winfrey, Steven Spielberg et Quincy Jones et mise en scène par Blitz Bazawule, également connu sous le nom Blitz the Ambassador, un cinéaste, auteur, artiste visuel, rappeur, auteur-compositeur-interprète et producteur de disques ghanéen. Le film met en scène de nombreuses personnalités de la scène afro-américaine, parmi lesquelles Taraji P. Henson, Danielle Brooks, Colman Domingo, Corey Hawkins, H.E.R., Halle Bailey, Phylicia Pearl Mpasi Fantasia Barrino et bien sûr, Whoopi Goldberg, actrice principale du film de 1985, qui propose une petite apparition en forme de clin d’œil.

Le fait de transformer ce récit de lutte, particulièrement âpre et bouleversant, en un point de départ incongru pour une série de chants et de danses, était un pari pour le moins risqué, mais le fait est que contre toute attente, La Couleur pourpre atteint son but. L’ampleur et l’ambition du sujet, mêlée à une intensité de tous les instants et à une émotion brute déployée sur une série de chansons très fortes, permet d’ailleurs presque d’offrir au public une œuvre de « vulgarisation », qui ne manquera probablement d’attirer l’attention d’un large public sur l’œuvre originale.

La Couleur pourpre couvre environ quarante ans de la vie de ses personnages, et commence avec Celie et Netti, adolescentes (Phylicia Pearl Mpasi et Halle Bailey), aux prises avec l’abjection masculine. Habile, le réalisateur Blitz Bazawule parvient à restituer l’essence du récit dans ce premier acte, confrontant le spectateur aux horreurs de la réalité du début du vingtième siècle, et nous faisant partager le cauchemar quotidien de Celie vis-à-vis de son père Alfonso (Deon Cole). La complicité entre Celie et Nettie est ce qui fait la force des deux jeunes femmes, mais ce lien sera mis à l’épreuve par d’autres formes de torture, et notamment par la présence d’un brutal fermier surnommé « Mister » (Colman Domingo).

En dépit de son atmosphère incroyablement sombre, La Couleur pourpre entrecoupe la terreur avec des numéros musicaux, les chansons étant principalement utilisées afin d’explorer la psyché et les émotions des différents protagonistes du drame. Les transitions vers des chorégraphies spectaculaires ne sont pas toujours bien gérées, mais l’ensemble fonctionne tout de même de façon satisfaisante. Au fur et à mesure que l’histoire avance, le spectateur verra Celie devenir une adulte (Fantasia Barrino) et, suite à la perte de Nettie, s’attacher à Shug (Taraji P. Henson), une chanteuse pour qui elle ressentira des sentiments forts. L’aspect homosexuel du récit, qui avait été gommé dans la version de Steven Spielberg, apporte à La Couleur pourpre une touche de passion – et de douleur – supplémentaire.

Le jeu des actrices est vivant, très intense, et permet à Blitz Bazawule de livrer au spectateur un puissant récit de résilience féminine. La masculinité est remise en question de façon nette et efficace tout au long du film, mais la narration est parfois un peu bancale : certains personnages secondaires auraient ainsi mérité d’être plus fouillés. Pour autant, il est impossible de nier la somme de talents qui s’expriment au cœur de La Couleur pourpre, la voix étonnante de Fantasia Barrino capturant toute l’intensité de la douleur de Celie. Danielle Brooks est également impeccable dans le rôle de Sofia, trouvant le moyen de jouer le côté « Bigger than Life » de son personnage tout en conservant sa profonde humanité.

Le DVD

[4/5]

C’est Warner Bros. qui nous propose aujourd’hui de retrouver La Couleur pourpre sur galette DVD, et l’éditeur a, comme à son habitude, plutôt soigné sa copie. Côté image, la définition est d’une belle précision, les couleurs affichent une belle pêche et le piqué s’avère tout à fait satisfaisant, malgré quelques légères baisses de régime, principalement dans la gestion des noirs, et de toutes façons liées à un encodage sur support DVD – globalement, l’éditeur, rodé au format depuis de nombreuses années, compose plutôt bien avec les avantages et les inconvénients de la définition standard. Niveau son, VF et VO nous sont proposées en Dolby Digital 5.1, et la spatialisation est littéralement explosive durant les scènes musicales. Ce dynamisme de tous les instants permet une immersion totale au cœur du film. Pas de suppléments.

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